Auteur : Gaston Bouthoul

(1896-1980) Sociologue français. Docteur en Droit et en Sciences économiques. Il est le promoteur et le fondateur d’une nouvelle discipline, qu’il appellera la « polémologie », c’est-à-dire l’étude scientifique du phénomène guerrier. Cette approche positive de la guerre devait, à ses yeux, fournir une alternative crédible au moralisme des mouvements pacifistes. C’est en ce sens et dans ce but, qu’il fonde avec Louise Weiss en 1946, l’Institut français de polémologie. Il pensait que cette connaissance permettrait de fonder un pacifisme « scientifique ». Professeur à l’École des hautes études sociales (EHES), auteur de nombreux ouvrages (notamment Cent millions de Morts – Huit mille traités de Paix – Les Guerres), ces thèses ont connu un regain d’intérêt avec l’apparition des nouvelles formes de conflictualité, à partir du début du XXIe siècle.

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N° 101 Mars 1953 - p. 308-316

Volume des guerres et progrès techniques - Gaston Bouthoul

Le problème de l’influence de l’armement sur les guerres préoccupe en ce moment nombre d’excellents esprits. Il y a quelques années a paru la traduction française de l’ouvrage de M. Fuller : L’Influence de l’Armement sur l’Histoire. On y exposait l’influence de l’armement sur la tactique et la stratégie et aussi sur les suprématies historiques, et jusqu’à présent toujours temporaires, que le développement de certaines armes conférait aux nations qui les avaient inventées les premières ou qui étaient le mieux pourvues en matières assurant leur fabrication. Citons aussi l’ouvrage de M. Nef. Lire la suite

N° 071 Juin 1950 - p. 649-661

Guerre et théologies - Gaston Bouthoul

La guerre fait partie intégrante de presque toutes les mythologies. Celles-ci, conçues à l’image des sociétés qui les ont imaginées, dépeignent les plus grands des dieux comme des guerriers triomphants. Elles nous relatent les guerres gigantesques que ces dieux ont eues à soutenir pour asseoir définitivement leur domination. Lire la suite

N° 040 Septembre 1947 - p. 291-305

Qu'est-ce que la guerre ? - Gaston Bouthoul

Il y a peu de phénomènes sociaux qui soient aussi répandus que la guerre. Alors que tant d’institutions ne sont comprises ou pratiquées que par certains peuples, il n’y en a pas qui ne connaissent la guerre. Les enfants la vivent d’instinct et l’imitent ou la recréent dans leurs jeux. Elle paraît tellement évidente à tous, des plus civilisés aux plus frustes, tellement mêlée à la vie des peuples et des individus, liée à leurs préoccupations, évoquée à chaque instant par leurs légendes et leur histoire, que l’on ne songe guère à la définir. Ce soin paraît superflu : ainsi Proud’hon écrit, au début de son ouvrage (1), qu’aucun lecteur n’a besoin qu’on lui dise ce qu’est physiquement ou empiriquement la guerre. « Tous, dit-il, en possèdent une idée quelconque : les uns pour en avoir été témoins, d’autres pour en avoir eu maintes relations, bon nombre pour l’avoir faite. » Lire la suite

N° 029 Octobre 1946 - p. 453-467

Guerres et population - Gaston Bouthoul

On a, de tout temps, attribué aux guerres un certain nombre de causes. Parmi celles-ci on a toujours fait une place importante aux causes démographiques. Ce sont surtout les Grecs qui ont le plus nettement exprimé cette thèse. La théorie de la guerre par surpeuplement est classique depuis Hérodote et Polybe. À plusieurs reprises, Thucydide indique que le chômage, d’une part, et la nécessité de ravitailler la trop dense population, de l’autre, imposèrent à l’État athénien la politique d’expansion à tout prix, qui devait aboutir aux désastreuses guerres du Péloponnèse. Il souligne des traits résultant de cette situation qui lui paraissent significatifs. C’est ainsi qu’à Athènes, la surabondance de main-d’œuvre était telle, au début de cette guerre, que les citoyens étaient heureux de trouver à s’engager comme rameurs sur les galères. À Rome, l’accroissement de la population transforme les plébéiens, petits propriétaires ruraux, en prolétaires, qui refluent vers les villes, y deviennent un élément de désordre, et appuient toujours de leurs votes les tendances belliqueuses, car ils voient dans la guerre le seul moyen d’améliorer leur situation. Ils attendent que les conquêtes leur apportent des concessions de terres, éternel espoir des anciens paysans ruinés. L’épisode des Grecques, puis la politique de Marius, sont particulièrement représentatifs de ce genre de situation. Lire la suite

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