Économiste des marchés pétroliers.
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La guerre en Ukraine a révélé cruellement les lacunes des industries de défense en Europe. L’UE a été directement touchée par la désindustrialisation et par le manque de consolidation d’entreprises trop dispersées face aux mastodontes américains. Il est urgent de procéder à un réarmement industriel capable de combler les lacunes capacitaires et de répondre aux besoins d’une vraie défense de l’Europe. Lire les premières lignes
La fragmentation du monde, accéléré par la guerre en Ukraine, se traduit aussi sur le plan économique, exacerbée par la volonté chinoise de remettre à plat les mécanismes internationaux actuels. Cette confrontation pose la question de son évolution avec le risque d’un conflit majeur, mais serait alors contre-productif. Lire les premières lignes
La disparition des Armées
- Julien Mathonniere - 8 pagesLa mondialisation a fait surgir de nouvelles menaces transnationales et globalisées, paradoxalement, la France comme d’autres pays semble se démilitariser. Entre le manque de moyens des Armées et l’absence de doctrine, beaucoup d’autres phénomènes remettent en cause la solidité des forces armées.
Parce que les médias confondent volontiers l’empathie pour les victimes avec la légitimité morale des guerres, les militaires — en particulier les Américains — souffrent d’une couverture souvent peu amène de leurs actions par les journalistes. À l’âge des médias de masse, ce culte de la « victimisation » (quel affreux mot !) peut avoir des répercussions tactiques voire stratégiques désastreuses. Le prurit d’infaillibilité morale qu’il exige façonne notre perception des guerres d’une manière idéologiquement biaisée. Il est aussi révélateur d’une défiance systématique des journalistes envers toute forme d’autorité, à plus forte raison lorsqu’elle porte un uniforme, et parfois en dépit de tout bon sens. L’information peut alors devenir l’enjeu central d’une bataille qui prend le dessus sur un affrontement armé pur et dur.
Alors que les Américains commencent à réaliser que le futur de la guerre qu’ils imaginaient ressemble chaque jour davantage aux guerres coloniales d’hier, en tout cas en Irak, les thèses culturalistes reprennent progressivement le dessus sur des conceptions purement clausewitziennes des conflits armés et de leur avatar, la technologie à tout crin. La « guerre réseau-centrée », qui devait abolir l’espace et tirer un trait sur nos armées de masse, a connu l’échec en Afghanistan et en Irak ; car s’il s’agit bien de s’appuyer sur des réseaux pour conduire nos guerres contre le terrorisme, ce ne sont sans doute pas ceux que les théoriciens de la « révolution des affaires militaires » envisageaient.
La condamnation quasi-unanime de la guerre en Irak semble s’être érigée en véritable consensus de part et d’autre de l’Atlantique. La mauvaise foi et l’hypocrisie de ses détracteurs laissent pantois. C’est à croire que personne n’a jamais soutenu cette intervention en premier lieu, ce qui rend de telles (im)postures intellectuelles d’autant plus suspectes. Car si les Américains ne sont pas exempts de critiques, ils ne sont pas pour autant condamnés à réitérer la douloureuse expérience vietnamienne. Rien ne ressemble moins au Viêt-nam que la guerre en Irak, à commencer par l’armée qui s’y trouve. Sa puissance, sa polyvalence et sa flexibilité sont indubitablement les clés d’un possible succès dans la démocratisation de l’Irak, n’en déplaise aux belliqueux pacifistes des camps démocrate et européen. Il est d’ailleurs peu probable que le leadership américain disparaisse entre le Tigre et l’Euphrate.
La professionnalisation des armées, qui devait se traduire par des forces de meilleure qualité, modernisées et entièrement projetables, s'est avérée jusqu'à présent des plus délétères. L'Armée de terre, numériquement la plus importante, est aussi la plus touchée. Englués dans leur rigidité doctrinale et leur confinement idéologique, ses responsables peinent à la mettre au diapason d'un environnement en pleine mutation. En recherchant l'excellence technologique pour suppléer la diminution d'effectifs, elle a progressivement paupérisé ceux qui la servent et s'est scindée en une armée à deux vitesses. Constamment lésée par les lois de finances successives, elle est accablée de missions dont la plupart sont en décalage complet avec ses priorités théoriques. La complexité croissante de ses interventions et des compétences exigées n'est pas sans soulever de nombreux dilemmes, dont celui d'un recrutement en voie d'épuisement.
Dernier avatar du complexe militaro-industriel, les sociétés militaires privées (SMP) sont la traduction, en économie libérale, des activités de mercenariat jusqu'alors honnies et cachées. L'incident de Falloujah en Irak, en attirant l'attention des médias, a brusquement dévoilé au grand public l'envers du décor de la défense américaine, et plus généralement, le degré d'immixtion du capitalisme moderne dans la façon américaine de faire la guerre. N'en déplaise à ses détracteurs, elle sera, à n'en pas douter, très prochainement la nôtre. Cette révolution est sans doute aussi considérable que celle que l'on a cru percevoir, à tort, lors de la première guerre du Golfe. En brouillant les pistes sur l'identité véritable des protagonistes de la guerre, elle dessert les stratégies d'influence internationale et pose par ailleurs de nouveaux problèmes.
De toutes les technologies émergentes, les biotechnologies se classent parmi les plus prometteuses et les plus fertiles en innovations scientifiques. En bouleversant fondamentalement notre compréhension des usines du vivant, elles mettent à notre portée des instruments de réponse aux défis qui se posent à nos sociétés en matière d'environnement, de santé et d'alimentation. Elles offrent aussi des possibilités de développement immenses dans les domaines de la détection, de l'électronique et de l'informatique, des nouveaux matériaux et des outils thérapeutiques. Les armées auraient tout intérêt à se pencher sur des technologies qui pourraient, dans un proche avenir, durablement altérer la physionomie du champ de bataille.
La guerre s’est inventé un nouveau genre à travers l’idéologie désormais dominante des droits de l’homme. Le concept de « guerre humanitaire », forgé par les grands États occidentaux, est un rejeton du recentrage éthique radical de la politique internationale. Cependant, il masque péniblement des politiques impériales souvent cacochymes et titubantes, gangrenées par un juridisme obsessionnel qui les éloigne non seulement de leur impartialité, mais également d’une efficacité réelle sur le terrain. Malgré toutes les manipulations médiatiques dont l’internationalisme humaniste s’est servi pour faire avancer sa cause, le bilan reste plutôt décevant et la bonne moralité vendue par la propagande cathodique, plutôt volatile.
Le mot « patriotisme », et plus généralement les valeurs qu'il implique, ont une odeur de naphtaline. Une discordance se fait jour entre une société assoiffée d'individualisme et de prospérité, et le modèle d'une pédagogie militaire autoritaire et comparativement austère. L'espoir inextinguible d'un progrès perpétuel a repoussé l'idée de mort et relégué les guerres au rang de spectacles médiatiques. Des jeunes continuent pourtant à préférer la discipline et les valeurs un peu compassées des armées, sans doute parce qu'à leurs yeux, elles sont encore chargées de sens. La professionnalisation porte l'espoir d'une dissidence efficace contre le règne de l'oubli et de l'ingratitude, et contre la tyrannie égoïste des collectivités démocratiques ; à condition que les armées modernisent, elles aussi, leur style de commandement.
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