Les drones en question (2010-2014)
Monsieur William - Le Vieil - p. 9-9
Les drones se multiplient au-dessus des théâtres d'opérations dans de multiples configurations d'observations et de surveillance qui envisagent désormais la délivrance des feux. Ils posent dès lors des problèmes moraux et légaux lorsqu'ils sont employés armés pour des opérations d'éliminations ciblées.
Pour dépasser les insuffisances constatées des avions supersoniques polyvalents et des drones, l'auteur, qui est un spécialiste des questions de stratégie aérienne, propose de développer un avion européen d'appui tactique, agile et endurant dont il esquisse les caractéristiques.
Cette réflexion engagée sur cette nouvelle capacité militaire aérienne met en évidence le rôle central qu'y jouent les experts à l'esprit pionnier qui la servent. Elle plaide pour leur reconnaissance comme acteurs décisifs et agiles des théâtres de crise.
Les capacités offertes par les relais vidéo des drones permettent de se plonger à distance au cœur de l'action de terrain, d'apprécier avec du recul les circonstances du combat. La tentation existe pour le responsable de l'opération de se substituer au chef tactique pour réguler le tempo de l'action. L'auteur rappelle la règle de subsidiarité qui passe par la délégation sereine.
Les systèmes à risque restent sous le contrôle d'hommes. Quels que soient le niveau de technicité et le niveau d'automatisation, aucune de ces applications ne peut produire une performance optimale et éviter les risques de catastrophe sans la présence d'une équipe d'hommes de proximité, chargés de conduire le système.
Pour tenir à distance l'ennemi, le progrès technique est essentiel. Mais l'utilisation de drones armés pas plus que la technicisation du combat ne peuvent s'y résumer. L'autonomisation des systèmes et la mise en réseau des acteurs constituent une révolution aux implications éthiques fortes en matière de responsabilité qui ne doit pas obérer les valeurs militaires.
Le drole Male, c'est smart ! - Christophe Fontaine - p. 45-47
L'auteur, expert de cet instrument nouveau de surveillance, expose l'intérêt qu'il y aurait à développer une approche globale du drone moyenne altitude, longue endurance, pour enrichir l'offre de surveillance accessible à tous les acteurs étatiques qui en ont aujourd'hui l'usage.
Le contexte de tension budgétaire invite à une action plus déterminée de mutualisation capacitaire, notamment s'agissant de drones. L'auteur recommande de faire du drone Male le vecteur de base principal, polyvalent de toutes les activités de surveillance non seulement aérienne mais plus généralement militaires, civiles et relevant de la puissance publique.
Pour l'auteur, expert en ce domaine, l'emploi du drone ne diffère de celui de l'avion de combat que par l'endurance en vol que permet le déport du pilote à terre. Il explique ainsi que les réticences à en faire un outil de combat comme les autres sont nulles et non avenues.
Dans ce plaidoyer pour refuser l'utilisation par les armées françaises de drones armés, on relie l'exposition aux risques du combat à l'éthique. Cela différencie les armées américaines dont l'approche de l'ennemi s'enracine dans la culture essentialiste américaine et les armées françaises dont le code du soldat exprime bien la nécessaire relation morale qui lie risque et honneur.
C'est d'une coopération étroite et ancienne entre l'Armée de terre et les industriels de référence que peut aujourd'hui bénéficier l'activité de drones de surveillance en France. Les expériences opérationnelles variées, la chaîne de déploiement réactive et le large tissu industriel développé augurent bien de l'avenir d'une composante militaire en plein développement sur les théâtres d'opérations aéroterrestres. Lire les premières lignes
Comment sélectionner, former, préparer les pilotes de drones armés ? Quelle organisation adopter pour intégrer ces combattants qui sont hors du lieu de l'action dans le théâtre de l'engagement ? Comment prendre en compte la révolution qui se profile du fait aérien militaire ? Des réponses sont esquissées.
L'achat du Reaper, une chance pour l'Europe - Bruno Mignot - p. 76-81
L'achat de drones américains comble une lacune identifiée mais ne doit pas masquer une conjoncture européenne très favorable à la définition, au développement et à la mise en œuvre d'un drone polyvalent d'observation de moyenne altitude et longue endurance, largement à la portée industrielle et opérationnelle des Européens.
Contrairement aux drones aériens, le développement des drones sous-marins est activement porté par la recherche civile. Malgré tout, ceux-ci sont déjà très utilisés dans des domaines de lutte spécifiques comme la chasse aux mines. En dehors de ces niches, leur potentiel d'emploi à partir des bâtiments de combat reste largement inexploré.
L'arrivée d'armes nouvelles dans les conflits s'est faite subrepticement et a contribué au brouillage et à l'égalisation des forces en présence. La dialectique qui accompagne ces nouveaux modes d'intervention pourrait conduire à un renversement stratégique qui en réserverait l'avantage militaire à quelques-uns qui s'y préparent.
Il s'agit ici à la fois d'une prospective scientifique et technique du drone armé dont le développement va tirer bénéfice des évolutions prévisibles de nombreuses technologies de pointe et d'une alerte sur l'importance de la maîtrise de son contrôle par l'homme et sur la nécessité d'entretenir des compétences-clés sur le sol national.
L'acceptabilité politique des drones - Adrien Schu - p. 96-100
Où l'on montre que l'avantage premier des drones est de nature politique et a trait à leur « acceptabilité politique ». L'absence d'opérateur à bord de l'appareil rend tolérable l'occurrence de frappes de drones sur certaines zones contestées. De fait, les drones peuvent être utilisés là où le recours à d'autres outils de l'arsenal militaire serait trop sensible politiquement.
L'Ouest est « à l'ouest » - L'Épine - p. 101-101
L'espace aérien européen encombré doit être partagé. Vols civils et militaires doivent y cohabiter en bonne intelligence et en toute sécurité. Le projet de « ciel unique européen » qui se développe par étapes depuis les années 1990 est le moteur d'une coopération civilo-militaire qui commence à porter ses fruits.
Dans le cadre du débat sur l'emploi des drones, l'auteur délivre une dissertation de haute tenue sur la valeur courage comme première vertu martiale. Il étend sa réflexion en actualisant les conditions de l'engagement militaire moderne.
Drones et Ciel unique européen - Patrice Mariotte, Bruno Grossières - p. 113-116
Comment intégrer les drones civils et militaires dans le Ciel unique européen ? Cette question est à la fois procédurale, de sécurité aérienne et d'efficacité militaire. L'auteur lui apporte des réponses précises, en termes de projets, de procédures, de techniques et de perspectives.
L'auteur qui est un expert propose une généalogie détaillée des drones de combat, expose sa double filiation technologique, missilière et aéronautique, et présente dans le détail les différentes familles de drones armés qui en découlent.
L'auteur s'interroge sur les enjeux éthiques de l'autonomie accrue des systèmes d'armes, en prenant l'exemple du drone armé qui se développe sous l'effet de trois avancées technologiques : la numérisation, la capacité de calcul et, dans une moindre mesure, « l'actuation ou passage à l'acte létal » sous faible poids et faible puissance, qui permet désormais de transformer le potentiel numérique en réalité physique de combat. Lire les premières lignes
Bibliographie
Ce très beau livre anniversaire dresse le bilan de vingt années d’engagements opérationnels de la Brigade de renseignement (la BR), depuis sa création. L’auteur, Paul Villatoux est docteur en histoire. Son travail compte parmi les plus rigoureux de l’historiographie militaire française. L’appui du général Frédéric Hingray, commandant de la brigade, a été déterminant pour cette réalisation qui nous faire découvrir une unité des plus discrète de l’Armée de terre à travers l’ensemble des métiers du renseignement d’intérêt militaire, sa doctrine, ses armes, ses matériels. Lire la suite
Ce livre, sorti en juin 2013, a une place à part dans l’édition de défense. Il fait découvrir une unité des forces françaises des plus originales : le 61e Régiment d’artillerie, le seul régiment de drones de l’Armée de terre. On apprendra que le 61e RA est l’héritier d’une histoire de plus d’un siècle : 1914-1918 (des combats qui lui valent la fourragère rouge de la Légion d’honneur), 1940, l’Algérie puis, les Balkans et tout récemment l’Afghanistan. Sa réputation au combat lui vaut son surnom de « diable noir », que lui donnent ses adversaires du moment, l’armée allemande. Son histoire est aussi celle des équipements militaires les plus modernes, le canon de 75 mm, puis les drones à partir de 1999. Le 61e RA résume à lui seul l’histoire des drones de l’Armée de terre : les drones rapides CL89, puis CL289, le drone de surveillance Crécerelle, puis le drone tactique SDTI Sperwer. Lire la suite
L’auteur est parvenu à surmonter la profusion des typologies de drones, l’abondance des matériels, pour nous donner un livre détaillé, bien illustré, sans jamais ennuyer. La dimension historique, années 1920, 1930 et 1940, fait l’objet d’un chapitre structuré. Avec Les drones aériens, nous avons en main l’un des meilleurs manuels sur les drones de l’édition professionnelle française. Des illustrations inédites et des rubriques originales viennent égayer la lecture. Surtout, l’auteur, capitaine de l’Alat, revient en détail sur les points critiques de ce nouveau secteur de l’équipement de défense : les liaisons de données, les charges utiles, l’intégration dans les systèmes de commandement, les concepts de guerre en réseau ou encore la problématique d’emploi des drones civils. On s’arrêtera sur le projet Eole de l’Onéra (un drone hybride porteur d’un lanceur balistique de satellites), les recherches sur les nano-drones et les efforts des industriels français pour prendre des positions sur ce secteur d’avenir. Lire la suite
Pierre Pascallon est passionné par les drones. Il milite depuis de nombreuses années pour le développement d’un savoir-faire national solide dans ce secteur qu’il sait être un secteur d’avenir. Aujourd’hui, cet ancien député est président du club Participation et Progrès. Il a également été maire de la ville d’Issoire en région Auvergne. Le 3 décembre 2012 (avant le Mali donc), il avait organisé un colloque très dense sur les drones en France. Ce livre collectif est la restitution de cette journée de réflexion et de communication. L’ouvrage doit s’apprécier comme un dossier d’information, une source au plus près de tous les acteurs du paysage drones français. Le fond prime donc sur la forme, puisque les articles rédigés côtoient le schématique d’exposés powerpoint. La typologie militaire française comprend aujourd’hui quatre produits distincts : les drones portables du soldat, le drone tactique d’appui des forces terrestres, le drone MALE à grande capacité des forces aériennes, et pour le futur le drone de combat (les UCAV à l’image du Neuron de Dassault). La question est donc de savoir quelle part prendra alors l’industrie nationale du secteur défense à ce nouveau segment. L’État parviendra-t-il à maintenir son effort sur la durée, comme il a pu le démontrer autrefois sur les engins balistiques, la dissuasion, le renseignement et la numérisation des forces. Le retour d’expériences de l’Afghanistan, de la Libye (avant le Mali) est donc au cœur de ce document, avec des éléments nouveaux sur l’emploi des drones Harfang et SDTI Sperwer. Passionné par le sujet, Pierre Pascallon a également rassemblé la vision des différentes armées, les travaux prospectifs de l’Onéra avec des engins hypersoniques ou encore les détails du démonstrateur Neuron aux débuts prometteurs. Au final, un outil bien utile pour mieux saisir l’étendue des réalités des savoir-faire de la France en matière de drones. ♦
On doit ce travail exhaustif à un capitaine de l’Armée de l’air. Histoire des drones couvre un siècle d’aventures technologiques et militaires, un panorama qui débute au début du XXe siècle. S’appuyant sur des faits précis, l’auteur revient sur les missions militaires confiées aux drones, pour le renseignement ou les missions offensives. On apprendra aussi que l’Armée de terre française a bien été à l’origine des unités de drones des armées. Sans éluder les questions industrielles, ce livre aborde également de front les défis qui se posent au développement des systèmes de drones dans le monde civil ou les armées. Israël, les États-Unis et la France font l’objet de chapitres spécifiques. Bref, les drones occupent le devant de la réflexion capacitaire des états-majors, du renseignement aux missions offensives. Alimentant cette préoccupation, le récit de leur rôle dans les opérations est largement détaillé. Juste une remarque à l’endroit de l’éditeur, un cahier photos présentant les principaux systèmes aurait été le bienvenu: les drones ont une identité bien affirmée, contribuant ainsi à leur force d’évocation psychologique. L’auteur, Océane Zubeldia est docteur de l’université Paris IV Sorbonne. À la publication de ce travail, elle occupe alors un poste au CESA, le Centre d’études stratégiques aérospatiales à l’École militaire. ♦