Mai-juin 1940
Introduction - Jean Dufourcq - p. 5-6
Nous sommes tous des héritiers de mai-juin 40, consciemment ou non, car cet épisode sombre marque désormais au fer rouge notre histoire nationale. Lire la suite
Relire mai-juin 1940 - Pierre-Dominique Ornano (d') - p. 7-22
Le 70e anniversaire de la campagne de 1940 a été accompagné d’une production littéraire importante qui s’ajoute à la masse des ouvrages déjà parus. Les éditions actuelles donnent des éclairages divers et parfois contradictoires. Ils sont cependant débarrassés pour l’essentiel, sauf exceptions remarquables, de l’a priori idéologique, des pieux mensonges autant que des dénis de réalité. Il est donc possible, à leur lecture, de s’approcher d’une vérité que, dès la fin de la guerre, les plus honnêtes et les plus lucides décrivaient déjà avec une certaine précision. Lire les premières lignes
1940, le roman de la France - Jean-Philippe Immarigeon - p. 23-26
L’inévitable défaite… Voilà comment on a raconté une fois encore la Bataille de France. Il semble donc établi que tout était inéluctablement écrit pour aboutir à la catastrophe de Sedan puis à la capitulation de Rethondes, qu’aucune autre hypothèse n’était envisageable ; rien qui remette en cause une supposée déchéance française, comme s’il s’agissait d’empêcher toute cicatrisation, toute résilience comme on dit aujourd’hui, et laisser à tout prix la plaie ouverte aux fins d’instruire le procès d’une France décadente et irresponsable. Cette accumulation d’évidences trompeuses a fourni la trame de l’ouvrage de l’académicien Max Gallo, grand intervenant médiatique de ce 70e anniversaire aux côtés de Claude Quétel qui s’est chargé pour sa part d’expliquer, sans faux-semblant, que le discours de Vichy sur les causes de la défaite restait le seul possible. Fut balayé ce que les historiens étrangers nous répètent depuis vingt ans : à savoir que, contrairement à ces idées reçues depuis l’acte d’accusation de Riom, la France s’était préparée à cette guerre et était mieux armée que l’Allemagne. 2010 aura été une régression, et Pétain a une seconde fois gagné la défaite de 1940. Lire les premières lignes
Le surgissement, en 1992, des papiers du général Doumenc, le troisième personnage de l’armée française en 1940 et l’élément le plus dynamique des états-majors de Gamelin, Georges et Weygand, a modifié en profondeur notre approche du désastre. À la vision répandue d’un pays décadent, il convenait de substituer, et à la vision gaullienne (une défaite purement militaire, due au passéisme des généraux) d’ajouter, la prise de conscience d’un coup allemand excellent et peu résistible. Comme le dit Doumenc dans un texte intitulé « Pièce écrite au moment de l’armistice » : « (…) nos adversaires, qui avaient pour eux tous les avantages de l’offensive, on su en tirer grand parti. Leur manœuvre fondée sur la réussite d’une attaque centrale qu’ont menée de bout en bout leurs corps cuirassés et motorisés, a bénéficié d’une rapidité et d’une perfection d’exécution dont il faut reconnaître tout le mérite ». Lire les premières lignes
Ces dernières années, notre connaissance des tragiques événements du printemps 1940 s’est considérablement enrichi. À cet égard, les travaux menés depuis maintenant plus de trente ans par des historiens anglo-saxons ou français ont grandement fait progresser la compréhension que nous pouvons avoir de la complexité du drame alors vécu par notre pays. Pourtant, ces nombreux, souvent imposants et parfois excellents travaux, qui ont si bien et si heureusement renouvelé l’historiographie de cet épisode, mettent surtout l’accent sur sa partie « française » (ou, au mieux, franco-britannique). Et l’on peut ajouter qu’ils ne portent généralement que sur ses aspects stratégiques, diplomatiques et politiques, au détriment de ses aspects purement militaires. Or, il est au moins aussi intéressant de revisiter tout autant l’action de la partie « allemande » de cette campagne, y compris dans ses aspects opérationnels et tactiques, et de remettre en cause la doxa acceptée par tous depuis soixante-dix ans : celle d’une excellence sans faille et d’une supériorité absolue de la Wehrmacht. Lire les premières lignes
Lire ce livre, c’est exorciser un passé lourd, celui d’un désastre militaire, celui de mai-juin 1940, une débâcle installée dans le patrimoine militaire français comme une tache indélébile. Cet épisode militaire calamiteux de mai-juin 1940 marque toujours l’inconscient collectif français au point de lui faire redouter aujourd’hui encore une surprise stratégique. Pour s’en prémunir, on établissait dans les années 60 une combinaison à base d’arme nucléaire et de construction européenne. Mais aujourd’hui on trouve toujours cette crainte en arrière-plan de cette nouvelle exigence stratégique de connaissance et d’anticipation clairement indiquée dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008. Lire la suite