Le Général Forget dans la RDN (1983-2003)
« Le général de corps aérien Michel Forget (1927-2020) restera l’une des grandes figures de l’Armée de l’air française, tant par l’éclat de sa carrière que par la richesse de sa contribution au débat stratégique.
Préface - Philippe Lavigne - p. 5-6
Le général de corps aérien Michel Forget restera l’une des grandes figures de l’Armée de l’air française, tant par l’éclat de sa carrière que par la richesse de sa contribution au débat stratégique. Lire la suite
Ce numéro des Cahiers de la Revue Défense Nationale regroupe onze articles du général de corps aérien Michel Forget (1927-2020) publiés par la RDN de 1983 à 2003. Engagé dans une carrière opérationnelle de pilote de chasse, le général Forget a eu peu de temps pour écrire durant son service actif. C’est à partir de 1983, lors de son admission au bénéfice du congé du personnel navigant puis en deuxième section, qu’il se consacre aux études de défense. Lire la suite
Biographie du général Forget (1927-2020) - - p. 13-14
Michel Forget est né le 5 mai 1927 à L’Île-Bouchard (Indre-et-Loire). Il intègre l’École de l’air le 28 octobre 1946, comme élève-officier du corps des officiers de l’air (promotion Antoine de Saint-Exupéry). Lire la suite
Notre politique de défense, basée sur la dissuasion, est dans notre pays largement approuvée. Le rôle essentiel de nos forces nucléaires stratégiques y est clairement établi. Si des divergences apparaissent sur l’évolution de ces forces, elles portent sur des questions à caractère technique et financier, sans que la finalité même des systèmes d’armes et la nécessité de maintenir leur seuil de crédibilité soient remises en cause. Quant à la mise en œuvre de la Force nucléaire stratégique (FNS), elle est assurée au sein d’une organisation remarquablement stable, celle des forces aériennes stratégiques et de la force océanique stratégique. Lire la suite
C’est au cours de la Grande Guerre que, pour la première fois dans l’histoire, la lutte s’étendit à la troisième dimension. S’il s’agit là d’un événement bien connu, la rapidité et l’ampleur du développement de l’aviation militaire pendant ces quatre années de conflit ne manquent cependant pas d’étonner. Ainsi en France avons-nous construit, entre 1914 et 1918, plus de cinquante mille avions et presque le double de moteurs. Nous avons été les fournisseurs de plusieurs pays alliés, dont les États-Unis. En quatre ans, le nombre de nos avions militaires en ligne passait d’un peu plus d’une centaine à près de 3 500 au moment de l’armistice. Pendant la même période, et surtout à partir de 1916, le concept d’emploi de la nouvelle arme se précisait. Dès la bataille de Verdun, l’importance de la lutte pour la supériorité aérienne s’affirmait, lutte marquée par ces combats entre chasseurs où s’illustrèrent les plus grands noms de l’aviation militaire. En 1917, l’emploi de l’arme aérienne s’étendait au domaine tactique, en appui direct et indirect des troupes terrestres. Aucune grande offensive ne devait plus être lancée sans une participation, déjà massive, de l’aviation. Ainsi, l’attaque du corps américain contre le saillant de Saint-Mihiel, en septembre 1918, fut-elle appuyée par une masse de près de mille cinq cents avions, dont environ sept cents chasseurs, quatre cents bombardiers et plus de trois cents avions d’observation. Lire la suite
Le salon du Bourget. Une occasion de parler technique, performances, et de mesurer sans doute aussi la vigueur de notre industrie aéronautique, importante pour notre économie, importante pour notre défense ; car il y a couplage étroit entre cette industrie et notre propre aviation militaire. Mais par-delà la seule technique et les seules performances, c’est le moment d’évoquer aussi la situation de nos forces aériennes face aux contraintes de leur éventuel engagement. Il faut alors parler de qualité des matériels certes, mais également de nombre et de tactique. Lire la suite
Vaincre… les illusions (octobre 1985) - Michel Forget - p. 40-50
Au moment où le débat stratégique tend de plus en plus à occuper la place publique, il faut se souvenir qu’il y a une quinzaine d’années, les problèmes de défense n’étaient pas, en France, au premier plan des préoccupations. Certes, à l’époque – fin des années 1960 –, le pouvoir poursuivait l’effort que l’on sait pour affirmer notre politique de dissuasion, pour réaliser les systèmes d’armes adaptés et donner à nos armées de nouvelles structures. Mais l’opinion publique ne portait à ces affaires qu’un intérêt en général limité. L’heure était en effet à l’expansion et à la croissance de l’économie, tandis que, dans l’euphorie de la coexistence pacifique et de sa fausse interprétation – la détente – la notion même de menace militaire tendait à s’estomper, entraînant dans son déclin, malgré les efforts des uns et des autres, celui de l’esprit de défense. À l’époque, bien des militaires, lorsqu’ils évoquaient déjà la modernisation et le développement considérables des forces du Pacte de Varsovie, constataient avec surprise et amertume que leurs propos étaient parfois accueillis avec scepticisme, voire avec indifférence. Pour certains de leurs interlocuteurs, ces affaires n’étaient pas d’actualité. Pour d’autres, la dissuasion nucléaire était la garantie absolue, vérité admise sans réflexion sérieuse sur la détermination, le courage et l’ampleur des moyens nécessaires à la crédibilité du concept. Lire la suite
Le vent du large (juin 1986) - Michel Forget - p. 51-60
Du fait de sa position géographique, notre pays est à la fois une puissance continentale et une puissance tournée vers le large. Un tel constat explique que, très tôt, la France soit devenue une puissance maritime, qu’elle ait pris possession de terres lointaines, dont les unes sont restées françaises, dont d’autres, un moment colonies, ont acquis leur indépendance tout en maintenant avec notre pays des relations privilégiées. Mais le double aspect de cette situation a pesé sur notre histoire et en explique certains aléas, tant il a été difficile de maintenir un équilibre satisfaisant entre les contraintes de notre défense en Europe et celles de nos problèmes d’outre-mer, entre les contraintes de notre stratégie continentale et celles de notre stratégie du « large ». L’équilibre a été rarement atteint. Le problème se pose encore aujourd’hui, mais de façon plus pressante. Lire la suite
Les événements se précipitent. À Reykjavik, en décembre dernier, les Européens se sont rendus compte qu’ils pouvaient faire les frais de négociations dont ils seraient absents. Beaucoup pensaient alors qu’ils disposeraient de délais pour réagir avant que les discussions ne reprennent au niveau des deux Grands. Or, à peine était-il rentré d’Islande que M. Gorbatchev faisait, le 28 février dernier, de nouvelles et spectaculaires propositions sur le retrait d’Europe des forces nucléaires intermédiaires. Quatre jours plus tard, les États-Unis répondaient en présentant un plan qui allait dans le même sens. L’Europe se trouvait brusquement propulsée sur l’avant-scène des négociations, où elle apparaissait beaucoup plus comme enjeu que comme acteur, pour une pièce dont personne ne peut aujourd’hui discerner le véritable dénouement. Lire la suite
Août 1945, Hiroshima, une ville rasée, 80 000 victimes. Ce sinistre bilan n’était pas exceptionnel en soi. Quelques mois auparavant, Dresde et Tokyo avaient connu une catastrophe de même ampleur ; mais les conditions avaient été différentes. Les deux villes avaient subi chacune l’assaut de plusieurs centaines d’appareils, un assaut qui avait duré des heures, offrant ainsi au moins à quelques habitants une chance d’échapper au désastre et aux organismes de secours une possibilité, faible mais réelle, d’intervenir. À Hiroshima, tout s’est produit en une fraction de seconde, par l’explosion d’une bombe larguée d’un seul avion, ne laissant aux rares survivants qu’une possibilité, celle de constater l’anéantissement de leur cité. L’instantanéité et l’ampleur du désastre couplées avec le faible volume des moyens mis en œuvre expliquent que l’arme nouvelle, l’arme atomique, soit devenue d’emblée synonyme de terreur. Il n’est pas possible d’aborder la question de l’arme nucléaire sans remettre en mémoire les images de cet événement d’août 1945. Lire la suite
« La dissuasion nucléaire reste l’un des fondements de la défense du pays ». Ce propos, extrait de la préface du Livre blanc de 1994, se retrouve, deux ans plus tard, dans le rapport annexe au projet de loi relatif à la programmation militaire : « La dissuasion reste l’élément fondamental de la stratégie de défense de la France. Elle demeure la garantie contre toute menace sur nos intérêts vitaux, quelles qu’en soient l’origine et la forme ». Ainsi la continuité est-elle encore la marque de notre stratégie nucléaire. Pourtant, les choses ont changé après les bouleversements de la fin des années 1980, qu’il s’agisse du contexte géostratégique avec ses conséquences politiques ou bien des conditions dans lesquelles la dissuasion doit être conduite. Une réflexion s’impose sur ces deux aspects du problème, un problème difficile, complexe, important. Lire la suite
La professionnalisation des armées décidée en 1996 et la réduction draconienne du volume de nos forces qui en a été la conséquence n’ont pas modifié pour autant les grandes lignes de la politique de défense de notre pays, telles que celles-ci ont été tracées dans le Livre blanc de 1994. Celui-ci reste en quelque sorte la bible pour ceux qui sont chargés de notre défense, au niveau politique comme au niveau militaire, tout au moins pour ce qui concerne les parties consacrées à l’analyse du contexte, à la définition des stratégies et aux capacités prioritaires requises pour nos armées. Lire la suite
À propos du Kosovo (décembre 1999) - Michel Forget - p. 89-95
Le 20 juin dernier, la fin de l’opération « Force alliée » était officiellement proclamée. Depuis, les bons points ont été fort justement distribués et les motifs de satisfaction largement commentés. Le Kosovo n’en reste pas moins aujourd’hui au premier plan de nos préoccupations. La difficulté des tâches confiées tant à la Kfor qu’aux autorités civiles chargées de rétablir un minimum d’administration se révèle dans toute son ampleur. La tournure prise ainsi par les événements mérite commentaires. Lire la suite
Essayer de tirer des enseignements de la guerre au lendemain même de la chute de Bagdad est sans doute une entreprise risquée, par manque de recul sur l’événement. Cependant, le schéma des opérations apparaît désormais clairement. Il permet d’ores et déjà de mettre en évidence les caractéristiques essentielles de cette guerre, ses mystères et les surprises qu’elle nous a réservées. Lire la suite