(1875-1948) Homme de lettres et journaliste français. Agrégé de l'université. Ancien élève de l'École normale supérieure, ancien membre de l'École française de Rome, Croix de guerre 1914-1918.
Il était peut-être temps, au mois de juin 1948, d’élaborer et de soumettre à l’examen des gouvernements intéressés quelques propositions concrètes touchant le statut de l’Allemagne. Le peuple allemand lui-même pouvait se plaindre d’être depuis trop longtemps victime du désaccord et de l’indécision de ses vainqueurs. Pour une part de ceux-ci, l’attitude invariablement négative de l’Union soviétique constituait, il est vrai, une excuse valable : mais cette excuse n’atténuait en rien les difficultés d’une situation qui, en se prolongeant, ne faisait que s’aggraver. C’est pourquoi le communiqué annonçant que les délégués des six puissances, réunis à Londres depuis le 20 avril 1948, s’étaient enfin mis d’accord sur quelques points essentiels, fut généralement accueilli dans le monde avec satisfaction. Lire la suite
Dans la nuit du 10 au 11 mai 1948, une émission de Radio-Moscou faisait connaître qu’un important échange de notes avait eu lieu entre le département d’État [américain] et le gouvernement soviétique et rendait public le texte des deux documents. Le procédé était contraire aux usages diplomatiques, mais le désir était si vif, dans le monde entier, de voir enfin se détendre les relations russo-américaines qu’on excusa volontiers l’irrégularité de la forme pour ne retenir que l’espoir d’une entente prochaine entre les deux colosses dont le désaccord risquait à chaque instant de déchaîner un nouveau conflit mondial. Une mise au point de Washington devait bientôt couper court aux interprétations trop optimistes, en révélant le caractère et la portée véritable des notes échangées. Lire la suite
Avec la mise au pas de l’État tchécoslovaque, l’Union soviétique mène à son achèvement l’entreprise commencée en Pologne, poursuivie dans les Balkans et boucle la chaîne de protection tendue entre l’Est et l’Ouest, de la Baltique à la mer Noire. Protection contre des États qui ne songent nullement à l’attaquer et dont la politique – ils l’ont montré maintes fois depuis trois ans – ne tend qu’à entretenir avec elle des relations normales et pacifiques. Rappelons brièvement les faits. Aux premiers jours de février 1948, onze membres du Cabinet de Prague, représentant les trois partis de droite (socialiste national, populiste-catholique, démocrate-slovaque), donnèrent leur démission ; ils ne voulaient point partager plus longtemps la responsabilité de certaines initiatives arbitraires prises par les ministres communistes, et notamment ils entendaient protester contre le noyautage de la police, dénoncé et réprouvé en termes non équivoques le 7 février 1948 dans la dernière réunion du Front national. Lire la suite
L’abdication forcée du roi Michel (30 décembre 1947) nous apparaît comme l’aboutissement fatal de la manœuvre amorcée il y a deux ans et demi par M. Vychinski, lorsque le commissaire adjoint aux Affaires étrangères se rendit lui-même à Bucarest pour faire accepter au jeune souverain un gouvernement Groza. La négociation avait été difficile ; on s’étonnait, dans les chancelleries, de voir le diplomate soviétique prolonger au-delà de toute prévision son séjour en Roumanie. Mais M. Wychinski est aussi patient qu’il est habile : il ne quitta Bucarest qu’après avoir obtenu ce qu’il y était venu chercher, c’est-à-dire l’asservissement virtuel de l’État roumain à la politique de Moscou. Avec l’abdication du Roi et l’institution d’une « république populaire », cet asservissement est devenu réel, officiel et définitif. Lire la suite
Les ministres des Affaires étrangères des quatre grandes puissances se sont réunis à Londres le 25 novembre 1947, en vue de discuter et, si possible, de résoudre les problèmes que soulève le rétablissement de la paix avec l’Autriche et avec l’Allemagne. À l’heure où nous écrivons, on se trouve en présence d’une discussion très large et un peu confuse ; quant aux perspectives de solution, loin de se préciser, on a l’impression qu’elles s’éloignent de jour en jour. Lire la suite
Il ne faut pas sous-estimer l’importance de la décision qu’ont prise les partis communistes de neuf pays européens, tendant à mettre en commun leurs informations et à coordonner leurs efforts ; mais il ne conviendrait pas non plus de regarder l’initiative dont Moscou s’est avisé comme l’indice d’un changement radical dans la politique extérieure de l’Union soviétique. Certes, l’apparence est trompeuse et l’on peut tirer argument du fait qu’après avoir dissous la Troisième Internationale au mois de mai 1943, Staline la reconstitue au mois d’octobre 1947. Lire la suite
La Conférence panaméricaine qui s’est tenue à Pétropolis, aux environs de Rio, dans la deuxième quinzaine d’août 1947, avait officiellement pour objet d’élaborer un pacte de défense mutuelle entre les Nations du nouveau continent. Ce ne fut pas une improvisation, puisque des jalons avaient été posés au cours de réunions précédentes à Buenos Aires, à Lima, à Panama, à La Havane et à Mexico (février-mars 1945) ; mais il s’agissait, cette fois, de trouver une formule qui répondît aux conditions nouvelles du monde et qui fût compatible avec la Charte des Nations Unies. Lire la suite
On n’a pas encore oublié que, par l’accord du 4 décembre 1946, les autorités britanniques et américaines ont opéré la fusion économique de leurs zones d’occupation en Allemagne. Le but de cette mesure était double : augmenter la production des industries allemandes, améliorer le ravitaillement de l’Allemagne occidentale. À cet effet, les Anglo-saxons avaient institué cinq commissions distinctes composées exclusivement d’Allemands, et dont les gouvernements locaux auraient exécuté les décisions, sous le contrôle des autorités occupantes. Entré en vigueur le 1er janvier 1947, ce système ne produisit pas les résultats qu’on en attendait : la production du charbon et de l’acier alla en diminuant, tandis que le ravitaillement alimentaire devenait chaque jour plus insuffisant. Lire la suite
La Conférence des quatre ministres des Affaires étrangères ouverte le 10 mars 1947 à Moscou a tenu sa dernière séance le jeudi 24 avril. Elle s’était donnée pour tâche d’arrêter les conditions d’un traité de paix avec l’Autriche et de déterminer les principes d’un accord sur le régime politique et économique à instaurer en Allemagne. Les débats qui ont duré quarante-cinq jours et qui furent parfois très orageux n’ont abouti à aucun résultat. Comme nous l’avions fait prévoir dans notre précédente chronique, la solution du problème autrichien s’est heurtée à la prétention soviétique – jugée inadmissible par les gouvernements occidentaux – de considérer comme « biens allemands » les entreprises que les Allemands s’étaient appropriées après l’Anschluss et pendant l’occupation. D’autre part, la revendication yougoslave sur une partie de la Carinthie, soutenue par Moscou, a été rejetée par la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis, qui défendent l’intégrité du territoire autrichien. Finalement, il a été convenu qu’une commission quadripartite se réunirait à Vienne le 12 mai pour examiner les points de désaccord. Lire la suite
On ne pourra plus accuser le gouvernement des États-Unis de n’avoir pas de politique extérieure. Celle que le président Truman a définie le 12 mars 1947 dans son discours au Congrès ne manque ni de clarté, ni de hardiesse. M. Truman a demandé au Congrès l’autorisation de fournir à la Grèce et à la Turquie une aide financière de 400 millions de dollars d’ici au 30 juin 1948, et les arguments qu’il a fait valoir à l’appui de cette demande résument toute une doctrine : l’opinion mondiale est désormais divisée entre partisans et adversaires de la « doctrine Truman ». Lire la suite
Quelques jours avant de quitter le pouvoir [NDLR 2023 : le 22 janvier 1947], M. Léon Blum, se rendant à l’invitation du Premier ministre de Grande-Bretagne, est allé à Londres. Les entretiens, poursuivis les 14 et 15 janvier 1947 entre MM. Attlee et Bevin [NDLR 2023 : secrétaire d’État aux Affaires étrangères] et l’homme d’État français, qui, à l’origine, devaient porter uniquement sur les moyens d’intensifier les échanges et d’améliorer les relations économiques entre les deux pays, ont dépassé de beaucoup les limites du cadre prévu. C’est ce qu’a laissé entendre d’abord un communiqué publié à Londres, et ce qu’a bientôt confirmé une déclaration de M. Attlee à la Chambre des Communes (23 janvier 1947). « Les discussions ont porté sur de nombreux sujets – a expliqué le Premier ministre – et un accord est intervenu sur de nombreuses questions d’un grand intérêt politique et économique. Il a été convenu en particulier qu’un traité d’alliance serait conclu entre nos deux pays. » Lire la suite
Bien que les questions relatives à l’Allemagne ne fussent pas inscrites à l’ordre du jour de la Conférence de Paris, on peut bien dire qu’entre le début de septembre et la mi-octobre 1946 elles ont tenu le premier rang dans les propos des hommes d’État comme dans les préoccupations du public, telles que les traduit la presse mondiale. Non pas que l’on méconnût l’importance des problèmes discutés au palais du Luxembourg, mais l’intérêt qu’ils présentent s’est trouvé sensiblement réduit par les lenteurs et les obscurités d’une procédure qui déconcertait les esprits les plus attentifs. Dès que le discours de M. Byrnes à Stuttgart eut soulevé la question allemande, et subsidiairement celle des relations entre les États-Unis et les Soviets, tout le reste est passé au second plan. C’est qu’il s’agit ici proprement de savoir si et à quelles conditions les risques d’une nouvelle guerre mondiale peuvent être écartés et les fondements d’une paix durable solidement établis. Or, pour les peuples à peine sortis de la terrible épreuve, vainqueurs ou vaincus, tous les problèmes se résument en celui-là. Lire la suite
Les délégués des vingt-et-une puissances ont poursuivi, soit en commissions, soit en séances plénières, l’examen des projets relatifs aux cinq traités de paix. Ce travail eût été plus rapide et plus positif si l’on avait pu éviter, ou tout au moins circonscrire, la polémique qui continue d’opposer les représentants des États slaves à ceux des pays anglo-saxons. Certaines attaques personnelles, presque violentes, et qui n’avaient avec les traités qu’un rapport lointain, jettent une ombre fâcheuse sur la Conférence de Paris. Par contre, il convient d’inscrire à son actif l’accueil attentif qu’elle a réservé aux délégués des États satellites de l’Axe et à ceux des puissances intéressées au règlement des problèmes concernant ces États. Les représentants les plus qualifiés de l’Italie, de la Hongrie, des pays balkaniques et de la Finlande, ceux de l’Autriche, de l’Égypte et de l’Albanie ont eu tout loisir d’exposer leurs points de vue et de défendre leurs intérêts. On ne pourra pas qualifier de Diktat les traités issus d’une aussi large discussion. Les vainqueurs ont donné audience aux vaincus ; ils ont écouté ceux qui, demeurés hors du conflit, pourront néanmoins être touchés par les conventions à intervenir entre vainqueurs et vaincus. Cette procédure fait honneur aux sentiments de justice et de probité qui animent la Conférence et marque un progrès sensible sur celle qu’avaient adoptée les puissances de l’Entente après la première guerre mondiale. Lire la suite
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