24 février – 24 août : 6 mois de guerre en Ukraine
24 février – 24 août : 6 mois de guerre en Ukraine
La guerre en Ukraine dans la Tribune de la RDN
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Lorsque les forces russes pénétrèrent massivement en Ukraine, la sidération nous toucha tous avec la quasi-certitude de la défaite rapide du pays de 40 millions d’habitants contre la puissance russe, forte de ses 140 millions de citoyens et d’une armée qui avait été la priorité de Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir au début des années 2000. Personne ne croyait réellement que le régime de Volodymyr Zelensky allait pouvoir résister dans la durée. Au mieux quelques semaines. Lire la suite
Depuis le printemps 2021, la Russie masse des forces aux frontières de l’Ukraine (1). Si une phase d’apaisement a suivi le premier déploiement, une telle évolution ne semble pas se profiler pour le second qui, en cours depuis la fin 2021, en diffère en raison de nombreux sujets qui sont autant de points d’achoppement avec le Kremlin (2). En effet, Moscou appuie ses exigences par des menaces d’invasion de l’Ukraine. Si la Russie laisse planer le doute sur leur ampleur éventuelle, ces pressions rappellent le scénario géorgien (3) et visent à obtenir la satisfaction de revendications fortes parmi lesquelles le retrait de certains territoires des forces de l’Otan et l’engagement que l’Ukraine n’adhérera jamais à l’alliance (4). Lire la suite
L’île de Gotland et la crise ukrainienne - Lars Wedin - p. 13-17
« Je ne crois pas qu’il y ait une île plus importante ailleurs » (1) Lire la suite
À la chute de l’Union soviétique en 1991, la Biélorussie a retrouvé son indépendance pour la deuxième fois depuis son annexion par l’Empire russe au XVIIIe siècle. L’ancienne République socialiste soviétique (RSS) de Biélorussie est cependant rapidement revenue dans le giron de la Russie, à la suite de l’évincement, en 1994, du chef de l’État biélorusse Stanislaw Chouchkievitch. Ce dernier, qui était favorable à un rapprochement avec l’Occident, a laissé la place à l’actuel président biélorusse Alexandre Loukachenko, pro-russe et nostalgique de l’Union soviétique, lors des élections présidentielles de 1994. Sous son autorité, le pays s’est acheminé vers une « fusion » avec la Russie. Tout d’abord, par le biais de deux traités d’union, signés en 1997 et 1999, dans le cadre de la Communauté des États indépendants (CEI), la Biélorussie est entrée dans une confédération avec la Russie : l’Union de la Russie et de la Biélorussie (Soiouz Rossii i Bielorousii, SRB). Cette Union permet notamment la libre circulation des ressortissants russes et biélorusses sur le territoire des deux pays, d’ailleurs unis depuis 2010 par une union douanière. Lors d’une prochaine étape, cette confédération pourrait prendre la forme d’une fédération unique russo-biélorusse. Lire la suite
La reconnaissance de l’indépendance des républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk par le maître du Kremlin porte le niveau des tensions que l’Ukraine subit depuis décembre 2021 à un tout autre niveau. Lire la suite
Une fois de plus, l’attention s’est portée sur la Russie. Que n’a-t-on cité depuis qu’a été prononcée, dans les années 1940, la fameuse phrase de Winston Churchill : « La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », ajoutant que la clé pour résoudre cette énigme, nous la tenons : c’est l’intérêt national russe. L’actuelle crise, qui s’est cristallisée, depuis novembre 2021 à propos de l’Ukraine, et au-delà de toute l’architecture de sécurité en Europe, démontre bien qu’à Moscou et dans les capitales de l’« Occident global », on est loin de partager les mêmes conceptions et perceptions sur les intérêts légitimes de sécurité. Pour se plonger plus avant dans les réalités de la Russie, le lecteur dispose d’un certain nombre d’ouvrages lui permettant de se forger une opinion plus solide sur l’affrontement actuel des volontés, tant pour analyser son comportement sur la scène européenne et mondiale, que pour passer en revue les divers volets de la vie politique, de l’économie, de la société et de l’histoire russe, en particulier la riche et prometteuse histoire des relations franco-russes. Lire la suite
Lors du vote au Conseil de sécurité de l’ONU sur la résolution condamnant l’agression russe en Ukraine, les Émirats arabes unis (EAU) se sont abstenus, comme la Chine. De même, à la suite d’un échange téléphonique entre le président de la République et le prince héritier d’Arabie saoudite, Riyad a réaffirmé publiquement – dans un communiqué publié par l’agence officielle Saudi Press Agency – son attachement à l’accord OPEP+ avec la Russie. Lire la suite
Soucieuse de conserver ses intérêts avec les deux belligérants, la Turquie a reconnu le 27 février « l’état de guerre » entre la Russie et l’Ukraine. Une déclaration qui a ouvert la voie à la fermeture des détroits du Bosphore et des Dardanelles – reliant la Méditerranée à la mer Noire - aux navires de guerre. Lire la suite
Après plus de cinquante jours de conflit, l’armée russe n’a pas atteint ses objectifs initiaux. Devant transformer « l’opération militaire » en victoire politique, serait-elle au rabais, les forces russes se sont pour partie redéployées dans le Donbass, territoire où elles ont enregistré les avancées les plus significatives, pour un affrontement particulièrement violent tout en poursuivant la bataille de Marioupol. Dans ce contexte, il y a lieu de s’interroger sur les possibles évolutions sur le front, ainsi que sur les nouvelles difficultés et opportunités qui, consécutives au lancement de cette opération militaire maximaliste, peuvent se présenter pour le Kremlin. Lire la suite
La base navale de Tartous est l’une des nombreuses bases dans lesquelles l’ex-Union soviétique (URSS) a déployé des éléments de sa flotte, qui est déployée de Cuba (à l’ouest) au Vietnam (à l’est). La Russie exploite encore des bases militaires dans certains pays de l’ex-URSS, comme l’Azerbaïdjan et le Tadjikistan, mais avec l’effondrement du bloc soviétique et la fin de l’ère communiste dans le monde, la Fédération de Russie a fermé la plupart des bases navales en dehors de ses frontières (Vietnam, Yémen) et en a conservé certaines, comme celle de Sébastopol en mer Noire ou celle de Tartous, qu’elle loue à la Syrie depuis l’époque du président syrien Hafez el-Assad. Alors quelle importance revêt celle-ci pour la Russie sur le plan militaire ? Lire la suite
L’invasion de l’Ukraine semble avoir surpris l’Occident, bien que le pays subisse une guerre larvée depuis 2014. Pourtant, les évolutions stratégiques et tactiques de l’armée russe face à la résistance inattendue des forces armées et de la population ukrainienne, notamment dans l’est du pays initialement considéré comme acquis aux « libérateurs », ont provoqué des évolutions majeures dans les plans d’invasion russe. Comme dans tout conflit, les plans des batailles se modifient en fonction des circonstances. Lire la suite
Depuis le début de la guerre en Ukraine, un certain nombre d’indicateurs révèlent un isolement de la Russie : l’importance des majorités recueillies tant au niveau du Conseil de sécurité que de l’Assemblée générale des Nations unies, l’absence de représentation étrangère lors du défilé du 9 mai à Moscou, l’ampleur de la réprobation internationale à la suite du constat des crimes de guerre commis par l’armée russe. Cependant un examen plus attentif permet de nuancer ce jugement, et de s’inquiéter de l’ambiguïté, voire de la complaisance de nombreux pays, sur tous les continents. Lire la suite
La proximité affichée entre Moscou et Pékin, née après la chute de l’URSS, exprimée par la création de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en 2001, puis des BRICS (Brésil, Russie, Chine, Inde en 2009, rejoints par l’Afrique du Sud en 2011) succède à une longue relation en dents de scie marquée d’abord par les rancœurs historiques de l’époque où l’empire russe faisait partie de « Huit puissances » qui humilièrent la Chine au XIXe siècle (1). Lire la suite
La guerre en Ukraine 100 jours après - Jérôme Pellistrandi - p. 74-76
Depuis le 24 février vers 4 heures du matin, le continent européen connaît une guerre sans équivalent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Certes, il y eut le conflit en ex-Yougoslavie avec son lot de destructions et ses environ 100 000 morts, mais cette fois-ci, il s’agit bien d’une guerre d’un État – en l’occurrence la Russie de Vladimir Poutine – contre un autre État souverain, l’Ukraine, dont le Kremlin avait comme objectif de le démembrer et de le vassaliser. Nous sommes ainsi revenus brutalement au temps des Empires où le souverain décidait la guerre pour étendre son territoire ou éliminer un adversaire gênant. Lire la suite
Face aux cours très élevés des hydrocarbures, les pays exportateurs de pétrole et de gaz de la région ont rempli leurs coffres tout en avançant leurs pions à l’échelle nationale et internationale. Particulièrement courtisées depuis le début de la guerre en Ukraine, les pétromonarchies du Golfe soufflent le chaud et le froid face à la flambée des cours mondiaux des hydrocarbures. Contrastant fortement avec leur situation durant la pandémie de coronavirus, où les prix du baril étaient pour certains passés en dessous de zéro, elles sont désormais celles qui tirent le mieux leur épingle du jeu de ce conflit aux confins de l’Europe. Après avoir frôlé les 140 dollars au début du mois de mars dans un record historique, le baril tourne aujourd’hui autour de 120 dollars. De quoi leur permettre de renflouer leurs coffres, dans lesquels elles avaient été forcées de piocher ces dernières années. Lire la suite
Vladimir Poutine, arrivé à Bucarest le 2 avril 2008 dans le cadre du Conseil de la coopération Otan-Russie au deuxième jour du Sommet de l’Otan, se tournant vers George W. Bush lui glissa à l’oreille : « George, comprenez-vous que l’Ukraine n’est même pas un État. Qu’est-ce que l’Ukraine ? Une partie de son territoire se situe en Europe centrale, mais la plus grande partie a été donnée par nous. » Selon certaines versions, Vladimir Poutine n’aurait pas dit alors « que l’Ukraine n’existe pas », mais il le pensait, car il l’a répété de nombreuses fois par la suite et l’a écrit dans son article fleuve du 12 juillet 2021. Il a agi en conséquence, et en 2014 au sujet de la Crimée, et en 2022 en envahissant l’Ukraine ! Cependant, dès avril 2008, ses propos qui, pour lui, n’étaient qu’une pure constatation, apparurent comme un avertissement et interprété comme une menace. A-t-on tenu compte de cette menace et l’avait-on vraiment prise au sérieux ? « En général, quand les Russes font des menaces, ils les exécutent », avait pourtant averti Toomas Ilves, président de l’Estonie (2006-2011) (1). Lire la suite
Le 30 juin, la Russie annonçait se retirer de l’île aux Serpents (1) après avoir pris le contrôle sur la ville de Severodonetsk le 24 juin (2) et juste avant d’annoncer, le 3 juillet, la prise de Lyssytchansk (3). Près de quatre mois après le début de la guerre, comment analyser ces avancées et retraits et quels pourraient être les points décisifs et stratégiques de ce conflit ? Lire la suite
Mais à quoi sert donc l’OSCE ? - Guy Vinet - p. 95-97
Au cœur du centre historique de Vienne, la capitale autrichienne, une organisation internationale a établi son Secrétariat depuis 2007 dans un palais rénové et discret : l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Alors que le récent (28-30 juin 2022) sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (Otan) à Madrid a fait l’objet d’un écho considérable dans les médias, l’OSCE est largement méconnue du grand public. Elle mérite pourtant un certain intérêt car elle est actuellement la seule organisation qui offre un lieu d’échanges permanent entre la Russie et l’Ukraine. Lire la suite
La crise ukrainienne parmi les livres - Eugène Berg - p. 98-106
La guerre qui a éclaté aux premières heures de ce 24 février 2022, a projeté l’attention mondiale sur l’Ukraine, qui certes n’a jamais été inconnue, mais dont l’histoire, la culture et la langue, la politique et les orientations extérieures sont longtemps restées dans l’ombre de son puissant voisin et « pays-frère ». Si les livres sur la Russie et sur Vladimir Poutine abondent depuis déjà plus de vingt ans, beaucoup plus rares sont les ouvrages accessibles permettant de saisir ce qu’est en définitive l’Ukraine ? Qu’est-elle ? Quelles sont ses aspirations ? Quel sera son destin ? D’ores et déjà, deux biographies, écrites dans le vif de l’action, portent sur Volodymyr Zelensky, cet ancien comique devenu un héros shakespearien, incarnant à merveille l’héroïsme de son peuple, qu’il sait décrire et projeter avec des mots simples. Lire la suite
La Transnistrie est un territoire situé entre l’Ukraine et la Moldavie, sans accès à la mer Noire, qui souhaite officiellement rejoindre la Fédération de Russie (référendum non reconnu du 17 septembre 2006 avec 98 % des voix en faveur du rattachement, 79 % de participation) (1). Malgré la guerre en Ukraine et la présence permanente de 1 500 soldats russes sur place (Groupe opérationnel des forces russes en Transnistrie, OGRF) qui assurent le contrôle des entrepôts militaires qui abondent sur le territoire, la possibilité que la Transnistrie se lance dans une attaque contre ses voisins ukrainiens et moldaves reste peu vraisemblable. En effet, les troupes russes sur le terrain ne disposent que de peu d’équipements récents, d’aucun soutien aérien, et leur objectif initial est de maintenir le statu quo dans la région. Lire la suite
Le 2 mai 2022, Philippe Pons, correspondant au Japon du journal Le Monde, a relaté la parution d’un article du magazine Zoom Japon qui comparait la guerre en Ukraine à l’incident de Mandchourie de 1931 et la constitution de l’État-fantoche du Mandchoukouo (1). Cette publication est tombée à point nommé en nous renforçant dans notre résolution de comparer le conflit en Ukraine et la ou les guerres menées par le Japon en Chine de 1931 à 1945. Lire la suite
Le jeudi 24 février au petit matin, la sidération était totale face au début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Peu croyaient que Moscou passerait à l’acte, malgré les avertissements du renseignement américain annonçant la guerre. Et peu, dont je faisais partie, pensaient que Kiev allait être capable de résister à l’« Opération militaire spéciale » voulue par Vladimir Poutine. Face au rouleau compresseur russe, les forces armées ukrainiennes semblaient bien incapables d’offrir une résistance autrement que symbolique. Lire la suite