Hervé Coutau-Bégarie, décédé le 24 février 2012, a été directeur d’études à l’École pratique des hautes études, directeur du cours d’introduction à la stratégie au Collège interarmées de défense, président de l’Institut de stratégie comparée et de la Commission française d’histoire militaire. Il a consacré une dizaine d’ouvrages aux questions stratégiques, dont le Traité de stratégie (4e édition, 2003).
Le Pacifique, durant plusieurs décennies à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, a été un lac américain avec une domination sans partage de la marine et des forces armées américaines sur l’ensemble de la région. Cette situation n’était pas totalement nouvelle puisque, dès le milieu du XIXe siècle, les États-Unis ont commencé à s’intéresser au Pacifique, boutant d’ailleurs les Espagnols de la zone en 1898. Lire les premières lignes
L’héritage de la pensée militaire française (T 181)
- Hervé Coutau-Bégarie - 5 pagesNous republions, en hommage à son talent et à son engagement, un texte récent du professeur Hervé Coutau-Bégarie, disparu le 24 février. Il contribuait depuis des années à la RDN.
Notre époque raffole des nouveautés. Vivant dans l’instant, elle a beaucoup de peine à se situer dans la durée. La pensée stratégique ne fait pas exception à cette triste règle. Il est frappant de constater que les références des livres ou des articles sont presque toujours récentes, datant généralement de la dernière décennie. Hormis la référence révérencielle à Clausewitz, que la plupart du temps on n’a pas lu, les travaux anciens sont purement et simplement effacés, presque comme s’ils n’avaient jamais existé. Notre époque est censée avoir, sinon tout découvert, au moins tout relu et réinterprété, de sorte qu’il n’est plus besoin de se reporter à des travaux antérieurs désormais dépassés. En outre, le contexte stratégique s’est tellement transformé que les références anciennes n’apparaissent plus comme pertinentes. Lire la suite
Il est courant d’entendre dire que la recherche stratégique française est en crise. Les arguments sont bien connus. Tout d’abord, le manque criard de moyens : aucun centre de recherche français ne peut rivaliser, non seulement avec les think tanks américains, mais même avec les grands instituts européens. Seul l’Ifri dispose d’un budget lui permettant de se situer dans le peloton de tête des instituts internationaux, mais il a une vocation généraliste et ne consacre qu’une faible part de son activité à la recherche stratégique. Il en résulte une pénurie dramatique de chercheurs et donc l’incapacité à lancer des grands programmes de recherche. Ensuite, le manque de reconnaissance de la part des pouvoirs publics qui ont toujours proclamé en paroles la nécessité d’une recherche indépendante pour, souvent, s’en désintéresser dans les faits. Quiconque a un peu fréquenté les couloirs du ministère de la Défense ou consulté les appels d’offres de la Délégation aux affaires stratégiques (DAS) sait parfaitement que la recherche fondamentale est éloignée des préoccupations des donneurs d’ordres, qui ne retiennent que des sujets techniques ou dictés par l’actualité. Il n’y a aucune chance d’obtenir un contrat sur les concepts, les principes ou les méthodes de la stratégie ou sur la validité des enseignements des grands auteurs, tout ce qui ressortit à la stratégie fondamentale. Le ministère ne finance que de la stratégie appliquée. Il a très largement tourné le dos à cette théorie générale qui fut, depuis le XVIIIe siècle, une spécialité des stratégistes français qui, jusqu’à Castex, Beaufre, Gallois et Poirier, ont rayonné dans le monde entier. Les instituts ont dû s’adapter à cette exigence. Ce qu’ils font, et qui est certes très nécessaire, relève davantage de l’expertise que de la recherche. Lire la suite
Depuis la disparition de la conscription, on se soucie beaucoup de l’esprit de défense, concept nouveau qui a remplacé un patriotisme désuet et passablement suspect. L’institution militaire cherche des relais pour assurer la diffusion de cet esprit de défense qui ne va plus de soi, puisque la masse des Français n’a désormais plus de contact direct avec l’armée. Le phénomène doit encore s’aggraver dans les années qui viennent avec la réduction inéluctable du nombre des implantations militaires. Des villes aussi importantes que Nantes ou Montpellier n’auront désormais plus aucune présence militaire. Dans ces conditions, il est impératif de trouver de nouveaux relais, d’où la multiplication d’initiatives comme la réserve citoyenne, censée maintenir un lien entre l’armée et les civils. Lire la suite
L’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) a marqué son lancement par l’organisation d’Assises de la pensée stratégique, qui ont eu lieu les 5 et 6 octobre 2009. À cette occasion, deux conceptions du rayonnement international de la pensée stratégique française se sont affrontées. La thèse dominante prend acte du déclin inéluctable de la langue française et en tire la seule conclusion qui lui paraît logique : il faut dorénavant s’exprimer dans la nouvelle lingua franca c’est-à-dire l’anglais. En face, la thèse minoritaire, puisqu’elle n’a guère été défendue que par l’auteur de la présente chronique, refuse cette fatalité ou cet abandon et soutient qu’il est encore possible, et surtout nécessaire, de s’exprimer en français. L’enjeu est suffisamment important pour qu’il vaille la peine d’exposer les arguments en ce sens dans le cadre d’une chronique d’humeur, que d’aucuns risquent évidemment de qualifier de chronique de mauvaise humeur. Lire la suite
Éloge funèbre du vice-amiral d’escadre Marcel Duval, président d’honneur du Comité d’études de défense nationale. Lire les premières lignes
Au-delà des stéréotypes sur l’ennemi héréditaire, répandus jusque dans les élites, il existe une profonde convergence stratégique entre la France et la Grande-Bretagne. Les deux pays n’ont plus été en guerre depuis 1815 et l’Entente cordiale est le résultat d’une communauté d’intérêts qui a survécu à toutes les évolutions géopolitiques du XXe siècle. Il en sera encore ainsi au XXIe siècle. Publié conjointement avec le Royal United Services Institute for Defence and Security Studies (RUSI).
Après avoir rappelé pourquoi un deuxième porte-avions était nécessaire à la France et à l’Europe, l’auteur examine le type de porte-avions le mieux à même d’équiper la Marine. Dans une étude aussi objective que possible, il s’efforce de présenter les avantages et les inconvénients des deux solutions : la propulsion nucléaire et la propulsion classique (turbine à gaz et pods électriques) ; cette dernière semblant avoir sa préférence pour des raisons de disponibilité et d’évolutivité (avions plus lourds). Les conclusions de trois études devant être présentées prochainement au ministre de la Défense, l’auteur indique les critères objectifs permettant de retenir le bon porte-avions pour la France, et aussi pour l’Union européenne. Lire les premières lignes
Peut-on encore écrire sur Clausewitz, après tant d’exégèses, de commentaires et de réfutations ? D’emblée, Béatrice Heuser, professeur de stratégie et de relations internationales au King’s College de Londres, connue pour ses travaux sur la stratégie nucléaire, prévient que son livre ne prétend pas ajouter des vues nouvelles sur Clausewitz, mais plutôt offrir une synthèse des études les plus importantes sur la pensée clausewitzienne, ses problèmes fondamentaux et sa valeur persistante, ainsi que sur les interprétations et les utilisations que ses innombrables disciples ou adversaires ont pu en faire. Lire la suite
Après son article très argumenté sur le front Nord de l'Europe, l'auteur traite maintenant de l'océan Arctique, zone stratégique très particulière où les éléments naturels constituent des facteurs prépondérants. On y constate, là encore, la rivalité entre les deux Grands, qui se manifeste essentiellement par des activités sous-marines difficilement décelables, la détection acoustique, active ou passive, étant très perturbée. Lire les premières lignes
L'auteur, toujours passionné par les questions de stratégie navale, aborde dans le texte ci-dessous un sujet dont on a peu parlé récemment et qui revêt pourtant une importance majeure dans la défense du Vieux Continent : le flanc Nord de l'Europe, espace maritime souvent inhospitalier bordant des pays nordiques dont la politique nous laisse parfois perplexes. Lire les premières lignes
Le Pacifique, durant plusieurs décennies, a été un lac américain avec une domination sans partage de la marine et des forces armées américaines sur l’ensemble de la région. Cette situation n’était pas totalement nouvelle, puisque dès le milieu du XIXe siècle les États-Unis ont commencé à s’intéresser au Pacifique et il y avait même eu dès le début du siècle dernier rivalité avec la Russie ; elle ne prit pas un tour tragique et les relations entre la Russie tsariste et les États-Unis furent sereines durant tout le XIXe siècle. Il faut rappeler que la Russie a été le plus fervent partisan de l’Union durant la guerre de Sécession, et lorsque la Russie d’Amérique fut vendue en 1867 par le gouvernement de Saint-Pétersbourg, elle le fut certes parce qu’elle était jugée indéfendable et de peu d’intérêt, mais les Russes craignaient plus une attaque franco-britannique du type de celle qui avait pu se produire durant la guerre de Crimée qu’une offensive américaine. Le secrétaire d’État Seward qui avait négocié cet achat, fortement blâmé d’ailleurs par une partie du Congrès et de l’opinion, n’était guère suivi quand il rêvait d’un Pacifique Nord entièrement contrôlé par les États-Unis. On l’oublie aujourd’hui, mais au XIXe siècle il y eut un très fort courant dans les milieux diplomatiques américains qui tendait ni plus ni moins qu’à l’annexion pure et simple du Canada ; l’annexion de l’Alaska par Seward était le prélude à celle de la Colombie britannique. Des négociations officieuses eurent lieu entre les Britanniques et les Américains pour se briser très vite sur l’apparition du nationalisme canadien. Lire la suite
Le désarmement est un sujet particulièrement important actuellement, mais les discussions portent essentiellement sur les armes nucléaires. En corollaire, sont naturellement évoqués les armements conventionnels, chimiques, biologiques, ne serait-ce que parce que, dans ces domaines, l'Europe n'est pas, loin s'en faut, au même niveau que le Pacte de Varsovie. Mais qu'en est-il des armements navals, qui ne sont jamais abordés alors que l'URSS s'est constituée une flotte considérable en deux décennies ? C'est la question à laquelle s'efforce de répondre l'auteur. Lire les premières lignes
Écrit par deux professeurs à l’université de Nice, ce livre passe en revue de manière descriptive et exhaustive les menaces qui s’accumulent dans la région méditerranéenne. Après une étude par régions (Maghreb, Balkans, Proche-Orient), l’ouvrage étudie les forces de déstabilisation globale (sous-développement, surpopulation, problème islamique, terrorisme), la menace soviétique et les multiples propositions d’une Méditerranée zone de paix ou dénucléarisée pour dégager une conclusion pessimiste : « Face à la stratégie globale offensive de l’URSS, les Occidentaux n’opposent en général, en Méditerranée, qu’une stratégie défensive s’efforçant de parer les coups là où ils sont portés. Cette politique se solde par un repli progressif ». Lire la suite
Dans nos livraisons d'octobre 1984 et mai 1985, André Vigarié nous a amplemennt décrit l'accession de la Chine et des États du Sud-Est asiatique à une activité maritime en rapport avec leurs ambitions économiques. L'auteur présente ici les efforts importants fait par les pays de l'Ansea (aujourd'hui, Association des Nations de l'Asie du Sud-Est) pour se constituer des forces navales significatives et mettre sur pied une coopération militaire souhaitable mais délicate. Par ailleurs, une chronique maritime d'Yves Perros donne un aperçu des marines des pays du Pacifique Ouest. Lire les premières lignes
Ce livre commence par un reportage qui confirme, s’il en était besoin, les atrocités soviétiques en Afghanistan. Mais ensuite, il se transforme en enquête historique et ethnologique dans laquelle l’auteur révèle une parfaite connaissance du pays. Jusqu’aux années 1960, l’Afghanistan a été à peu près coupé du monde. Il a dû le maintien de son indépendance au caractère indomptable de ses guerriers, mais aussi à la neutralisation réciproque de la Russie et de l’Angleterre. Lire la suite
L'auteur aborde un sujet peu connu et relativement compliqué : un peu d'histoire et une bonne carte permettent d'y voir un peu plus clair. Lire les premières lignes
L’histoire de l’US Navy devient aujourd’hui bien connue grâce à des livres de haute qualité qui viennent renouveler en profondeur la connaissance que nous en avions. Lire la suite
Depuis que cet article a été écrit, le Japon s'est senti menacé par les SS-20 soviétiques mis en place à l'Est de l'Oural. Ce fait nouveau ne modifie cependant pas fondamentallement les conclusions de l'étude menée par l'auteur sur ce pays lointain et mal connu des Français. Lire les premières lignes
Vingt ans après, on parle toujours avec malaise de la guerre d’Algérie. Tout y fut perdu. C’est injuste pour les soldats qui ont réussi, sur le plan militaire, une performance remarquable. Cela n’est pas assez souligné : aussi bien en Indochine qu’en Algérie, l’armée française a atteint un degré d’efficacité sans équivalent (à l’exception de l’armée britannique en Malaisie) et mis au point des techniques de combat dont les Américains auraient pu s’inspirer au Vietnam, cela leur aurait évité quelques mécomptes (que l’on songe aux dinassauts, qu’ils ont mis des années à découvrir). Lire la suite
Malgré sa présentation des plus modestes (multigraphiée) ce colloque sur les marines d’Europe occidentale mérite qu’on s’y arrête, car les publications sur le sujet sont très rares. Pourtant, ainsi que l’ont fait remarquer plusieurs participants, elles alignent un potentiel considérable qui assure l’essentiel de la surveillance de l’Atlantique Nord. Mais elles sont confrontées à un problème financier insurmontable du fait du coût monstrueux des armements actuels. Lire la suite
Cet article ne doit rien à des vues de marins ou d'anciens marins (sauf peut-être pour une note de la rédaction, qui n'a pu s'empêcher de donner son avis sur un point précis, où son expérience personnelle était en jeu). L'auteur est un jeune ancien élève de l'ENA, docteur es sciences politiques et diplômé d'études approfondies d'analyse politique et d'histoire moderne et contemporaine. Il est un passionné des problèmes maritimes et vient de publier un livre sur la puissance maritime soviétique. Lire les premières lignes
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