Spécialiste des problèmes africains, il a suivi l’évolution du Nigeria depuis 1945. Pseudonyme du lieutenant-colonel Bonnier des troupes de Marine qui a fait une partie de sa carrière en Afrique.
Le Nigeria compte parmi les pays africains les moins connus en France. Il fut longtemps considéré comme une des enclaves qui rompaient l’immensité des Afrique occidentale et équatoriale dont nous avions la charge. Après la dislocation de l’AOF et de l’AEF, rangé dans les survivances de la colonisation, il devint une sorte de « colosse », formé de trois parties hétérogènes dont l’éclatement était inévitable. Depuis l’échec de la sécession biafraise, de nombreux observateurs, constatant que le général Gowon renforce son autorité et joue un rôle grandissant sur la scène africaine, craignent que le Nigeria ne représente une menace pour l’existence de ses voisins : un pays déjà bien pourvu, qui chercherait par des manœuvres adroites à monopoliser les investissements industriels afin de devenir le centre de regroupement et le tuteur des territoires plus déshérités qui l’entourent. Lire la suite
Dans un continent profondément bouleversé par l’évolution de la politique étrangère de l’URSS et par l’effondrement du marxisme-léninisme dans les pays européens, en Russie même, toutes données qui obligent les pouvoirs africains en place à rechercher des solutions à la crise qu’ils traversent, susceptibles de concilier le multipartisme et la préservation de l’unité nationale, et qui ne peuvent être que spécifiques, seule l’Afrique australe paraît devoir retrouver une certaine stabilité. Lire la suite
Saddam Hussein n’a pas construit sa politique africaine sur une base idéologique qui lui aurait permis d’étendre son influence à l’ensemble du continent. Il s’est efforcé plutôt de mêler sa voix à celles venues de l’Est dans la zone sahélienne s’étendant de la Mauritanie à la Corne orientale, région d’instabilité, les populations noires, soucieuses d’exprimer leur négritude dans l’islam, y cherchant d’autant plus à se protéger de l’influence exclusive des pays de l’Afrique méditerranéenne que ceux-ci se montraient incapables de les aider à sortir du sous-développement et qu’ils ne cherchaient, en s’assurant une clientèle d’États musulmans non arabes, qu’à augmenter leurs poids respectifs au sein de la Ligue arabe. De 1960 à 1970 approximativement, Israël avait su profiter de la méfiance traditionnelle des pays de la rive méridionale du Sahara à l’égard des riverains du Nord. Par la suite, une certaine solidarité religieuse se manifesta peu à peu ; elle devint continentale lorsque l’Éthiopie, où siège l’Organisation de l’unité africaine (OUA), eut rompu avec Israël. L’Arabie saoudite et l’Iran, venus eux aussi de l’Est, surent en profiter pour amorcer une implantation. Leur concurrence cessa avec la chute du Shah (1979). Riyad prit alors la mesure exacte du potentiel économique de la zone et s’en désintéressa progressivement. Lire la suite
De 1970 à 1983, l’Arabie saoudite s’est particulièrement intéressée aux pays musulmans situés au sud du Sahara pour prendre la place qu’Israël occupait et contrebalancer l’influence exercée dans cette région par les pays africains de la Méditerranée. Il ne lui déplaisait pas non plus de marcher sur les brisées du Shah d’Iran, attiré aussi par l’aventure africaine. Les mêmes rivalités du Proche-Orient ont conduit un peu plus tard l’Irak à proposer son aide aux États du Sahel, après qu’ils eurent été déçus par l’attitude négative des puissances pétrolières qui pourtant prétendaient vouloir les aider. Bien que placées en concurrence, celles-ci s’entendaient pour accorder, généreusement sur le plan religieux, les avantages qu’elles mesuraient dans le domaine économique, si bien qu’elles ne compensaient même pas par leurs investissements la hausse des produits pétroliers. Lire la suite
Les pays de la corne orientale de l’Afrique présentent la particularité, tout en continuant à jouer un rôle important dans la politique continentale, d’être impliqués dans l’équilibre du Proche-Orient et dans celui, plus spécifique encore, des pays riverains de la mer Rouge, « Méditerranée de la nation arabe ». De ce fait, plus que dans d’autres régions, ils ont provoqué la rivalité des grandes puissances, rivalité qui, s’ajoutant aux affections chroniques qu’ils avaient à soigner, en intensifiait les crises et leur donnait une dimension idéologique difficilement évitable. Lire la suite
Les pays voisins de l’Afrique du Sud ont institué, en 1980, en réplique à des propositions faites par M. Pieter Botha, Premier ministre d’Afrique du Sud de créer une communauté économique des pays de l’Afrique australe, la « Conférence pour la coordination du développement de l’Afrique australe » (SADCC). Cet organisme a fêté, fin août 1990, son dixième anniversaire à Gaborone (Botswana). Ce fut l’occasion de faire une analyse de la situation de cette partie du continent dont la stabilité dépend, pour une part de la faculté d’adaptation de chaque État aux nouvelles donnes du jeu international, pour une autre part des dispositions que peut prendre le gouvernement de Pretoria en vue d’associer les formations politiques noires à l’élaboration et à la gestion des affaires de l’État et de supprimer toute trace d’un « développement séparé » surtout lorsque les règlements qu’il inspire prennent une forme « mesquine ». Lire la suite
L’évolution de l’Afrique du Sud ne pourrait pas être considérée comme irréversible si elle n’était que la conséquence des pressions internationales. Que celles-ci se relâchent et – à supposer qu’elles fussent les seules à susciter l’élan réformateur – les errements du passé seraient vite ranimés, entraînant une réaction qui reconstituerait l’apartheid [NDLR 2021 : politique de ségrégation raciale en place depuis 1948], sans doute sous une autre forme mais avec les mêmes résultats dangereux. En revanche, si l’on estime en général qu’avec la libération de M. Nelson Mandela, la reconnaissance des partis politiques interdits, la suppression progressive des dispositions légales constituant le « petty apartheid », une page de l’histoire sud-africaine est définitivement tournée, c’est que l’on a pu constater, avec la montée d’une génération nouvelle, qu’en deux décennies l’action des enseignants, des associations culturelles et des Églises avait transformé profondément la mentalité d’une grande partie de la communauté blanche. La politique que mène actuellement le gouvernement n’aurait eu aucune chance de s’imposer si elle n’avait été rendue possible par les initiatives des deux prédécesseurs de M. Frederik de Klerk (président de l’État de la République d’Afrique du Sud depuis 1989) qui ont renforcé les pouvoirs du chef de l’État, ont délié celui-ci de la dépendance exclusive d’une seule communauté et ont provoqué l’éclatement du parti national afin que la majorité agissante de cette formation pût se situer au centre. Lire la suite
Bien qu’elle dût représenter l’ONU auprès du continent, l’OUA (Organisation de l’unité africaine) n’a jamais été capable de résoudre les crises auxquelles ses membres étaient confrontés. À défaut de pouvoir arbitrer, elle répercutait les problèmes sur d’autres formations internationales où prévalait souvent le manichéisme idéologique, et qui n’étaient pas à même de juger avec réalisme. Pour finir, l’ONU fut souvent appelée à chercher elle-même une solution, transformant ainsi un différend local en affaire mondiale, ce qui ne rendait pas plus aisé le choix du compromis. L’impuissance de l’organisation africaine venait surtout du fait qu’une partie des États qui la composaient s’affrontaient ou s’associaient sur un terrain extracontinental, que ces confrontations faisaient le jeu des grandes puissances et que, par leur acuité, elles occupaient toute la scène internationale. Les conflits du Proche-Orient, par exemple, avec les passions qu’ils soulevaient, déterminaient davantage les positions des membres de l’OUA sur un problème africain qu’un examen serré de ce même problème. C’est pourquoi les décisions prises par l’OUA pour parvenir à une décolonisation effective de l’ensemble du continent, notamment pour obtenir l’indépendance des possessions portugaises, de la Rhodésie, de la Namibie et pour supprimer l’apartheid en Afrique du Sud, gardèrent un caractère plus idéologique que pratique et, par conséquent, manquèrent d’efficacité. Lire la suite
Afrique : évolution des affinités et des démarquages Lire la suite
Les accords de Lancaster House, signés le 17 décembre 1979 par la Grande-Bretagne, le gouvernement rhodésien de l’évêque Muzorewa (1) et les dirigeants du « front patriotique », MM. Robert Mugabe et Joshua Nkomo, prévoyaient, entre autres dispositions, que la représentation privilégiée de la communauté non africaine demeurerait constante en nombre et en proportion (2) jusqu’en 1987, et que le régime constitutionnel resterait pluripartiste pendant dix ans à compter de l’entrée en vigueur des accords (avril 1980). Le front patriotique, qui réunissait la ZANU (Zimbabwe African National Union) et la ZAPU (Zimbabwe African People’s Union), sans leur enlever leur autonomie ni la libre disposition de leurs forces armées respectives, avait été formé, à la demande de l’OUA (Organisation de l’unité africaine), en octobre 1976, à la suite de la rupture de l’African National Council que présidait Mgr Muzorewa et qui avait concrétisé pour un temps l’union de tous les mouvements nationalistes, partisans de la violence ou non. Le front ne resta pas longtemps uni, il ne résista pas au contentieux opposant les dirigeants des formations qui ne le composaient ni aux effets complexes sur leur comportement de leurs affinités idéologiques et des alliances qu’ils avaient contractées. Avant l’indépendance, M. Nkomo, bien qu’il fût d’origine bourgeoise et qu’il se fût assez peu engagé lui-même sur le plan des idées, avait accepté d’être sinon l’instrument de la politique soviétique, du moins l’unique bénéficiaire de son aide militaire ; M. Robert Mugabe s’était recommandé d’un « socialisme à l’africaine », apparenté à celui que cherchait à installer M. Julius Nyerere en Tanzanie et dans lequel on aurait pu déceler un peu de pragmatisme « à la chinoise ». M. Nkomo était favorable à un compromis avec la communauté blanche ; M. Mugabe paraissait l’être moins. Lire la suite
M. Nelson Mandela, après une attente que l’on fit volontairement durer de part et d’autre, fut libéré le 18 février 1990 et reçut, au Cap, le triomphe que son courage avait mérité. Il a aussitôt rassuré l’opinion africaine sur la fermeté de sa détermination à détruire l’apartheid, mais, depuis lors si l’on en croit ses propos publics, il semble à la recherche d’une doctrine pragmatique qui tienne compte de tous les paramètres qu’il lui faut affronter. Les militants de l’ANC (Congrès national africain), surtout les jeunes, ont du mal à renoncer aux promesses contenues dans les formules de propagande les plus lapidaires. Lui-même ne veut pas rompre l’engagement de faire libérer, avant l’ouverture d’une négociation, les prisonniers politiques, eussent-ils commis des crimes ; il n’a jamais cessé de légitimer la violence. Dans un même temps, il est placé devant la nécessité contradictoire d’avoir à retirer de son programme les thèmes qui peuvent bloquer l’évolution de la communauté blanche démocratiquement représentée ; il faut qu’il le fasse sans se trahir lui-même et sans provoquer de scission dans sa famille politique. Il doit aussi tirer les leçons de la crise où s’enfoncent les autres pays africains, donc conserver le système économique actuel qui se trouve être le plus performant du continent, au lieu de vouloir le réformer au nom de la justice sociale, promesse faite à l’époque où Moscou se présentait comme l’exemple à suivre et n’accordait son aide qu’au prix d’un consentement. Il conviendrait aussi qu’il tînt compte du fait que l’influence étrangère n’est plus orientée de la même façon : ce sont les États-Unis et les pays occidentaux qui contraignent Pretoria à abandonner l’apartheid ; ce sont l’URSS et les pays dits socialistes qui conseillent à l’ANC d’adopter une attitude plus souple. Lire la suite
Le Soudan est un État à tradition démocratique et parlementaire, mais où le heurt des tendances, parce qu’elles se fondent sur des particularismes ethniques ou religieux, prend une telle intensité que l’armée se croit obligée d’intervenir périodiquement, au moins pour calmer le jeu sinon pour bloquer, au nom d’éventuels opposants, une évolution que ses dirigeants jugent trop hasardeuse. Il n’est jamais facile de comprendre les motivations des auteurs d’un coup d’État militaire, au Soudan pas plus qu’ailleurs. Ceux qui l’ont inspiré, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays concerné, sont quelquefois surpris de la direction que les nouveaux dirigeants impriment à la politique nationale, tant les exigences de la vie collective contraignent les chefs à l’occultation de leur opinion en période d’activité normale. Lorsque cette opinion doit se concrétiser en une action politique, cela risque d’éveiller d’autres tendances et de provoquer des difficultés de commandement, si les contradicteurs disposent d’une audience, nationale ou internationale, ce qui est rarement le cas. Pourtant, au Soudan, l’armée avait été tellement associée aux rivalités partisanes et avait subi tellement d’épurations que les partis politiques, ainsi que les gouvernements des États voisins, Égypte, Arabie saoudite, Libye et même Éthiopie, croyaient en connaître les moindres arcanes. Apparemment, il n’en était rien : le comportement actuel de ses chefs, parvenus au pouvoir, est déconcertant pour tout le monde, sans doute même aussi pour leurs subordonnés. Lire la suite
À tous les niveaux et quels que soient les partenaires, les relations extérieures de l’Afrique du Sud ont pris un autre ton comme si, d’un coup de baguette magique, les problèmes qui la concernaient avaient perdu de leur acuité ou même avaient changé de nature. L’évolution des rapports entre l’Union soviétique et les États-Unis, l’attrait de l’Europe centrale pour la démocratie de type occidental, l’abandon des dogmes trop rigides du marxisme-léninisme, une certaine redistribution des zones d’influence dans le monde, ont eu pour effet de calmer les tensions de l’Afrique australe mais sans en supprimer, bien entendu, les causes. Toutefois, le gouvernement de Pretoria qui est le seul à pouvoir agir sur celles-ci a, de son côté, favorisé un règlement pacifique du problème namibien, facteur de crise ; il a pris aussi quelques mesures sur le plan intérieur, avec l’intention de montrer, ou du moins de laisser croire qu’il était sur le point d’en prendre de plus décisives. Lire la suite
L’hypothèse avancée depuis quelques mois devient évidence : le rapprochement soviéto-américain connaît déjà des répercussions en Afrique. Depuis que, dans les pays socialistes d’Europe et en URSS même, le marxisme-léninisme et l’hégémonie d’un parti unique sont remis en cause, celles-ci prennent un double aspect. D’un côté les tensions, que les interventions indirectes de Washington et de Moscou rendaient difficiles à calmer, trouvent plus ou moins rapidement des solutions dans la mesure où les passions qu’elles ont soulevées sont susceptibles d’être apaisées ; de l’autre, les pays africains qui avaient adopté les dogmes du marxisme-léninisme pour cimenter le pouvoir et se situer dans le monde s’en détachent l’un après l’autre ; quant à ceux qui considéraient que le « centralisme démocratique » d’un parti unique, quelle que soit l’idéologie qui le sous-tendait, était justifié parce que les jeunes États étaient en mal de cohésion nationale, ils commencent à apprécier l’exemple des rares pays où plusieurs partis ont pu s’implanter en négligeant les divisions tribales. Lire la suite
En application des paragraphes 7 et 8 de la résolution 385 du Conseil de sécurité adoptée le 30 janvier 1976, du 7 au 11 novembre 1989 se sont déroulées, en Namibie, des élections à une Assemblée constituante destinée à définir et à établir les structures politiques d’un État indépendant. Il aura donc fallu plus de treize ans de crises, de pressions internationales, de négociations successives avec des conciliateurs chaque fois différents pour faire admettre, par Pretoria (capitale de l’Afrique du Sud), que la mission de la nation tutrice était de conduire le pays sous tutelle à l’indépendance quelle qu’en soit la conséquence pour elle-même, et, par les Nations unies, que la SWAPO (Organisation du peuple du Sud-Ouest africain), malgré la lutte qu’elle menait, ne pouvait être considérée comme un bénéficiaire privilégié sans que sa suprématie ait été sanctionnée au préalable par des élections. La situation avait été rendue plus complexe par l’état latent de crise prévalant dans cette partie du continent. Au départ de l’administration portugaise d’Angola, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA), refusant de partager le pouvoir avec d’autres formations, avait fait appel au soutien de l’Armée cubaine pour se maintenir en place ; or c’était dans ce même pays que les guérilleros de M. Sam Nujoma avaient trouvé aide et refuge. Le fait permettait aux autorités sud-africaines de repousser les résolutions de l’ONU sous le prétexte qu’aucune solution valable ne pouvait être trouvée au problème namibien tant que pesait la menace d’une intervention de forces étrangères à l’Afrique. Lire la suite
Maghreb : les obstacles Lire la suite
Des élections du 6 septembre 1989 et des troubles qu’elles ont suscités avant le scrutin, on peut tirer en première analyse deux conclusions. La communauté blanche accepte en 1989, sans réflexe de défense, d’être confrontée à des manifestations qui auraient provoqué, dans les années 1960, une radicalisation de l’électorat. L’évolution déjà perçue des mentalités s’est donc consolidée grâce à l’action des Églises et des diverses associations culturelles. En revanche – ce qui peut paraître un paradoxe –, l’examen des programmes électoraux des candidats blancs montre que si l’extrême droite conserve son intransigeance passée, la gauche libérale n’ose plus proposer, comme alternative à la politique d’apartheid, la formule « un homme, une voix » qui signifierait l’institution du suffrage universel dans un État totalement unifié. Autrement dit, devant l’inéluctabilité de la promotion des Noirs, les libéraux blancs font des propositions moins démagogiques, donc plus mesurées. Parce qu’ils voient que le rempart du conservatisme afrikaner fléchit, eux qui sont le plus souvent d’origine britisher se sentent en quelque sorte plus solidaires de la communauté blanche ; toutefois, ils s’efforcent encore de maintenir des différences, qui devront être légères à l’égard du Parti national, mais plus importantes vis-à-vis des partis indiens, métis et noirs. Lire la suite
Afrique : le temps de l’attente Lire la suite
Dans un Maghreb à la recherche de son identité, les problèmes économiques empêcheront peut-être d’apaiser tout à fait les tensions. L’Algérie ne peut se lancer dans une coopération maghrébine totale en position de faiblesse. Or, il se trouve que la seule force dont elle dispose actuellement, face au Maroc qui jouit de la stabilité acquise par le prestige de la monarchie, est son potentiel économique. Le renoncement aux principes sur lesquels avaient été fondés son organisation politique et son développement, la fragilité d’un pouvoir ébranlé par les émeutes d’octobre 1988 et leur répression, l’impopularité d’une hiérarchie politique et même d’une administration qui furent obligées d’utiliser la violence pour se protéger, la nécessité de trouver des solutions pragmatiques aux problèmes vitaux qui se posent et, à ce propos, l’opposition d’idéologies concurrentes et leur affrontement, risquent d’obliger le pouvoir en place, ou tel autre appelé à lui succéder, à se replier sur lui-même afin de protéger à nouveau le pays des influences extérieures. Car la crise qui menace est plus qu’une crise de régime, c’est l’existence même de la personnalité nationale qui peut être mise en cause. Lire la suite
Pour les Sud-Africains qui examinent le continent africain en partant du Sud vers le Nord, l’Est a beaucoup plus d’importance que l’Ouest, en raison de la géographie et de l’histoire d’abord. Les hautes terres et les voies d’eau qui pénètrent ces espaces ont attiré de tout temps les colons européens venus du Cap : les Boers ont choisi cette direction pour fuir la domination britannique, puis les regards de Cecil Rhodes se sont portés sur elle lorsqu’il rêvait de rejoindre, aux sources du Nil, ceux qui auraient remonté la vallée de ce fleuve en partant d’Égypte ; les Bantous avaient aussi emprunté cette voie à contresens lors de leur migration d’Afrique centrale vers les mers du Sud. Pretoria s’y intéresse ensuite pour des raisons de sécurité. Lire la suite
Le retour de la paix en Afrique australe ne peut être obtenu, nous l’avons déjà remarqué, sans l’évolution progressive et simultanée vers une solution raisonnable des problèmes que connaît cette région. Dans certains cas, des négociations ont débouché sur l’établissement de calendriers précis ; le cheminement des autres est laissé à l’appréciation des tenants des pouvoirs concernés, qui sont soumis aux vicissitudes communes à tout être mortel et, de surcroît, aux méandres que sont obligés de tracer les dirigeants des formations politiques sous les influences contradictoires de leurs partisans. L’évacuation des troupes cubaines d’Angola et la mise en place du processus d’indépendance en Namibie se rangent dans le premier cas ; les réformes constitutionnelles de l’Afrique du Sud et la réconciliation nationale en Angola appartiennent au second, mais, bien que les dirigeants sud-africains ou angolais n’aient pas inclus l’évolution de leur politique intérieure dans un engagement international, celle-ci l’est implicitement : elle aura des effets à la longue sur l’intensité et la nature des condamnations que provoquera, chez les signataires de l’accord et les témoins garants de son application, tout manquement à ses termes. Lire la suite
Aux deux extrémités de la mer Rouge, la situation politique évolue de manière différente. Au nord, la réouverture du canal de Suez et les accords de Camp David (1978) ont permis de régler le contentieux égypto-israélien et de restituer au Caire les territoires occupés, y compris l’enclave de Taba, avec la neutralité attentive de la Jordanie et la bénédiction plus lointaine de l’Arabie saoudite. Dans cette région, pour l’heure, la tension est circonscrite entre Israël et les Palestiniens. Moscou et Washington, en essayant d’élargir leurs alliances sans effrayer leurs alliés respectifs, cherchent à faire déboucher un accord bilatéral sur une conférence générale de la paix qui consacrerait la réconciliation officielle de l’Égypte avec le monde arabe. Ni les États-Unis, ni l’URSS ne sont directement impliqués dans les troubles qui opposent les différents clans palestiniens à Israël, notamment à Gaza, et, plus loin, les divers partis libanais à la Syrie. Les navigations dans le canal et dans le golfe d’Akaba restent libres, ce qui ne peut que satisfaire Le Caire et Tel-Aviv. Lire la suite
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