(1933-2018) Spécialiste français de relations internationales, directeur de recherche émérite au Centre d'études et de recherches internationales (Ceri) de la Fondation nationale des sciences politiques. Lauréat du Prix d'honneur 2011 de la RDN.
La multipolarisation ne change pas seulement le nombre des acteurs, mais la nature de leurs relations et cette transformation ne consiste pas seulement à passer du conflit à la coopération. Il s’agit d’une diversification, ainsi que d’une transformation plus profonde et plus complexe qui fait apparaître de nouveaux clivages et de nouvelles solidarités, et dans laquelle l’influence indirecte et réciproque que les évolutions et les révolutions respectives des différentes sociétés exercent les unes sur les autres prend une importance croissante. Cette influence, jadis gelée à l’époque de la guerre froide par le monolithisme des blocs, est désormais libérée par la détente. Quelle Europe naîtra de cette conjoncture complexe : une Europe dominée par la coopération des deux grands ? Une Europe à dominante atlantique ? Une Europe de l’Oural à l’Atlantique ? Ou bien une Europe européenne et équilibrée ? Cette Europe-là ne se fera pas sans une ferme volonté des Européens, ni, hélas, sans frictions. Lire la suite
Ce qui est aujourd’hui en question dans la thèse de Clausewitz, ce n’est pas la présence de la force ni son importance dans la politique, mais la nature de leur relation. Actuellement paralysée au niveau supérieur, nucléaire, la violence se répand sous diverses formes à l’intérieur des États. La distinction jadis classique de Hobbes entre l’état civil et l’état de nature, caractéristiques respectivement des rapports intra- et interétatiques, s’en trouve singulièrement compliquée. À partir de ces réflexions, voici un essai de prospective concernant les diverses manifestations de la violence et les régions du monde qu’elles peuvent affecter. Lire la suite
Après la décennie 1950 marquée par la guerre froide, les années 1960 constituent une période de transition avec une certaine normalisation des rapports Est-Ouest, marquée par des équilibres locaux s’inscrivant dans la bipolarité du monde. Cependant, les difficultés intérieures propres au bloc soviétique, les évolutions sociétales confrontées à l’idéologie communiste et la question non résolue des nationalismes dans l’Europe de l’Est et du Sud-Est peuvent constituer des sources de pessimisme quant à la paix. D’où la nécessité d’un dialogue intereuropéen plus important dépassant la partition actuelle en deux camps. Lire la suite
L’Europe ne veut ni d’une pax sovietica ni d’une pax americana, pas plus qu’elle n’est disposée à se soumettre à un condominium soviéto-américain. Elle refuse de se laisser enfermer dans les dilemmes dont l’auteur donne maints exemples et dont les deux termes du jargon politique américain traduisent l’alternative : linkage or decoupling ? Lier les problèmes ou les dissocier ? Ces faux dilemmes et ces vrais problèmes, elle veut les surmonter par une attitude de coopération qui n’exclut pas la fermeté et qui rejette la transformation des anciens antagonistes en complices et celle des alliés en antagonistes. Lire la suite
La Conférence d’Helsinki n’a-t-elle été que le « sommet » de la détente ? Ne sommes-nous pas maintenant engagés sur une pente menacée par les orages ? L’Europe, surtout dans sa partie méridionale, est en état d’instabilité politique. Le risque existe donc de la voir basculer du côté du communisme, apportant ainsi à l’Union soviétique, dont l’effort militaire ne se relâche pas, un avantage stratégique considérable. Comment les gouvernements occidentaux doivent-ils réagir ? L’auteur répond en mettant en garde contre les erreurs à ne pas commettre dans l’analyse de la situation et dans l’attitude à adopter à l’égard des forces de changement et face à la puissance militaire de l’Est. Lire la suite
Les Soviétiques souhaitent-ils la victoire des partis communistes occidentaux ? Sont-ils prêts à exploiter la crise économique qui frappe certaines démocraties européennes ? De telles questions ne comportent sans doute pas de réponse unique et certaine. La vision dialectique et mondiale de la « corrélation des forces » convainc l’URSS que celles-ci jouent à long terme en sa faveur, mais elle ne tient à exploiter les processus révolutionnaires que dans la mesure où elle peut en garder le contrôle et éviter en particulier les chocs en retour sur son « imperium » ou sa puissance. L’URSS n’a donc pas fait le choix d’une stratégie définitive et garde toujours « deux fers au feu ». Il importe de le savoir pour une appréciation correcte de la situation en Europe et de l’attitude à adopter vis-à-vis de l’eurocommunisme. Lire la suite
Cet exposé répond à certaines des principales questions que nous nous posions sur l’Asie : celle des implications des conflits asiatiques dans les rapports soviéto-américains et celle de la marge de liberté de la politique européenne à l’égard de la Chine. En 1979, Moscou disposait d’une force bien supérieure et d’une volonté expansionniste bien plus forte que Pékin. L’Europe, bien que marginalisée en Asie, se devait de suivre avec intérêt les évolutions à venir en s’interrogeant sur le futur de la Chine. Puissance en devenir ? Lire la suite
Les trois principaux partis communistes occidentaux, français, italien, espagnol, se sont en apparence ralliés aux thèses officielles de leurs pays respectifs sur la défense militaire. Si les grandes options ne sont pas mises en question, en est-il de même pour les priorités et les arrière-pensées ? Pour pouvoir aspirer au gouvernement de leur pays, ces partis doivent montrer leur attachement à l’indépendance et à la souveraineté nationale, à l’Occident et à ses alliances. L’absence de neuf partis, dont l’espagnol et l’italien, à la conférence des partis communistes européens sur la paix et le désarmement organisée par le PCF consacre cependant une certaine rupture de l’eurocommunisme. L’Afghanistan a apporté un choc supplémentaire, et chaque parti semble prendre, dans son pays, une position originale, mais on verra probablement d’autres changements. Lire la suite
À l’occasion d’un colloque sur « guerres et paix au XXIe siècle », Pierre Hassner revenait sur la théorie du choc des civilisations présenté par Samuel Huntington. Pour le Français, cette thèse comprenait des ambiguïtés, notamment autour de la place de la religion, alors qu’il lui semble nécessaire de prendre en compte les systèmes économiques et politiques face à la modernisation et à la globalisation (aujourd’hui la mondialisation). Avec la question non résolue du lien entre démocratie et individualisme et entre fondamentalisme et « barbarisation ». Lire la suite
La grammaire stratégique classique n’a plus cours. À sa place, des règles incertaines et des frontières diffuses entre politique et stratégie, et deux champs de confusion ; celui des armes nucléaires et celui de l’intervention militaire qu’explore l’auteur. Désordre et contradictions sont désormais les constantes de la dérégulation stratégique, laissant les sociétés incapables de dialoguer entre elles, alors qu’il y a urgence. Lire la suite
L’auteur nous livre une réflexion générale sur les notions de guerre, de stratégie et de puissance, et sur les rapports complexes qu’ils entretiennent au début du XXIe siècle. À la lumière des engagements récents de la France, il les réinterprète en montrant combien la combinatoire actuelle requiert le sens du bon voisinage, la volonté d’équilibre et de compromis pour préserver ce qu’il ne nomme pas, mais qui est au cœur de l’identité, la liberté de choisir son propre destin. Lire la suite
C’est de la régulation stratégique qu’il s’agit dans cette réflexion qui examine comment y contribuent la négociation, la dissuasion et l’intimidation. En convoquant théoriciens et analystes, et en examinant le système international dont il pointe les limites, l’auteur montre qu’elle est plus que jamais fragile. La désorganisation du monde ne cesse de grandir avec un brouillage des différents acteurs, chacun se fixant ses propres règles et réfutant celles des autres. Lire la suite
L’incertitude stratégique que beaucoup ressentent, résulte de fragiles équilibres antérieurs désormais rompus, de l’apparition de nouveaux acteurs et de nouvelles frictions, mais surtout de la crise générale du politique qui est la marque d’un monde en transition rapide. Cette déstabilisation des anciens équilibres s’accroît d’autant plus que les échelles de temps sont désormais distinctes entre les différents acteurs, les uns voulant l’instantanéité et les autres le temps long. Lire la suite
Après un rappel historico-politique, l’auteur expose la complexité et la relativité actuelles, plus grandes qu’à d’autres époques, des notions d’équilibre et de supériorité stratégiques. Il montre comment l’ambiguïté ou la précarité des équilibres conditionnent cette supériorité et imposent le recours à une stratégie vraiment totale, embrassant le long terme et s’appuyant sur une vision globale des réalités du monde. Lire la suite
Cette brève intervention portera sur les rapports qui tendent à s’établir entre les deux « triangles » auxquels nous sommes habitués : États-Unis–URSS–Chine d’un côté, et États-Unis–URSS–Europe de l’autre. L’Europe a-t-elle un jeu qui lui soit propre entre l’URSS et la Chine ou bien est-elle simplement tributaire de ce qui se passe dans le triangle États-Unis–URSS–Chine ou encore dans sa propre région, prise comme elle l’est entre les deux Grands ? Lire la suite
Après un rappel historico-politique, l'auteur expose la complexité et la relativité actuelles, plus grandes qu'à d'autres époques, des notions d'équilibre et de supériorité stratégiques. Il montre comment l'ambiguïté ou la précarité des équilibres conditionnent cette supériorité et imposent le recours à une stratégie vraiment totale. Lire les premières lignes
L’incertitude stratégique que beaucoup ressentent résulte de fragiles équilibres antérieurs désormais rompus, de l’apparition de nouveaux acteurs et de nouvelles frictions mais surtout de la crise générale du politique qui est la marque d’un monde en transition rapide. Lire les premières lignes
C’est de la régulation stratégique qu’il s’agit dans cette réflexion qui examine comment y contribuent la négociation, la dissuasion et l’intimidation. En convoquant théoriciens et analystes, et en examinant le système international dont il pointe les limites, l’auteur montre qu’elle est plus que jamais fragile. Lire les premières lignes
L’auteur nous livre une réflexion générale sur les notions de guerre, de stratégie et de puissance et sur les rapports complexes qu’ils entretiennent au début du XXIe siècle. À la lumière des engagements récents de la France, il les réinterprète en montrant combien la combinatoire actuelle requiert le sens du bon voisinage, la volonté d’équilibre et de compromis pour préserver ce qu’il ne nomme pas mais qui est au coeur de l’identité, la liberté de choisir son propre destin. Lire les premières lignes
La grammaire stratégique classique n'a plus cours. À sa place des règles incertaines et des frontières diffuses entre politique et stratégie et deux champs de confusion ; celui des armes nucléaires et celui de l'intervention militaire qu'explore l'auteur. Lire les premières lignes
Les trois principaux partis communistes occidentaux, français, italien, espagnol, se sont en apparence ralliés aux thèses officielles de leurs pays respectifs sur la défense militaire. Si les grandes options ne sont pas mises en question, se demande l'auteur, en est-il de même pour les priorités et les arrière-pensées ? Pour pouvoir aspirer au gouvernement de leur pays, ces partis doivent montrer leur attachement à l'indépendance et à la souveraineté nationale, à l'Occident et à ses alliances. L'absence de neuf partis, dont l'espagnol et l'italien, à la conférence des partis communistes européens sur la paix et le désarmement organisée par le PCF consacre cependant une certaine rupture de l'Eurocommunisme. L'Afghanistan a apporté un choc supplémentaire, et chaque parti semble prendre, dans son pays, une position originale, mais on verra probablement d'autres changements. Lire les premières lignes
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