Colonel (cr), lauréat en 2008 du prix Amiral Marcel Duval de la revue Défense nationale et sécurité collective, a pris en 1999 sa retraite au Kyrgyzstan d'où il suit l'évolution des pays centre-asiatiques. Titulaire d'un doctorat consacré à l'Asie centrale, il est, sur ce thème, co-auteur du Milieu des Empires (Laffont 1981 et 1992), auteur, entre autres, de La rumeur des steppes (Payot 1999 et 2001), du guide Mondeos Asie centrale (2006) et Voyage au coeur des empires : Crimée, Caucase, Asie centrale (Actes Sud - Imprimerie Nationale, 2009)
Colonel (retd), winner in 2008 of the Admiral Duval prize from Défense nationale et sécurité collective, retired in 1999 to Kyrgyzstan, from where he follows developments in Central Asia.
L’Asie centrale connaît des évolutions contradictoires avec, en particulier, la question sensible de la succession de certains dirigeants. S’y rajoute la relation complexe avec l’Islam, entre radicalisation venue de l’extérieur et nationalisme musulman propre à chacun des États de la zone. Mais des perspectives de développement économique pourraient ouvrir la voie à une nouvelle ère de prospérité. Lire les premières lignes
L’Asie centrale pourrait connaître une déstabilisation inquiétante avec la montée de l’islamisme radical, particulièrement au Tadjikistan et au Turkménistan, qui pourraient être les prochaines cibles des djihadistes, d’autant plus que le népotisme et la corruption accroissent le mécontentement des opinions publiques. Lire les premières lignes
La question du positionnement de la Russie entre Europe et Asie, avec la crise en Ukraine, a remis au goût du jour la notion d’Eurasie, qui donnerait une cohérence et une continuité géographique et de civilisation à un espace où les enjeux stratégiques sont imbriqués et complexes. Lire les premières lignes
Pour esquisser trois scénarios afghans marqués par l'incertitude et le retour aux fondamentaux locaux et régionaux, les auteurs évaluent les parts du rêve, du caché, les facteurs déterminants, les probabilités qui caractérisent la situation de l'Afghanistan à la veille des élections et avant le départ de la Fias fin 2014. Lire les premières lignes
Quand on fait le bilan avec les auteurs d'une décennie de guerre en Afghanistan, ce qui frappe d'abord c'est son coût humain ; puis c'est le rôle central qu'ont pris dans la société afghane la religion et ses clercs, la drogue et ses circuits. Dans ce paysage confus, reste à évaluer l'articulation entre le contexte taliban et la stratégie américaine qui déterminera les scénarios possibles pour une région en danger. Lire les premières lignes
En plaidant pour un nouveau dialogue entre Afghans en 2013, l’auteur qui est un expert engagé et averti du théâtre afghan, appelle à une médiation qui favorisera le jeu libre des forces politiques et ethniques afghanes. Il appelle la Confédération helvétique, mieux préparée qu’aucun autre pays, à jouer ici un rôle décisif. Lire les premières lignes
Cette réflexion éclairée de l’auteur, expert militaire régional, nous porte le message fort d’un livre qui dénonce la dérive technique du combat d’infanterie et prône une autre façon de combattre au XXIe siècle, plus soucieuse de guerre juste face à l’ami impitoyable qu’est l’adversaire d’aujourd’hui en Afghanistan que d’attrition d’un ennemi resté lointain. Lire les premières lignes
Depuis que, le 23 juin 2011, le président Obama a annoncé le retrait américain hors d’Afghanistan en 2014, toute l’Asie centrale regarde avec inquiétude vers le Sud. Les menaces israéliennes de bombardement contre l’Iran viennent encore aggraver les craintes d’une afghanisation du Turkestan déjà fragilisé par ses dissensions internes, le trafic de drogues et l’agitation islamiste ou populaire. Le repli par l’Asie centrale des unités et du matériel du corps expéditionnaire en Afghanistan et la succession à venir des Présidents ouzbek et kazakh ajoutent une touche d’incertitude à un ensemble plutôt préoccupant. Seule une proposition de coopération de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) avec l’Otan et la bonne volonté de Moscou par rapport au retrait via la Russie des troupes de la coalition correspondent à une évolution positive. Il en va de même du projet d’exportation du gaz turkmène vers l’Europe par le gazoduc Nabucco qui paraît à nouveau envisageable. Lire la suite
Dans la zone pachtoune de l’Afghanistan, une lutte devrait être entamée, aux côtés de la Russie et de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), voire de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), contre le terrorisme islamique et le trafic de drogue qui ont partie liée afin d’arracher la zone vitale du Turkestan aux influences étrangères. L’auteur complète ici ses deux précédentes livraisons. Lire les premières lignes
Dans cette deuxième livraison, l’auteur expose le piège centre-asiatique qui pourrait se refermer sur les forces de l’Otan du fait de leur dépendance d’approvisionnement logistique. Car une afghanisation générale de l’Asie centrale se développe selon les deux axes de la drogue et du terrorisme qui se sont renforcés mutuellement. La stabilisation de la zone semble compromise. Lire les premières lignes
Dans cette première partie, l’auteur, un expert reconnu d’Asie centrale, esquisse les conditions dangereuses d’un départ forcé de la coalition en 2014 et offre une grille d’explication régionale à la posture militaire attentiste des États-Unis. Il continue de militer pour un repli rapide du dispositif sur l’Asie centrale. Lire les premières lignes
« Un cyclone approche de l’Asie centrale, alliant les stupéfiants, la criminalité et les émeutes ». Ce sombre tableau a été dressé, le 16 mars 2011, par le directeur du Service russe de contrôle des drogues. Le Turkestan, pourtant, a pu résister aux tentations du « printemps arabe » et connaît même des évolutions encourageantes. Il n’en reste pas moins que toute la région commence à souffrir, Kazakhstan et Xinjiang en tête, d’une instabilité chronique qui ne laisse pas d’être inquiétante. Lire la suite
Kyrgyzstan : Bon courage, Rosa !
- René Cagnat - 6 pagesPoint de vue d’un ancien colonel sur la situation actuelle au Kirghizistan : un tableau plutôt sombre y est dressé, entre obstacles internes et obstacles externes, la stabilité du pays semble précaire...
Le 5 janvier 2011, un commando islamiste a été encerclé dans la banlieue même de Bichkek. Ce commando, après avoir déposé des bombes, organisé des attentats et exécuté trois miliciens, a été massacré à son tour. Mineur en apparence, cet événement est d’importance. Il marque, après six mois de troubles au Tadjikistan comme au Kyrgyzstan, l’entrée en scène de la crise afghane jusqu’au cœur de l’Asie centrale. Ce début d’enlisement dans le bourbier afghan est confirmé par la participation de tous les pays centre-asiatiques, chacun à leur manière, au transit qui compense les difficultés d’approvisionnement rencontrées par la coalition au Pakistan : ce transit concerne par voie terrestre, le Réseau de distribution nord (RDN) (1) et par air, la Route nord (2). Hormis cette afghanisation rampante du Turkestan, le seul événement d’importance stratégique ces sept derniers mois est représenté par la visite au Turkménistan, le 15 janvier, du président de la Commission européenne : est en jeu le projet du gazoduc Nabucco, c’est-à-dire l’approvisionnement en gaz de l’Europe. Lire la suite
« Deux Glorieuses » à peine – les 6 et 7 avril – et le peuple kirghize aura évincé un régime exécré. Non sans pertes : le chiffre annoncé de 87 morts témoigne d’une véritable révolution, stupéfiante dans une région centre-asiatique tenue par les pires dictatures. Le gouvernement provisoire en devient une anomalie, une sorte de kyste qu’il faudra résorber de crainte que la « contamination démocratique » ne s’étende. Lire la suite
Alors que les dirigeants d’Asie centrale se chamaillent, les grandes puissances s’efforcent d’accaparer les richesses de la région. Cependant, grâce à leur diplomatie « pluri-vectorielle », les chefs d’État locaux savent dorénavant faire jouer la concurrence. Cela s’est traduit, ces derniers mois, par des accords majeurs, notamment d’ordre énergétique, modifiant quelque peu l’équilibre géostratégique de la région. Lire la suite
L’Amérique et l’Otan ont déjà perdu la guerre en Afghanistan, selon l’auteur. Les conditions et les limites d’un retrait doivent être envisagées alors que le corps expéditionnaire est encore crédible. Différentes constatations amènent à penser qu’en y mettant le prix un redéploiement en Asie centrale serait non seulement possible mais aussi judicieux. Lire les premières lignes
Cet ouvrage tout en nuances, mysticisme et délicatesse contraste avec le Oui à la Turquie (1) de Michel Rocard, paru voici quelques mois : le plaidoyer flamboyant de l’homme d’État survolant l’Histoire est ici tempéré par le scepticisme en demi-teintes du jeune humaniste trébuchant sur les chemins poussiéreux d’Asie mineure. Lire la suite
Le général d’armée aérienne (2S) Bernard Norlain, président du Comité d’études de défense nationale (CEDN), directeur de la revue Défense nationale et sécurité collective a remis, le 27 novembre 2008, le « Prix Amiral Marcel Duval » récompensant le meilleur article paru dans la revue Défense nationale et sécurité collective. Le jury, présidé par le général d’armée (2S) Christian Quesnot, président d’honneur du CEDN, a attribué à l’unanimité le prix à M. René Cagnat pour ses articles « La galère afghane (I) : état des lieux » (mai 2007) et « La galère afghane (II) : que faire ? » (juin 2007). Le fonds « Amiral Marcel Duval » est géré par Mme Waquet-Rouge de la Fondation de France. Voici son discours de remerciement. Lire les premières lignes
Version élargie d’un exposé effectué en russe au Kyrgyzstan, le 21 octobre 2008, à l’ouverture du forum de la Fondation franco-suisse pour le progrès de l’homme (FPH), consacré à l’avenir de l’Asie centrale et à l’éthique de ses forces armées.
Dans un précédent article (Défense nationale et sécurité collective, mai 2007 : « La galère afghane : état des lieux »), l’auteur a montré comment l’action de l’Otan en Afghanistan passe à côté de l’essentiel : la lutte contre la drogue. Il a souligné aussi combien les Américains et leurs alliés se sont fourvoyés au point d’indisposer une population qui, à l’origine, leur était favorable. Alors que l’Organisation atlantique est prise dans une spirale interventionniste, il importe de se demander pourquoi nous combattons en Afghanistan. La réponse permettra d’envisager soit la poursuite de l’expédition et les sacrifices que cela représente, soit un repli de l’Otan et l’entrée en lice de forces nouvelles.
Les Américains ont opportunément confié à l’Otan le fardeau de leur expédition punitive en Afghanistan. Du fait de leurs erreurs, ce qui aurait pu être une guerre de libération est devenu une guerre d’occupation, pour ne pas dire une guerre perdue. Comme l’Union soviétique naguère, l’Organisation atlantique, dont le prestige est en jeu, est entrée dans une spirale interventionniste exigeant de plus en plus de renforts et d’armement. Avant qu’il ne soit trop tard, il est donc temps soit de se battre pour de bon, avec des méthodes nouvelles, tant pour la tactique de combat que pour la pacification ; soit de se retirer d’un conflit qui peut mener à la catastrophe. Lire les premières lignes
Le centre de gravité de l’Asie centrale se déplace aujourd’hui de l’Ouzbékistan vers la Caspienne, en particulier vers l’Azerbaïdjan. Plusieurs impératifs, qui tous s’imposent à Washington, concourent à cette évolution : tout d’abord la pression, voire la gesticulation, que les États-Unis sont en train d’agencer autour de l’Iran pour l’amener à renoncer à ses ambitions nucléaires ; ensuite la nécessité pour les Américains, qui ne sont en force ni au Caucase ni en Asie centrale (Cf. « Asie centrale : la poudrière et les allumettes » in Défense Nationale, avril et mai 2005), d’assurer la surveillance du pétrole caspien en passe d’affluer en Méditerranée orientale ; enfin l’intérêt pour la Maison-Blanche de prendre à revers la Russie, puissance qui lui résiste encore et qui peut peser lourdement à l’avenir sur ses approvisionnements en gaz. Toutes ces exigences désignent dans l’immédiat un Schwerpunkt, l’Azerbaïdjan, mais aussi, à terme, un enjeu principal : le Kazakhstan et ses ressources. La partie qui commence pourrait faire passer du « Très Grand Jeu », de plus en plus mouvementé, aux grandes manoeuvres où les pressions, voire l’intimidation, seront monnaie courante. Acculés dans leurs retranchements, mais disposant encore de quelques atouts, les Russes et les Iraniens tiendront-ils face à la percée américaine ? Les Russes resteront-ils du côté des Iraniens ?
Dans un précédent article, la collusion des puissances entourant l’Asie centrale – Russie, Chine et Iran – face à « l’intrus américain » a été décrite. Depuis, l’engagement limité, mais évident, des États-Unis en faveur de la révolution kirghize des tulipes vient d’indisposer encore plus les dictateurs locaux : qu’ils soient ouzbek, turkmène, tadjik ou kazakh, les despotes centre-asiatiques, qui se tournent de plus en plus vers Moscou, s’attendent désormais au pire de la part de Washington. Ils n’ont pas tort : l’inévitable effet « domino », qui s’exercerait à partir d’une Kirghizie devenue démocratique, risquerait de susciter au coeur de la région une explosion aux effets incalculables. Aussi, dans le cadre d’une exacerbation du « Très Grand Jeu », peut-on s’attendre, si le nouveau pouvoir à Bichkek joue la carte américaine ou ne contrôle pas la situation intérieure, à l’instauration d’un véritable « cordon sanitaire », y compris par la Chine, autour de la petite république. L’installation d’une véritable démocratie est-elle possible en Kirghizie alors que le grand vainqueur, à l’issue des récents événements, n’est autre que la narcomafia qui étend son emprise sur le Sud du pays ?
Si les États-Unis soutiennent au Kirghizstan, dans les prochains mois, comme ils semblent s’y préparer, une « révolution démocratique », l’Asie centrale est, peut-être, à la veille d’une crise grave. Cette révolution, dite « jaune » ou « des tulipes » promet en effet, étant données les spécificités kirghizes et centre-asiatiques, de ne pas être « de velours ». De plus, l’expression du mécontentement populaire peut faire tache d’huile bien au-delà des frontières du petit Kirghizstan. Les Américains dans la zone n’ont plus l’initiative face au retour en force des Russes, l’arrivée des Chinois, voire l’obstination nucléaire des Iraniens. Ils risquent par un engagement imprudent de susciter une exacerbation du « Très Grand Jeu » qu’ils mènent depuis leur arrivée au Turkestan voici à peine trois ans. Cela se fera au détriment des populations locales et de leur nécessaire démocratisation. Cette dernière doit être menée avec patience et réalisme. L’application aveugle et hâtive par Washington d’un modèle inadapté risque d’annihiler les progrès effectués, notamment en Kirghizie, en faveur d’une société libérale.
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