Ancien ambassadeur, essayiste et enseignant, auteur de Ukraine, février 2023, Éditions Hémisphères, Maison Larose, 2023, 465 pages.
Aujourd’hui, on parle de plus en plus de troisième guerre mondiale. Les uns considèrent qu’elle a déjà commencé, les autres redoutent que nous y plongions si les alliés de l’Ukraine franchissent de nouvelles lignes rouges en lui livrant des avions de chasse en grand nombre, ainsi que des missiles à longue portée type ATAMC. On oublie que le pape François avait évoqué la « guerre mondiale en morceaux », dès 2019. Le Président Macron a évoqué, bien avant la pandémie – et il ne fut ni le premier ni le seul, dans les années 1930, avec la recrudescence des nationalismes –, la xénophobie, la montée des régimes autoritaires, les flambées populistes, le rejet des élites mondialisées. L’ouvrage de Paul Jankowski, professeur d’histoire à la Brandeis University, écrit en 2020, éclaire fort bien le chemin qui a mené à la déflagration mondiale de 1939-1945, ce qui nous permet de comparer la situation mondiale actuelle à celle qui l’a précédé, il y a 90 ans. Cependant estime-t-il, s’il fallait chercher une période ressemblant à celle que nous traversons (c’était avant la guerre en Ukraine), celle des années 1900 serait sans doute appropriée. Au début du XXe siècle, en effet, les flux transnationaux de populations, de biens et de capitaux furent, à la fois, source de globalisation et de mesures protectionnistes. Disons qu’actuellement les poussées protectionnistes prennent le dessus. Les trois lois votées par le Congrès sur les infrastructures, les microprocesseurs (Cheaps Act) et les énergies vertes et domestiques, l’IRA (Industial recovery Act), qui prévoient la somme astronomique de 2 000 milliards dollars d’investissements, d’aides et de soutiens divers, montrent bien que l’on s’achemine vers un fractionnement du monde en blocs économiques. Les États-Unis entendant se réindustrialiser sans prendre en compte la situation de ses alliés européens, handicapés par des prix élevés de l’énergie, préoccupée de ne pas se faire distancer par la Chine. Par ailleurs, ces années 1900 ont vu la floraison de multiples concepts qui resurgissent avec force depuis une décennie. Des conceptions telles que le « Péril jaune » (traduisons « chinois »), la « White Australie », le suprématisme blanc et la « France d’abord » se retrouvent sous d’autres cieux. Émergèrent alors des lois restreignant l’immigration aux États-Unis et les fantasmes pangermaniques apparaissaient à Berlin ou à Vienne. Les grandes puissances s’inquiétaient de la position qui serait la leur dans le siècle qui commençait. Une nouvelle école géopolitique apparaissait. Néanmoins, si ces années 1900 présentent bien des traits avec notre époque c’est bien celle des années 1930 qui provoque les frissons les plus intenses. Des démagogues exploitèrent alors des haines nationales ou ethniques pour s’emparer le pouvoir ou le conserver. L’internationalisme, qui prenait la forme d’organisation mondiale – la Société des nations (SDN) de Genève, qualifiée d’« usine à paroles » –, d’associations transnationales, de sociétés civiles, de révolution mondiale, de libre-échange, d’ouverture des frontières, de sécurité collective et de rivalités entre les puissances, fut taillé en pièces. À Genève 64 nations furent convoquées en février 1932 à la Conférence sur le désarmement au moment même où les Japonais bombardaient Shanghai. La confiance entre les nations en fut ébranlée. Sur les murs de Genève, un placard du Journal de Genève titra : « Nouvelle conférence de paix / Les Japonais bombardent Nankin ». On s’achemina peu à peu vers la guerre, processus que décrit fort minutieusement l’auteur. Aussi, ces années 1930 sont restées profondément ancrées dans la conscience collective, car c’est à leur encontre que les dirigeants occidentaux ont agi à la fin des années 1940, et depuis le 24 février 2022. Bien des tendances qui ont marqué ces années 1930 ont resurgi ces dernières années. D’une part l’isolationnisme d’un Donald Trump, qui est celui du quart des Américains aujourd’hui, d’autre part l’apaisement (appeasement), qui fut celui de certains pays européens vis-à-vis de la Russie. On a vu la même opposition entre les libéraux, prônant la paix par le droit, le dialogue et la sécurité collective, et les réalistes, réduisant la vie internationale aux gladiateurs de Hobbes. La quête des espaces et la défense de la race, le rêve de la grandeur retrouvée, hier celle de l’Italie et de la Hongrie, aujourd’hui celle de la Russie, de la Chine, de la Turquie néo-ottomane et de l’Iran. Est-ce anodin, si la Turquie, membre de l’Otan, a demandé en septembre dernier à rejoindre l’Organisation de la coopération de Shanghai (OCS) ? Tous les pays sont en quête de sécurité, comme le furent jadis l’URSS, la Pologne et la France. On retrouve, ici et là, les mêmes ingrédients : mythologies nationales, revendications des masses, sentiment d’humiliation, d’affront, qui suscitent le ressentiment. L’histoire se répète : en bombardant Shanghai en 1932, les Japonais n’ont assuré que venir au secours de leurs compatriotes et ils furent bien étonnés de la résistance opiniâtre que leur opposèrent les Chinois. En déclenchant son « opération militaire spéciale », Vladimir Poutine entendait surtout venir en aide aux russophones du Donbass, menacé selon lui de génocide par la « clique néo-nazie de Kiev ». Walter Lippman – qui popularisa l’expression de « guerre froide », qu’il reprit de George Orwell en 1947 –, au moment où l’Europe prenait progressivement le chemin de la guerre, lançait un appel, depuis New York, aux peuples du monde à propos de ces « querelles imbéciles qui pourraient être tranchées en quelques semaines en faisant preuve de simple bon sens ». Imbéciles, peut-être, mais pas si faciles à régler : on l’a vu encore lors de négociations Russie-États-Unis, et Russie-Otan et OSCE les 10, 11, et 13 janvier derniers au sujet de l’architecture européenne de sécurité et de l’Ukraine.
« La Russie, c’est le Congo plus la bombe atomique », « La Russie est le 55e pays d’Afrique ». Au-delà de telles boutades, déjà bien anciennes, les lecteurs se demanderont pourquoi se lancer dans une telle comparaison, d’évidentes différences existant entre la Russie et l’Afrique. L’intérêt du sujet est pourtant réel, surtout au moment où, malgré la guerre en Ukraine, la Russie poursuit sa pénétration en Afrique, avec visiblement certains succès, comme l’a montré le récent exemple du Burkina Faso. Lire la suite
C’est sous ce titre que Thierry Coville, chercheur à l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris) présente l’Iran d’aujourd’hui, alors que le mouvement de protestation politique, qui a déjà provoqué près d’un millier de victimes, n’avait pas encore commencé. Le pays des mollahs s’appuie de plus en plus sur les autres autocraties, Russie et Chine, qu’il a rejointes au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai, intégrée le 15 septembre 2022, lors du sommet de Samarkand. On sait que Téhéran aspire à devenir la principale puissance régionale au Moyen-Orient, mais pourra-t-il accomplir ce vœu, tant que son économie sera en crise. Il dépend toujours des exportations pétrolières – 3e réserve mondiale, 40 % des exportations et 33 % des revenus de l’État –, mais les sanctions restreignent sa production à 1,5 million de barils par jour, alors qu’il pourrait en réaliser trois fois plus. Depuis 2005, ses exportations ont été divisées par quatre. C’est surtout dans le gaz naturel que l’Iran pourrait jouer un rôle considérable, possédant les deuxièmes plus grandes réserves mondiales, alors qu’il n’en exporte que 6,6 milliards de dollars en 2019, soit 1 % des exportations mondiales, contre 14 % pour la Russie en 2021. Lire la suite
Parmi les livres – Géopolitique de la mer et Indo-Pacifique (T 1465)
- Eugène Berg - 3 pagesDans son tour d'horizon géopolitique, l'ancien ambassadeur Eugène Berg analyse trois ouvrages qui reviennent sur le thème important de l'Indo-Pacifique avec le prisme de l'enjeu maritime dans les questions géopolitiques du moment.
Le thème de la décadence de l’Occident, guère nouveau, fait florès. Toutefois, il prête à malentendu, car on confond trop souvent Occident et démocraties, et avec l’affaiblissement du premier on a cru que les autocraties avaient le vent en poupe, étant apparemment plus « efficaces » dans la lutte contre la Covid-19. Or, il n’en a rien été comme le montrent les mouvements de protestation en Chine et en Iran, alors qu’en Russie les opposants ont voté avec leurs pieds en quittant massivement le pays, qui voulait les envoyer mener une guerre fratricide. Lire la suite
Il est encore trop tôt, malgré une guerre de haute intensité, d’entrevoir une sortie de crise. Trop d’inconnues à ce stade du conflit mais une certitude, la Russie s’enfonce dans un chaos dramatique tandis que l’Ukraine malgré les souffrances endurées, incarne la ténacité et l’espoir de la liberté. Lire les premières lignes
L’entrée dans une nouvelle ère (1/3) Le choc de la guerre (T 1449)
- Eugène Berg - 12 pagesEugène Berg nous présente son traditionnel panorama des atlas stratégiques. Il analyse la manière dont le retour de la guerre en Europe avec l'invasion de l'Ukraine par la Russie rebat les cartes de l'ordre international et les prévisions de l'environnement stratégique pour 2023.
L’entrée dans une nouvelle ère (2/3) Le duel sino-américain conduira-t-il à la guerre ? (T 1450)
- Eugène Berg - 3 pagesDans cette deuxième partie de son parcours des atlas stratégiques 2023, Eugène Berg fait le point sur les publications qui ont trait à la rivalité entre les États-Unis et la Chine.
L’entrée dans une nouvelle ère (3/3) L’Afrique face au monde (T 1451)
- Eugène Berg - 4 pagesDans cette dernière partie de son panorama des atlas 2023, Eugène Berg s'intéresse aux enjeux africains.
L’Ukraine parmi les livres (T 1438)
- Eugène Berg - 8 pagesL'auteur, ancien diplomate, analyse 10 récents ouvrages consacrés à l'Ukraine et à son histoire avec la Russie jusqu'aux premières analyses du conflit actuel.
Paru en janvier, cet ouvrage commence par ces mots : « Sommes-nous entrés dans une ère de confrontations nouvelles et permanentes, bien qu’imperceptibles pour le profane ? La crainte d’une invasion militaire “à l’ancienne”, du côté de l’Europe occidentale s’est en partie estompée. Les abris antinucléaires de guerre froide obsèdent moins les esprits. » Heureusement que Frédéric Charillon, ancien fondateur et dirigeant de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire, ne mentionne ici que l’Europe occidentale, et non la centrale et l’orientale. De plus, la guerre, qui a éclaté subitement à 5 heures du matin le 24 février, l’a été dans ce que Georges Nivat, grand connaisseur de Soljenitsyne, a nommé la troisième Europe. C’est dire que si nous vivons dans le même espace – Kiev n’est qu’à trois heures de vol de Paris – nous ne vivons pas dans le même temps historique. Lire la suite
Parmi les revues – États-Unis, Amérique latine, deux destins divergents ? (T 1421)
- Eugène Berg - 4 pagesAncien ambassadeur, l'auteur analyse deux revues (Hérodote et Questions internationales) qui ont consacré un numéro respectivement aux États-Unis post-Trump et à l'Amérique latine.
Une fois de plus, l’attention s’est portée sur la Russie. Que n’a-t-on cité depuis qu’a été prononcée, dans les années 1940, la fameuse phrase de Winston Churchill : « La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d’une énigme », ajoutant que la clé pour résoudre cette énigme, nous la tenons : c’est l’intérêt national russe. L’actuelle crise, qui s’est cristallisée, depuis novembre 2021 à propos de l’Ukraine, et au-delà de toute l’architecture de sécurité en Europe, démontre bien qu’à Moscou et dans les capitales de l’« Occident global », on est loin de partager les mêmes conceptions et perceptions sur les intérêts légitimes de sécurité. Pour se plonger plus avant dans les réalités de la Russie, le lecteur dispose d’un certain nombre d’ouvrages lui permettant de se forger une opinion plus solide sur l’affrontement actuel des volontés, tant pour analyser son comportement sur la scène européenne et mondiale, que pour passer en revue les divers volets de la vie politique, de l’économie, de la société et de l’histoire russe, en particulier la riche et prometteuse histoire des relations franco-russes. Lire la suite
Vladimir Poutine, arrivé à Bucarest le 2 avril 2008 dans le cadre du Conseil de la coopération Otan-Russie au deuxième jour du Sommet de l’Otan, se tournant vers George W. Bush lui glissa à l’oreille : « George, comprenez-vous que l’Ukraine n’est même pas un État. Qu’est-ce que l’Ukraine ? Une partie de son territoire se situe en Europe centrale, mais la plus grande partie a été donnée par nous. » Selon certaines versions, Vladimir Poutine n’aurait pas dit alors « que l’Ukraine n’existe pas », mais il le pensait, car il l’a répété de nombreuses fois par la suite et l’a écrit dans son article fleuve du 12 juillet 2021. Il a agi en conséquence, et en 2014 au sujet de la Crimée, et en 2022 en envahissant l’Ukraine ! Cependant, dès avril 2008, ses propos qui, pour lui, n’étaient qu’une pure constatation, apparurent comme un avertissement et interprété comme une menace. A-t-on tenu compte de cette menace et l’avait-on vraiment prise au sérieux ? « En général, quand les Russes font des menaces, ils les exécutent », avait pourtant averti Toomas Ilves, président de l’Estonie (2006-2011) (1). Lire la suite
La guerre qui a éclaté aux premières heures de ce 24 février 2022, a projeté l’attention mondiale sur l’Ukraine, qui certes n’a jamais été inconnue, mais dont l’histoire, la culture et la langue, la politique et les orientations extérieures sont longtemps restées dans l’ombre de son puissant voisin et « pays-frère ». Si les livres sur la Russie et sur Vladimir Poutine abondent depuis déjà plus de vingt ans, beaucoup plus rares sont les ouvrages accessibles permettant de saisir ce qu’est en définitive l’Ukraine ? Qu’est-elle ? Quelles sont ses aspirations ? Quel sera son destin ? D’ores et déjà, deux biographies, écrites dans le vif de l’action, portent sur Volodymyr Zelensky, cet ancien comique devenu un héros shakespearien, incarnant à merveille l’héroïsme de son peuple, qu’il sait décrire et projeter avec des mots simples. Lire la suite
La Russie à travers les livres (juillet-août 2022) (T 1416)
- Eugène Berg - 4 pagesPeu de livres sont parus sur la Russie depuis le 24 février 2022, début de l’invasion russe en Ukraine, mais on peut glaner quelques titres nous permettant de percer l’énigme russe. On y retrouve toujours les mêmes thèmes : instrumentalisation et réécriture de l’histoire, nationalisme et valeurs traditionnelles, réaffirmation de puissance. Tous ces ingrédients étaient en germe depuis longtemps, mais qui aurait pu prévoir qu’ils éclateraient de manière aussi vive, élargissant chaque jour le fossé entre la Russie et, comme elle le nomme, « l’Occident collectif », au point de le rendre irréversible.
La crise ukrainienne parmi les livres (T 1407)
- Eugène Berg - 9 pagesL'auteur, ancien ambassadeur et spécialiste de la Russie, analyse dix ouvrages sortis ou republiés ces deux dernières années consacrés à l'histoire et à la géopolitique de l'Ukraine, à l'origine de son nom ou à son Président devenu un héros médiatique depuis l'invasion russe du 24 février 2022.
L’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, mission impossible ? Une histoire compliquée (T 1403)
- Eugène Berg - 9 pagesL'auteur, ancien ambassadeur, revient sur l'histoire compliquée de l'éventuelle entrée de l'Ukraine dans l'Otan, au cœur des tensions Russie-Occident depuis la fin de la guerre froide.
L’histoire récente de l’Algérie est un domaine aussi fécond que complexe. Son historiographie est déséquilibrée note d’emblée Pierre Vermeren, devenu ces dernières années un des spécialistes de l’histoire du Maghreb et des relations entre les deux rives de la Méditerranée. Quatre séquences se chevauchent, ressortent de son passé moderne et contemporain : la période ottomane oubliée, mais que Recep Tayyip Erdogan voudrait faire resurgir, la période coloniale, labourée en tous sens et par combien d’historiens, celle de la guerre d’Algérie, surinvestie, mais sur laquelle le regard reste passionné, comme l’atteste le refus des Algériens de se retrouver, ne serait-ce que partiellement dans les conclusions du rapport Stora. Celle de l’Algérie indépendante, depuis 1962, presque ignorée, sauf par les spécialistes du tiers-mondisme, du non-alignement, qui ont relaté les heures du leadership algérien entre les années 1965-1975, lorsqu’Alger est devenue La Mecque des mouvements de libération nationale. Lire la suite
Rarement depuis sa sortie – il y a trente-six ans – la lecture du rapport Cyclope, la synthèse la plus complète qui soit sur les matières premières et divers marchés, à laquelle 64 auteurs ont participé, n’aura été aussi utile, voire nécessaire. Après une année 2021 marquée par une triple crise « majeure », énergétique, agricole et logistique, la guerre, déclenchée le 24 février par la Russie contre l’Ukraine, a d’ores et déjà ébranlé la plupart des marchés stratégiques. Ceux-ci avaient déjà, selon l’indice Cyclope, augmenté de 49 % en moyenne annuelle. Certains produits, ont connu des hausses bien supérieures comme le gaz naturel Europe (+ 397 %) , le fret conteneurs (+ 287 %), l’acier États-Unis (+ 170 %), le charbon Europe (+ 136 %), les engrais Maroc (+ 100 %). Déjà bien avant que les canons ne se soient mis à gronder, la sortie de la Covid-19 avait considérablement tendu bien des marchés comme celui du fret maritime, qui a atteint des sommets sans précédent. Lire la suite
L’actuelle guerre en Ukraine, que la Russie présente désormais comme la « Troisième Guerre mondiale », ou une guerre menée par la Russie contre l’ensemble des pays de l’Otan, se présente aussi, pour les analystes américains comme une guerre sino-américaine par acteurs interposés. En tout cas, même si l’on n’adhère pas à ce point de vue, l’actuel conflit, qui est loin d’être achevé, jette une lumière nouvelle sur un autre qui s’est étiré des décennies et qui a mis aux prises de nombreuses puissances. De fait, toute la période de colonisation française avait vu s’opposer trois impérialismes démontre François Joyaux : celui du Vietnam, celui de la Chine et celui de la France. En luttant pour son indépendance, le Viet Minh, entre 1945 et 1954, n’avait cessé de lutter concurremment pour l’unité du Vietnam et pour la libération du Cambodge et du Laos. L’empire d’Annam avait mis deux mille ans pour éliminer les populations et les États – notamment le Champa et l’Empire khmer dans le delta du Mékong – qui entravaient sa « marche vers le Sud », puis coloniser patiemment le Centre et le Sud. Lire la suite
La géopolitique des espaces maritimes est l’étude des océans et des mers en tant que territoires dominés, partagés ou disputés par les États pour des questions de prestige, de domination ou d’exploitation économique. Les espaces maritimes couvrent 71 % de la Terre, soit 361 millions de km2, et constituent le plus vaste des écosystèmes de la planète. C’est le poumon du monde : la moitié de l’oxygène terrestre est produite par le plancton océanique et le quart des émissions de CO2 que nous produisons est aujourd’hui absorbé par la mer. Depuis 1950, l’océan a déjà absorbé plus de 90 % de l’excès de chaleur, ce qui, outre son réchauffement, se traduit par une acidification croissante avec toutes les conséquences que cela entraîne sur les pêcheries, le climat, les courants marins. La montée du niveau des mers, passée d’un taux moyen de 3 à 4 millimètres à 5 ou 6 millimètres par an finira par submerger de nombreuses populations, ce qui provoquera des millions de réfugiés climatiques. Lire la suite
Économiste de formation Alexandre Keltchewsky a effectué une carrière diplomatique qui l’a conduit à trois reprises en URSS (1976-1980) puis à Moscou (1993-1995) et à Saint-Pétersbourg en 1998-2002. Il a été en poste à Belgrade de 1986 à 1990, puis a été chef de mission de l’OSCE à Astana, non sans avoir été en poste à Vienne, ce qui fait qu’il a consacré toute sa carrière aux relations Est-Ouest. Cela lui permet de décrire les événements auxquels il a été témoin, ou même acteur en tant que responsable de missions d’observation de la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) en ex-Yougoslavie, en les replaçant dans toute leur complexité et leur longue durée. Lire la suite
Désormais, tout ouvrage de stratégie et de géopolitique sera certainement examiné sinon jugé à l’aune de la guerre en Ukraine, surtout s’il traite de la puissance dans toutes ses formes et ses manifestations. On n’imputera pas à Frédéric Encel d’avoir conclu son ouvrage par cette note optimiste : « Il est en cette fin du premier tiers du XXIe siècle un authentique motif d’optimisme : on n’a jamais autant négocié. Le constat peut paraître évident, poursuit-il, si l’on considère que la capacité technique à discuter, échanger, débattre et – donc – négocier – s’est si tellement perfectionnée, notamment grâce aux moyens de communication, que la planète est devenue un village planétaire. » Lire la suite
Irak, Syrie, Liban, Yémen, Libye : la liste des États arabes en faillite est imposante et menace directement l’Europe. Échec du confessionnalisme politique au Levant et en Irak, dans le contexte d’une guerre confessionnelle entre sunnites et chiites, également étendue au Yémen, absence d’identité commune en Libye. C’est tout un modèle étatique de l’État-nation, importé par les puissances européennes au moment de la colonisation de ces pays par la France, la Grande-Bretagne et l’Italie, qui sombre dans un chaos généralisé. À l’exception du Yémen, ces États sont des créations coloniales qui se sont souvent imposées contre des majorités qui ont été vaincues militairement. Ce fut particulièrement vrai pour l’État irakien, l’État syrien et en Libye. Lire la suite
Un an après le début de l’invasion de l'Ukraine par la Russie, quel est le bilan de l’action de l’Union européenne, de sa politique de sécurité et de défense et de sa solidarité avec l’Ukraine ? Le centre Europe Direct de la mission Europe du département de Seine-et-Marne initie un dialogue participatif entre le public, des élus et des experts sur le campus de Melun de l’Université Paris-Panthéon-Assas (Paris 2)
Avec la présence de :
Jean-Louis Thiériot, député de Seine-et-Marne, vice-président de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale
Anne de Tinguy, historienne et politologue, spécialiste de la politique étrangère de la Russie et de l’Ukraine
Jean-Vincent Holeindre, professeur de sciences politiques, directeur du Centre Thucydide, centre de recherches en relations internationales (Paris 2)
Modération des débats par Marie-Christine Vallet, journaliste spécialiste des questions européennes.
À 18 h 30, amphithéâtre Reine Blanche du campus de Melun de l’Université Paris-Panthéon-Assas – 19, rue du Château 77000 Melun
Sur inscription : https://www.seine-et-marne.fr/fr/inscription-conference-conflit-russo-ukrainien
Colloques, manifestations, expositions...
Institutions, ministères, médias...