À l’instant où se cherchent, non sans difficultés, à Tananarive les bases d’une nouvelle politique de coopération, cet ouvrage vient fort à propos nous rappeler les liens qui nous unissent à la « Grande île ». Mais l’histoire que nous propose ici Hubert Deschamps n’est pas seulement, il s’en faut, celle de nos approches et de notre conquête. Nos soixante-cinq ans de vie commune ne sont en effet qu’une péripétie dans une « marche à l’unité » qui nous apparaît depuis les origines de ce pays singulièrement cohérente et progressive. Lire la suite
Au rythme d’une prolifération exponentielle qui a déjà paralysé et peut-être détruit la moitié du potentiel de notre écosphère, il ne nous reste que fort peu de temps pour sauver l’autre moitié et qu’un espoir très mince de reconstituer l’intégrité de ce capital. Faut-il donc se résigner à freiner cette croissance d’où viendrait le mal et n’obtenir, au mieux, qu’une rémission de celui-ci ? Faut-il la condamner à la régression au risque de déséquilibres plus graves encore ? Non, affirme Robert Lattes, mais il est possible, s’inspirant des modèles proposés par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et le Club de Rome, d’imaginer une économie nouvelle, donc une politique, dont l’objectif ne serait plus une élévation constante du niveau de vie mais un genre de vie plus conforme à nos aspirations de justice, d’équité, de bien-être social. Entre le laisser-faire et l’arrêt brutal, il faut trouver un passage dont le but serait d’élever le taux « de bonheur mondial brut » d’une humanité devenue solidaire dans un projet unique de civilisation. Lire la suite
Le 2 octobre 1944, le général Komorowski, commandant l’Armée polonaise de l’intérieur, présentait sa reddition à son adversaire allemand, le général von dem Bach. Ainsi trouvait son épilogue la plus amère tragédie de la Seconde Guerre mondiale. Le 4 octobre, conformément à la décision de Hitler, nouveau Scipion, était entreprise la destruction systématique de Varsovie, autre Carthage, ou du moins ce qu’il en restait après soixante-trois jours de combats sans merci pendant lesquels les insurgés avaient défendu leur capitale quartier par quartier, rue par rue, maison par maison et parfois, on le verra, étage par étage. 16 000 tués chez les défenseurs, 26 000 chez les assaillants, plus de deux cent mille civils fusillés, morts de misère, de faim, de soif, ensevelis sous les décombres d’une des plus belles villes du monde ! Trente ans après, l’on peut se demander le pourquoi d’un tel sacrifice. Lire la suite
L’épaisseur de ce livre et la densité de sa typographie pourraient décourager le lecteur le plus intrépide. Qu’il se donne la peine de lire la préface et il n’en aura plus à courir jusqu’à la conclusion. Avec Angus Calder qui, s’il n’a pas tout vu, a tout retenu, nous nous engouffrons dans les abris de Londres pendant les nuits d’apocalypse, nous parcourons les rues dévastées, nous courons nous réfugier dans la campagne anglaise, nous visitons des usines d’armement, nous piétinons à la porte des boutiques, nous hantons les pubs, nous écoutons la BBC où, sur un fond d’explosions et de sirènes, l’inamovible et irremplaçable Winston Churchill stimule son « peuple en guerre ». Lire la suite
La piraterie est vieille comme les navires, nous dit Hubert Deschamps. Certains faits divers nous portent à croire qu’elle est éternelle. Elle s’est contentée, pour survivre, d’établir sa coupable industrie dans un autre élément. Lorsqu’il n’y eut plus, dans les riches eaux des Caraïbes, de galions à piller ni d’Espagnols à pourfendre, les « gentilshommes de fortune » se virent obligés de la chercher ailleurs. Ce faisant, ils troquèrent les Indes occidentales contre les Indes orientales, et les Mascareignes, les Comores et surtout Madagascar leur offrirent des havres aussi hospitaliers que les criques antillaises. Lire la suite
« Il ne peut y avoir de séparation complète entre la production d’une société par elle-même, la gestion de ses changements et la reproduction de son organisation ». Il en est ainsi de l’Université américaine qui, malgré l’inégalité de ses niveaux, la diversité de ses méthodes, le nombre de ses tutelles et des sources mêmes de ses moyens de vie, présente une remarquable unité. Il est dans le propos affirmé de l’auteur de ce livre d’en montrer la nature, tout en situant le système universitaire dans la société. Lire la suite
À ce jour, les 70 000 sociétés anonymes françaises sont dans l’ensemble autant de royaumes, et sur chacun d’eux règne un monarque dénommé PDG. Lorsque les lecteurs – et il est souhaitable qu’il s’en trouve – sauront que ces entreprises réalisent les deux tiers du chiffre d’affaires du secteur privé, ils concevront sans peine la nécessité qu’il y avait à dessiner le portrait-robot de ceux qui les dirigent. Lire la suite
Parmi les êtres vivants, l’homme serait-il le seul à « souiller son nid ? ». Non, assure Barry Commoner, mais les esturgeons ont déserté le lac Érié, dans l’Illinois, et l’eau des puits est contaminée, Los Angeles est asphyxiée par le « smog », çà et là, les centrales nucléaires ou les expériences empoisonnent l’atmosphère de leurs fumées ou de leurs retombées. Lire la suite
Le projet de « force multilatérale » (MLF) a provoqué un débat majeur au sein de l’Otan entre 1960 et 1965, nous rappelle Didier Truchet. Cette tentative unique d’intégrer l’arme atomique a échoué. Le propos de ce mémoire est de dégager les causes de cet insuccès. La démonstration apparaît des plus convaincantes. Ni le temps, ni le milieu n’étaient favorables, nous dit-on ici ; les expédients techniques imaginés ne pouvaient en aucun cas résoudre un problème politique ; alliance et arme nucléaire étaient des notions divergentes. Les circonstances sont-elles meilleures aujourd’hui, les concepts assimilables, les mots réconciliés ? On peut en douter, si l’on considère la circonspection avec laquelle les experts abordent les difficultés que poserait dans l’Europe des « Neuf » la relève de la garde nucléaire américaine. En tous les cas, ce pertinent petit livre vient très opportunément justifier leurs réticences. ♦ Lire les premières lignes
Un spécialiste de ce qu’on peut appeler paradoxalement les sciences inexactes a récemment affirmé dans un ouvrage de grande vulgarisation que nous étions tous « paranormaux ». D’aucuns, ignorant le sens du mot et lui trouvant une résonance vaguement péjorative, ont pu s’en offenser. Ils seront sans doute rassérénés quand ils sauront qu’entre la physique moderne et la parapsychologie la frontière est des plus ténues. Au mépris des vieux tabous, courant le risque d’être moqué pour son « pseudo-scientifisme », Arthur Koestler opère un rapprochement « négatif » entre la mécanique quantique et les perceptions extrasensorielles. Lire la suite
« La nature avait décidé que les habitants de la Grande-Bretagne seraient des insulaires, nous dit l’auteur de ce livre… Ainsi donc les rapports entre l’Angleterre et la mer furent à l’époque primitive passifs et réceptifs ; puis à l’époque moderne, ils furent actifs et entreprenants. À ces deux époques, ils fournissent la clef de son histoire ». Encore fallait-il pour reconstituer le dessin de cette clef, la pénétrante intelligence de George Macaulay Trevelyan et la patience de l’artisan pour en façonner l’ébauche. Mais l’on trouvera moins ici un tableau de l’épopée britannique hors des horizons de ses îles qu’un récit de leur aventure intérieure. Ainsi saurons-nous la genèse de traditions qui, à bien des égards, nous paraissent encore étranges et le fondement d’institutions qui servent encore de modèles. Nous connaîtrons ceux qui, du mythologique Alfred au très réel Winston Churchill, monarques ou hommes d’État, ont maintenu sous voile dans la rigueur qu’exigeait la rareté des bonaces, le vaisseau qui s’amarre aujourd’hui à notre continent. Lire la suite
L’histoire des Juifs de France au temps de l’affaire Dreyfus était-elle une répétition générale de ce que fut leur destin moins d’un demi-siècle plus tard ? Pierre Vidal-Naquet, préfaçant ce livre, semble reprocher cette conclusion à la thèse qu’il contient. Si l’auteur analyse le sionisme de Bernard Lazare et de Théodore Herzl, il ne le fait que pour souligner par les réticences, voire l’opposition, que cette théorie a soulevées auprès de la majorité des Israélites Français, la force de leur assimilation. Lire la suite
Alfred Sauvy est un maître incontesté comme sociologue aussi bien que démographe et philosophe de l’économie politique. Or voici qu’il se révèle aussi à son aise qu’avec les nombres du statisticien lorsqu’il prend la palette du portraitiste ou la plume du chroniqueur. Lire la suite
Qu’un jeune étudiant japonais, contempteur du militarisme nippon, sceptique et quelque peu libertaire s’offre en holocauste à sa patrie perdue, voilà de quoi surprendre les réalistes que nous nous flattons d’être. Il prend néanmoins la peine de nous expliquer pourquoi, pacifiste convaincu, il est devenu pilote de chasse avide d’en découdre, et pourquoi, chevalier du ciel, il a choisi d’être « chevalier du vent divin » voué à la mort inéluctable des « kamikazes ». Lire la suite
Prenant place à la veillée d’armes électorale, la Gauche française unie par un programme et dans l’intention affichée de le respecter, semble avoir assorti les éléments dépareillés de son adoubement. Lire la suite
Essentiel, quoique bref événement de notre histoire sociale et politique, le Front populaire a eu, nous rappelle l’auteur, une résonance internationale mais elle nous paraît aujourd’hui bien lointaine et le tintamarre de mai 1968 l’a quelque peu étourdie encore que, sans tendre l’oreille, nous en percevons toujours, çà et là dans le monde, les échos rémanents. Lire la suite
Les guerres, dit le polémologue, ne sont que maladies des sociétés ; il n’est pour les prévenir que d’en connaître les causes, au pis, d’en déceler à temps les symptômes. Le conflit nippo-américain est sans doute le fruit d’une contagion, mais il a été surtout un mal spécifique « né de l’incompréhension mutuelle, des difficultés de langage, de mauvaises traductions, de l’opportunisme japonais, de sa fierté, de son honneur, du préjugé racial des Américains, de leur méfiance, de leur ignorance de l’Orient » et de leur conviction de détenir, pour être le peuple le plus puissant du monde, l’unique vérité. Lire la suite
31 juillet 1914. « Un abominable attentat vient d’être commis » dans un café de la rue du Croissant. Jean Jaurès git sur deux tables de marbre, assassiné par un inconnu. Dans les rues de Paris les marchands de journaux annoncent que pour l’Europe « l’heure est critique », que l’on se trouve « au bord du gouffre ». À l’instant où un homme meurt pour en avoir dénoncé l’horreur, le plus meurtrier des conflits que le monde ait connu est sur le point d’éclater. Il en est la première victime. Lire la suite
Il était bon que l’on rappelât le sacrifice du Vercors… comme il est toujours bon de rappeler que les grandes causes n’aboutissent point sans le martyre de quelques-uns. Mais était-il bien nécessaire que Gilbert Joseph, en distribuant les rôles de ce drame, fît une discrimination aussi manichéenne entre ses héros et leur faire-valoir. Il nous dit que la république du Vercors s’est enlisée dans l’inaction par la faute de ceux dont la vocation même était d’agir. Lire la suite
À l’heure où les États-Unis s’apprêtent à élire leur Président, ce livre vient très opportunément éclairer pour nous les arcanes des institutions américaines. Il faut bien avouer que le système électoral avec ses opérations primaires, ses conventions, sa campagne finale menée dans la liesse populaire au bruit des orphéons, à grand renfort de défilés de jupettes et d’exhibitions de carnaval, nous apparaît surprenant. Surprenant aussi ce bipartisme dont l’on apprend qu’il n’est que coalition éphémère d’une multitude de partis. Lire la suite
« Louis XIII fut le dernier des rois de France à être pleuré par ses sujets ». « Il incarna, affirme encore Philippe Erlanger, la souveraineté nationale autant que le droit divin ». Pourtant rien ne le prédisposait, hors son orgueil, à gouverner un État. Déchiré entre un père qu’il adore mais dont la conduite l’horrifie, et une mère qu’il veut aimer mais qui se refuse à sa tendresse, avili par ceux-là mêmes qui ont la charge de l’élever, enfant encore marié à une autre enfant qu’il se force à désirer, il entreprend dès l’adolescence le combat qu’il mènera jusqu’à son lit de mort contre lui-même pour donner à son peuple l’image de sa grandeur. Lire la suite
À l’heure où les Grands garantissent l’intégrité de leurs sanctuaires par des accords bilatéraux sur la limitation et l’emploi de leurs armes, l’Europe occidentale pourrait devenir le champ clos privilégié de leurs affrontements. Il est donc urgent qu’elle se donne les moyens et la stratégie d’une défense globale qui lui soit propre. Il était utile que dans cette perspective l’on nous rappelât en termes précis et brefs, l’histoire, les structures, le rôle et les problèmes des systèmes de défense en place. Déclarations, textes de traités, conclusions de rapports, messages officiels, organigrammes et tableaux viennent illustrer l’excellente étude que nous propose Martine Meusy dans la collection des « Dossiers Themis ». ♦ Lire les premières lignes
Alors que les deux Grands marquent à Helsinki et à Vienne une étape haletante dans la compétition où ils restent les favoris, leurs supporters s’inquiètent de l’issue de l’épreuve. L’Amérique s’essouffle au Vietnam ; elle a déjà rendu des points en Méditerranée, en océan Indien, dans le Pacifique, en Amérique latine. Son challenger, l’URSS, à l’affût de ses défaillances, la talonne. La Chine, dopée par des succès particulièrement roboratifs, entend bien s’emparer au relai du « témoin » qu’on ne lui tend pas. Tout accord tendant à ralentir le train de cette course est illusoire et les handicaps mutuellement imposés ne sont guère significatifs. Lire la suite
En 1985, le probable et le « possible » en matière de développement correspondront-ils au « souhaitable » ? La France face au choc du futur que présente le Groupe d’études prospectives tente d’apaiser cette inquiétude. Lire la suite
C’est en survolant trois Républiques qu’André Dubois nous fait parcourir le circuit de ses amitiés. Circuit en effet puisque les premières pages de son livre nous le font découvrir enfant et que dans les dernières nous le retrouvons adolescent. Point ici de mémoires mais une chronique alerte et foisonnante où l’humour, l’ironie, la tendresse teintent les personnages et les péripéties de couleurs toujours vives et parfois nouvelles. Lire la suite
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