Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Il n’est pas courant de présenter des romans de type « policier » parmi les recensions auxquelles notre revue ouvre ses colonnes. Il est pourtant vrai qu’à la poursuite durant quatre mois d’un fameux « Sami », narrée en 10 chapitres et 66 épisodes, ne manquent ni pugilats, ni rafales d’armes automatiques, ni rodéos automobiles.
Voilà un livre passionnant, décapant, on pourrait dire terrifiant en ce qu’il dévoile au lecteur, pourtant averti, les dérives et les pratiques mafieuses d’une démocratie emblématique, miroir de nos sociétés.
Cet ouvrage, préfacé par Jacques Attali, constitue la thèse de doctorat d’État du docteur Prithwindra Mukherjee. Dirigée par Raymond Aron, elle fut soutenue en 1986 devant un jury présidé par Emmanuel Le Roy Ladurie.
C’est dans la sphère intime de la Marine nationale que l’auteur nous fait pénétrer avec cinq histoires de marins aux noms poétiques : l’ange de la Jeanne, Balabio, l’Ombre, le Cierge, Adieu Diégo.
C’est peu dire que ce livre était attendu. L’auteur, en effet, est le directeur de l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem). Sa nomination a surpris à l’époque, car il était inconnu, même du milieu.
Le montage photo en couverture, le regard énigmatique de Poutine recouvrant le visage tout aussi énigmatique de Staline, annonce la couleur. Le message délivré ici est celui de la continuité, assurée en particulier par ce personnage clé que fut Iouri Andropov, « Monsieur Propre » du régime et « véritable inventeur de la perestroïka ».
Ils y sont tous allés, en Algérie, beaucoup pour y faire un métier différent de celui pour lequel ils avaient été formés. Cavaliers et artilleurs, entre autres, s’en sont expliqués. Les gendarmes à leur tour viennent narrer leurs tribulations que décrit ici Emmanuel Jaulin avec la précieuse caution d’une préface signée de Pierre Mutz, ancien patron de nos amis les pandores, même s’il le fut longtemps après les évènements relatés.
Lire ce livre, c’est exorciser un passé lourd, celui d’un désastre militaire, celui de mai-juin 1940, une débâcle installée dans le patrimoine militaire français comme une tâche indélébile. Cet épisode militaire calamiteux de mai-juin 1940 marque toujours l’inconscient collectif français au point de lui faire redouter aujourd’hui encore une surprise stratégique.
La complexité géographique et humaine du Caucase, du fait de la superposition de peuples, de langues et d’intérêts divergents, est proverbiale. L’analyse géopolitique de la région peut, dès lors, prendre plusieurs angles d’attaque allant de l’économie aux enjeux sécuritaires, en passant par le jeu des grandes puissances. Si l’on se tourne vers les questions énergétiques, on lira avec intérêt l’ouvrage de Samuel Lussac qui articule avec talent les différentes facettes du problème dans une perspective européenne.
À la fin des années 90, la géoéconomie était en vogue : elle prétendait remplacer la géopolitique. On en est revenu, même si personne ne nie qu’il y ait des rivalités de puissance dans le domaine économique. C’est pourquoi la notion de guerre économique paraît plus pertinente, surtout quand elle est associée au mot « État ».
Est-ce l’effet d’une sorte de fascination morbide ? La tentation de faire revivre de l’intérieur un système nazi abordé en règle générale sous le seul angle de ses effets ? Non, on ne s’achemine tout de même pas vers un quelconque « retour des cendres », mais entre le Goncourt 2006 des Bienveillantes, le « Goering » de Kersaudy, les « derniers jours d’Hitler » de Fest… et des séries d’émissions télévisées, il faut reconnaître que le sujet est de ceux qui intriguent l’historien et le romancier d’aujourd’hui.
Issu de la réunion annuelle du Forum des Académies militaires sur le thème de la guerre irrégulière, (Coëtquidan, 2009), ce recueil de 43 contributions, réunies en un temps record, couvre, en vérité, un spectre très large de questions, à la fois dans le temps et dans l’espace. Hervé Coutau-Bégarie, directeur de la revue Stratégie, directeur d’études à l’École pratique des hautes études et directeur au cours de stratégie au CID, en a été la véritable cheville ouvrière. Il fait un point fort complet de la question dans sa lumineuse et copieuse préface.
Hervé Coutau-Bégarie est directeur d’études à l’École pratique des hautes études et directeur du cours de stratégie au CID. Il est directeur de la revue Stratégique et président de l’Institut de stratégie comparée. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages sur les questions stratégiques, il est membre de l’Académie royale des sciences navales de Suède.
Dans sa « Chronique militaire de la chute du Mur », le général Roudeillac, alors attaché de Défense à Bonn, s’inscrit dans la longue tradition, aujourd’hui un peu désertée, du témoignage rédigé par nombre d’officiers une fois quitté le service. Il s’est livré à cet exercice bienvenu car, à sa connaissance, « il n’y a pas d’ouvrages en langue française, axés sur les aspects strictement militaires de ce qui est alors intervenu en Allemagne lors de la chute du mur de Berlin ».
À l’adolescent fiévreux qui pense « Aventure », le vieillard au visage ridé sourit et répond « Espérance ». Tous deux ont le même regard bleu, un peu rêveur, rayonnant de fraîcheur et de pureté. Et les deux ne font qu’un, ils sont les deux extrémités d’une vie de soldat. Et quel soldat !
En février 1920, en application du traité de Versailles, une force internationale, articulée autour d’une division française renforcée de contingents italiens et britanniques, est déployée en Haute-Silésie pour préparer le plébiscite qui doit permettre à la population de choisir, entre l'Allemagne et la Pologne, son pays de rattachement. La région qui couvre la valeur de deux départements français est peuplée de deux millions d’habitants. Enjeu à forte connotation nationaliste, son bassin minier représente aussi un enjeu économique important pour ces deux pays ruinés par la guerre.
Charles Zorgbibe, auteur prolifique, d’une cinquantaine d’ouvrages, qui a été doyen, recteur, directeur de la Fondation pour les études de défense (FED), dirige depuis quelques années la revue Géopolitique africaine. Aussi après avoir beaucoup réfléchi et écrit sur les problèmes de l’Europe, du monde atlantique ou des relations internationales en général, il élargit son horizon déjà fort vaste aux problèmes de l’Afrique. Fidèle à son approche historique et synthétique, servi par une plume dense et toujours claire, il aborde ces questions en deux temps et c’est la partie plutôt historique qu’il traite dans ce premier volume.
Née au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Rand Corporation – pour Research And Development – fut d’emblée assignée par les responsables de l’Armée de l’air américaine à l’étude de la dissuasion. Dans le gigantesque mobile de Calder qui se met en place entre 1945 et 1955, des hommes, tel le malheureux Herman Kahn, s’attelèrent courageusement à penser l’impensable. Relais d’opinion, passerelle mais aussi fusible entre mondes civil et militaire, les think-tank – le terme est issu des chercheurs embarqués dans des tanks durant la Seconde Guerre – vont devenir un maillon décisif du processus décisionnel de politique étrangère et de défense des États-Unis.
Technocrate ? Pourquoi pas, à condition de ne pas adopter la sévérité du Robert : « souvent péjoratif ». En tout cas, bien qu’ayant revêtu l’uniforme à l’occasion, rien du traîneur de sabre : « on n’entre pas à l’École polytechnique pour devenir Ingénieur de l’Armement, mais on devient Ingénieur de l’Armement parce que c’est l’une des possibilités offertes aux élèves de l’École lorsqu’ils en obtiennent le diplôme ». La guerre d’Algérie, par exemple, qui allait vers son terme lorsque commence le récit, n’est qu’à peine évoquée.
La préparation du débarquement allié en Normandie du 6 juin 1944 a vu l’élaboration de plans spécifiques devant être mis en œuvre par la Résistance en appui des opérations aéroportées et amphibies. Le Special Operations Executive (SOE) développa ainsi trois plans en liaison étroite avec le Bureau central de renseignements et d’action (BCRA), l’organe de renseignement de la France Libre. Le Bleu concerne les réseaux de distribution électrique. Le Vert s’applique aux chemins de fer et est conduit par Résistance Fer, mouvement interne de la SNCF fondé en 1943 pour lutter contre les occupants allemands. Le plan Violet est destiné aux réseaux de télécommunications dépendant de l’administration des PTT. Ce dernier est le moins connu d’autant plus que les archives notamment britanniques sont restées classifiées jusqu’au début des années 90.
Avez-vous remarqué ? Dans les dîners en ville, les hommes ne tarissent pas sur les maux qui les accablent, les femmes ne parlent jamais des leurs. Nos compagnes, ici, nous en remontrent. C’est que la malédiction originelle les oblige à supporter d’un même cœur douleurs et joies de l’enfantement. Devant cet ascétisme qu’impose la nature à la moitié du genre humain, les hommes étaient en mauvaise position.
Ils ne vont tout de même pas jusqu’à publier à l’avance le lieu et l’heure de leurs futurs exploits, mais ils affichent leurs motivations, précisent les buts des attentats qu’ils s’apprêtent à commettre et désignent les catégories sociales, voire les individus, qui seront leurs cibles. Ce besoin de proclamer leur foi et leur haine, de justifier leur démarche, est exposé ici avec précision et compétence par deux experts ès terrorisme qui se posent en criminologues et non en moralistes.
Ce livre est un désordre. Désordre voulu où l’auteur, qui n’est pas né de la dernière pluie, mêle comptes rendus d’enquête, commentaires personnels et conversations avec les morts qui lui permettent de déployer sa verve. Les personnages sont si nombreux que la généalogie familiale proposée en annexe est de peu de secours, et l’enquête si minutieuse qu’on ne s’y retrouverait que crayon en main. Faut-il abandonner ? Ce serait dommage car, à travers le fatras, le lecteur consciencieux comme le dilettante tireront profit de leur lecture.
Alors que se multiplient les ouvrages en anglais sur l’Arctique (j’en ai dénombré six en moins de trois ans) ceux rédigés en français apparaissent plus rares, en dehors de celui de Richard Labévière et François Thual, La bataille du Grand Nord a commencé, publié en 2008 chez Perrin. Aussi convient-il de saluer cette étude fort documentée de Viviane du Castel, familière de la région, qui avait consacré à la mer de Barents une étude parue en 2005 à l’Ifri.
Avec une préface originale du politologue Maurice Vaïsse qui recense les travaux qui comptent selon lui sur la thématique des relations internationales dans le champ plus étroit des relations franco-américaines ; cet ouvrage collectif dirigé par René Lukic, aborde la question du point de vue chronologique et thématique, dans l’espace à la fois bilatéral, transatlantique et global. Neuf auteurs américains, canadiens et français ont contribué au présent livre. L’addition des chapitres, thématiques et chronologiques, peut amener des « ruptures » souvent propres aux ouvrages collectifs et les conclusions du livre ne sont pas suffisantes pour « rattraper » l’exercice.
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