(1928-2004) Journaliste, écrivain et historien français. En 1988, il est directeur de cabinet du secrétaire d'État auprès du ministre de la Défense. Directeur de la RDN de 1989 à 1995.
En ces lendemains de guerre froide, comme après les grands conflits de ce siècle, les États d’Europe sont entrés dans une phase de réduction significative de leur effort militaire ; mais, à la différence des années qui suivirent 1918 et 1945 et auxquelles succéda bientôt un effort de réarmement, on assiste maintenant à une entreprise de désarmement relativement coordonnée et qui concerne l’ensemble du continent. Du moins était-ce le point de départ des réductions de forces et de crédits auxquelles on procéda d’abord ; après quoi chaque État s’engagea dans sa propre voie, dictée le plus souvent par des préoccupations budgétaires. Lire la suite
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, après Hiroshima et Nagasaki, le monde, disait-on, était condamné, par l’apparition du feu nucléaire à subir l’apocalypse ou à organiser la paix : mais l’apocalypse n’est pas venue, la paix non plus. Il n’y eut pas de guerre nucléaire, c’est-à-dire de conflit où les armes nucléaires, venant en renfort des armes classiques, auraient contribué à la défaite des uns et à la victoire des autres ; il n’y eut pas davantage de guerre mondiale où, à coups de bombes atomiques, nous aurions vécu un holocauste de dimension plus vaste encore que celui de 1939-1945 ; mais d’interminables conflits, allant des guérillas les plus frustes à des guerres de plus grande envergure, se sont succédé sur tous les continents. Cela suffit à nous inciter à la prudence et à la modestie dans la réflexion que l’on peut mener sur l’avenir des relations internationales et de leurs dimensions stratégiques. Lire la suite
• Lorsque l’Angleterre a donné son indépendance à l’Inde, ayant pris en compte l’incompatibilité entre deux populations, elle les a séparées le plus pacifiquement possible. À l’inverse dans l’accord de Dayton on a décidé qu’il fallait maintenir le mélange des diverses populations, notamment en appelant les réfugiés à venir voter là où ils se trouvaient antérieurement, donc à y revenir et on ne peut pas dire que ce soit un succès. Alors pourquoi a-t-on adopté cette solution contraire au plan Vance-Owen ? Lire la suite
Une conclusion est d’autant plus difficile à formuler que le sujet que nous avons choisi est plus ambitieux, plus complexe et a donné matière à des interventions fort différentes, caractérisées, nous orientant les unes et les autres vers des voies de réflexion très différentes. Lire la suite
Ce n’est pas sans réflexions ni interrogations que le conseil d’administration du Comité d’études de défense nationale a choisi de consacrer une journée d’études à ce thème : religions et conflits. D’un côté, tout nous y conduisait, de l’autre tout nous incitait à la réserve. Lire la suite
L’année 1994 a été marquée, comme vous le savez, par la publication d’un Livre blanc sur la Défense. Comme il est normal dans un pays comme le nôtre, ce fut l’objet de commentaires, d’approbations, de critiques, d’analyses, et ce débat sur les choix de défense pour la France n’est évidemment pas clos avec la publication de ce document et les discussions qui s’en sont suivies. C’est dans cet esprit que notre conseil d’administration a décidé de consacrer une soirée de réflexion au problème de la programmation militaire et de la prospective, c’est-à-dire de la prise en compte des données que l’on peut prévoir et dont les choix de défense vont naturellement dépendre. Lire la suite
À force de répéter que nous en avons fini avec la guerre froide, nous pouvons, en effet, nous rendre compte maintenant que celle-ci s’éloigne dans le passé. Il est temps, cette page étant tournée, de déchiffrer le nouveau chapitre de l’histoire des relations stratégiques internationales dans lequel nous sommes entrés. Plus de cinq ans se sont écoulés depuis la désagrégation du camp de l’Est et plus de trois ans depuis la dislocation de l’Union Soviétique. L’expérience qui a été faite d’un monde où ne rivalisent plus deux grandes puissances militaires, où les frontières ont été bouleversées, depuis l’Adriatique jusqu’aux confins de la Chine, et où prévaut l’hégémonie exclusive des États-Unis, est suffisante, aujourd’hui, pour que l’on discerne déjà les sources actuelles ou éventuelles de crises et de guerres, les nouvelles formes qu’elles prennent, les conclusions à en tirer. Lire la suite
Nous allons consacrer cette réunion à un premier examen du problème des frontières, des conflits, des différends et des interrogations qui en résultent. Je dis un premier examen, car vous comprendrez que l’ampleur du sujet exclut qu’on en fasse aujourd’hui une étude exhaustive ; sa complexité exige des approches différentes. Lire la suite
J’avais dit au départ que ces débats ne pouvaient être que l’amorce de nouvelles réflexions sous d’autres formes, et donc il convient de retenir quelques idées de ces exposés. Parmi les thèmes qui ont été abordés, il y a celui de globalisation, celui de nation puisque de toute évidence il s’agit d’une donnée fondamentale du problème évoqué, celui de limes puisque ce phénomène venu du fond des âges retrouve aujourd’hui un poids d’une importance immense, et celui de stabilité. Lire la suite
• Le métis n’est pas uniquement caractérisé par son appartenance ethnique mais encore plus par des facteurs culturels. Un Indien en voie d’assimilation est un métis. Alors si nous les comptons d’une manière globale, nous constatons que le continent est proprement indien, exception faite du Sud : Argentine, Uruguay, Chili et sud du Brésil. Comment se fait-il que les Blancs continuent à avoir la haute main sur ces pays ? Ils constituent la nomenklatura et cela depuis pratiquement deux cents ans, depuis l’indépendance. Cela n’a pu se faire que grâce à leur intelligence politique. Cette nomenklatura a pris en main les finances, l’économie. De plus, l’habitude s’est prise dans ces pays de dévaloriser ce qui est national et de se plonger dans le cosmopolitisme. Celui-ci est ainsi devenu une arme aux mains de la nomenklatura pour assurer sa puissance. Comme, d’autre part, la religion, la langue et l’État ont été importés par cette oligarchie, l’ensemble de la population a été réduite à un état de dépendance. Lire la suite
C’est, je crois, la première fois qu’une journée d’études de notre Comité est consacrée à l’Amérique latine. Il est vrai que ce thème n’est pas aussi familier que d’autres à une grande partie du public français : votre assistance montre cependant la curiosité qu’on en éprouve et je pense que les circonstances imposaient, à beaucoup d’égards, ce sujet. Lire la suite
La composition de cette tribune et aussi de cette salle pourrait me dispenser de toute introduction spécifique. Les événements, le contexte pourraient m’en dispenser davantage car tout le monde voit, à l’occasion des négociations transatlantiques, l’importance fondamentale des relations entre la Grande-Bretagne et le monde extérieur, et d’abord les pays européens mais aussi les États-Unis et le reste du monde. Chacun mesure, à l’aune des événements et des épisodes qui se succèdent, combien le rôle de la Grande-Bretagne est à cet égard essentiel. Lire la suite
L’heure met un terme à cette soirée d’études, et la part m’incombe maintenant d’exprimer nos remerciements aux intervenants. Je les exprime à Mme Véronique Riches qui a su remarquablement montrer le contraste entre les progrès récemment accomplis par l’économie britannique et les problèmes de fond qui demeurent et qui soulèvent bien des interrogations passionnantes pour quiconque s’intéresse à l’économie contemporaine. Je remercie Mme Monica Chariot que tant d’entre nous connaissent déjà pour ses travaux sur la société britannique. Lire la suite
L’année 1994 devrait faire date pour tous ceux qui se préoccupent de défense nationale. Dans les prochains mois, en effet, sera publié le nouveau Livre blanc qui lui sera consacré. Il suffit de rappeler que le précédent est de 1972 pour mesurer combien il s’agit d’un événement rare et, par là même, significatif. Notre revue ne pouvait, par conséquent, y être indifférente. Comme nos lecteurs l’ont vu, nous avons ainsi présenté, le mois dernier, plusieurs textes concernant l’esprit dans lequel la rédaction d’un Livre blanc aujourd’hui, en France, pouvait être conçue, quels impératifs s’imposeraient à ses auteurs, dans quel contexte leurs travaux se situeraient. C’était une première étape : les autres vont suivre durant l’année qui vient. Lire la suite
Concevoir un Livre blanc sur la défense est, en France, un exercice singulier. C’est un acte majeur par lequel est définie une politique de défense qui vaudra pour toute la période à venir, énonce les principes stratégiques dont elle devra s’inspirer et en déduit les orientations principales à prendre pour l’ensemble des systèmes d’armes et, dans une certaine mesure, pour les structures, la posture et le format des armées. Lire la suite
Nous sommes ici réunis pour une soirée d’études comme le Comité d’études de défense nationale et la revue Défense Nationale en ont organisé régulièrement depuis qu’elles ont été instituées par l’un de mes prédécesseurs, l’amiral Duval. Nous l’avons fait jusqu’ici avec la collaboration de la Fondation pour les études de défense nationale (FEDN) que présidait M. Pierre Dabezies. Cette institution a cessé ses activités, mais nous avons cru devoir assurer la continuité de ces journées et soirées d’études, et notre conseil d’administration a choisi de consacrer celle-ci aux rapports entre les technologies et les conflits. Lire la suite
Tout au long de cette journée d’études, nous avons mis en relief les contradictions, les ambivalences caractéristiques de la société américaine et de la place des États-Unis dans le monde : telle était bien, en effet, la ligne directrice de l’ensemble de toutes les interventions, questions et interrogations ; ambivalence extraordinaire s’agissant du rôle international des États-Unis, de la forme d’expression de la puissance américaine, de ses desseins sur la scène internationale. Lire la suite
Il est naturel que les changements fondamentaux intervenus dans le contexte international conduisent à une réflexion sur tous les choix faits jusqu’à présent concernant la défense. Il est naturel aussi, par conséquent, que cette réflexion porte d’abord sur le nucléaire militaire et sa doctrine d’emploi, puisque la France en a fait l’instrument d’une stratégie de dissuasion qui a garanti, depuis des décennies, sa sécurité et sa liberté. En ce domaine, qui est essentiel puisque la survie du pays y est en cause, on ne saurait admettre ni tabou, ni préjugé, ni dogme, et le champ est ouvert à l’esprit critique dès lors qu’il ne s’agit pas seulement de réveiller les polémiques d’antan et les querelles d’école dépassées. C’est dans cet esprit, en tout cas, qu’a été préparé ici ce dossier sur le nucléaire militaire et ses problèmes. Lire la suite
Pour les citoyens qui ont à en débattre, pour les responsables qui ont à en décider, pour les armées qui ont à la mettre en œuvre, toute politique de défense s’articule au moins en deux définitions : celle des missions à remplir, celle des moyens qui permettent de les remplir. Cela suffit à comprendre le désarroi que l’on observe chez ceux qui, par vocation ou par profession, entendent réfléchir aux problèmes stratégiques et militaires : les immenses changements intervenus dans le contexte international sont pour eux un défi qui est, en effet, difficile à relever. Lire la suite
Le destin de Pierre Messmer fut de traverser toutes les grandes batailles du siècle. De la bataille de France au passage en Angleterre, de Dakar aux combats pour le ralliement du Gabon à la France libre, de l’assaut de Keren (Érythrée) à la prise de Damas, de Bir Hakeim (Libye) à El-Alamein (Égypte), de la libération de la France au parachutage sur l’Indochine occupée, tel fut son itinéraire durant la Seconde Guerre mondiale. Puis l’histoire bascula outre-mer : directeur du cabinet du haut-commissaire dans cette Indochine dont il voulait la décolonisation, artisan de l’émancipation progressive de l’Afrique noire, en Mauritanie et en Côte d’Ivoire, acteur volontaire de l’accession du Cameroun à l’indépendance, puis des pays d’Afrique occidentale, ministre des Armées quand il s’agissait d’achever la guerre d’Algérie par la consécration de son indépendance, il fut de toutes les étapes qui marquèrent la fin de l’un de ces empires qui devaient disparaître après la Seconde Guerre mondiale. Le sort du monde et les nouveaux rapports entre les Nations furent alors déterminés, pour beaucoup, par l’apparition du feu nucléaire : aux côtés du général de Gaulle, il dirigea la formation de l’arsenal des armes nucléaires françaises, la mise au point de la stratégie qu’il rendait possible, la transformation radicale des armées qui devait en résulter et il fut, de ce fait, comme ministre des Armées, puis comme Premier ministre de Georges Pompidou, l’un des artisans et l’un des praticiens de cette politique d’indépendance qui n’est pas séparable de l’histoire de la Ve République, du moins dans sa première phase. Lire la suite
Tout le monde attendait les mémoires du général Schwartzkopf pour le témoignage qu’elles apporteraient sur la guerre du Golfe. Il s’agit, pourtant, de bien davantage. Ce livre est, en effet, l’un des plus intéressants que l’on puisse lire sur l’histoire de l’armée américaine, et même de la société militaire aux États-Unis, du début des années 1950 à celui des années 1990, depuis le temps où le jeune H. Norman Schwartzkopf cherche par tous les moyens à se faire accepter par l’École militaire de West Point jusqu’au retour triomphal de l’opération Tempête du désert. Lire la suite
Le général Richard, qui fut directeur de cette revue de 1983 à 1989, nous a quittés le 27 septembre dernier au terme d'une maladie contre laquelle, nous le savions, il luttait avec autant de courage que de discrétion. Sa vie fut comme le parcours des grandes étapes de notre histoire contemporaine : le parcours commun des officiers français de sa génération. La guerre de 1939-1945, l'Indochine, l'Algérie, en furent les plus rudes étapes : il n'a voulu se dérober à aucune d'entre elles et c'est par elles qu'il est passé pour accéder aux grands commandements, dans lesquels il apporta sa contribution à l'entreprise de modernisation radicale des armées françaises qui marqua la période suivant les guerres d'outre-mer, jusqu'au poste d'inspecteur général de l'Armée de terre qu'il occupa à la fin de sa carrière. Lire la suite
Ce qui survient aujourd’hui en Moyenne-Asie concerne tous les équilibres du monde : c’est, à l’évidence, la leçon principale qu’il faut tirer des exposés de M. Éric Rouleau, de M. Olivier Roy et de Mme Élisabeth Moreau. Pour la réflexion politique et stratégique en France, c’est peut-être une donnée nouvelle. Longtemps, il faut l’admettre, cette partie de l’Asie a échappé à l’analyse et même à l’attention de la plupart des spécialistes français du continent asiatique, et contribuer à combler cette lacune était l’un des buts que nous avons poursuivis en organisant cette soirée d’étude du 11 juin. En revanche, les Anglo-Saxons lui ont attribué une importance majeure et le concept de South West Asia est familier à leurs chercheurs comme à leurs journalistes, à leurs diplomates comme à leurs stratèges. Cependant, les événements survenus dans cette partie du monde furent tels, en moins de quinze ans, que la négligence et l’ignorance ne sont décidément plus de mise. Lire la suite
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