Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Contrairement à ce que son titre semble suggérer, le livre du général Walter Warlimont n’est ni un livre de souvenirs, ni un livre d’histoire, mais un livre sur la prise de décision au niveau stratégique. Adjoint de Jodl, le chef des opérations à l’état-major général de la Wehrmacht (OKW), l’auteur nous permet de comprendre comment à partir de 1941, les échecs successifs des armées allemandes prennent leur source dans un processus décisionnel incohérent où toute décision émane d’Adolf Hitler, chef suprême des armées depuis 1938, lequel à la différence d’un Moltke, « au calme inébranlable » en 1866 et 1870, est guidé par ses émotions et non par une réflexion stratégique rationnelle.
Au milieu du siècle dernier, L. H. Parias avait rassemblé de multiples spécialistes pour une « Histoire universelle des explorations » qui donnait la somme des découvertes d’un monde désormais fini. Avec cette nouvelle « Histoire universelle de la navigation », l’amiral Bellec rassemble à lui seul la somme de ses retours d’expérience, assise sur l’érudition encyclopédique que lui apportent les résultats d’une école française d’histoire maritime, animée en son temps par Michel Mollat du Jourdin, aussi bien que la masse documentaire que fournissent les auteurs Portugais et Anglo-Saxons, entre autres, du dernier demi-siècle ; ainsi peut être rénovée l’ancienne approche du commandant Marguet, dans sa propre « Histoire générale de la navigation ».
Si le passage du tsarisme au communisme marque bien une rupture dans la perception de la question russe par les militaires français, cette césure est moins brutale et complète qu’il n’y paraît et ses causes sont trop complexes ou diverses pour être réduites au seul jeu des facteurs idéologiques et politiques. Il serait donc erroné de croire qu’avant octobre 1917 l’armée française est russophile, et qu’avec la révolution bolchevik elle devient immédiatement et irrémédiablement soviétophobe.
Les deux auteurs de l’ouvrage ont été co-commissaires de l’exposition Pompidou, 1911-2011, aux Archives nationales. Jean-Pierre Bat, archiviste paléographe, agrégé et docteur en histoire, est détaché aux Archives nationales comme responsable du fonds Foccart. Pascal Geneste, archiviste paléographe et conservateur en chef du patrimoine, est directeur adjoint des Archives de la Gironde. Il a été responsable du fonds Pompidou et des fonds de ses collaborateurs.
Il n’est plus besoin de présenter Bruno Tertrais, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste reconnu du nucléaire. Cela fait quelque temps que l’on observe son désir de s’échapper de cette étiquette et cet ouvrage en est le signe le plus visible : rédiger un atlas, s’intéresser aux frontières, voici un bon moyen de s’évader et de sortir de ses propres frontières intellectuelles.
Lorsqu’éclate la révolution ukrainienne, en février 2014, Ioulia Shukan, chercheuse en sociologie politique, maître de conférences à l’université Paris-Ouest, est sur le terrain. À Kiev, sur le Maïdan Nezalezhnosti en ukrainien, devenue depuis synonyme du combat pour la liberté, la démocratie, ou la dignité humaine ou dans l’Est de l’Ukraine touchée par l’insurrection, elle multiplie les enquêtes, les contacts avec les protagonistes du drame.
En Palestine, juifs et musulmans ont pendant des siècles vécu ensemble avec harmonie. Lors du partage décidé par l’ONU dans sa résolution du 29 novembre 1947, votée entre autres par l’URSS en deux territoires distincts, l’un arabe, l’autre juif, Jérusalem devant constituer un corpus separatum, cette cohabitation s’arrêta brutalement. Il s’ensuivit une série de guerres israélo-arabes, 1948-1949, 1956, Six Jours en 1967, du Kippour en octobre 1973, sans parler des incursions israéliennes au Liban (1978, 1982, 2006) ou les différentes intifada, dont la première éclata en 1987. Si l’on fait remonter l’antagonisme judéo-arabe/palestinien aux révoltes de 1930 contre les conclusions de la Commission Peel, qui préconisait une ébauche de partage, on peut bien parler d’une guerre de Cent ans ! Juifs et arabes sont-ils condamnés à une guerre sans fin ?
L’émergence des États au sortir du Moyen Âge a progressivement conduit à une réduction des violences privées. Le tournant civilisationnel qui s’est traduit jusque-là par un refoulement de la pulsion de mort qui a pris la forme d’un monopole de l’État sur les guerres et d’une pacification diplomatique, semble de nos jours enrayé. Cela tient à l’affaiblissement des acteurs étatiques, discrédités et contestés parce qu’ils ne sont plus en mesure d’intervenir comme instances légitimes de régulation et de protection.
Il y a en effet fort longtemps que l’on attendait en langue française une véritable biographie du théoricien militaire le plus important de l’époque moderne. On ne disposait jusqu’à présent que de la monographie de Paul Roques (Le général de Clausewitz), publiée pour la première fois en 1912 et rééditée en 2014 (Astrée, 160 pages). Quant à l’ouvrage souvent cité de Raymond Aron (Penser la guerre, Clausewitz, 1976), il permettait surtout à son auteur de développer ses thèses sur la dissuasion nucléaire et ne consacrait en réalité qu’une place assez réduite à la vie du général prussien. Bruno Colson, professeur à l’université de Namur et spécialiste de la stratégie de la période napoléonienne, répare cette carence avec brio.
Le continent africain reste toujours cher au cœur des Français et continue d’être, quoiqu’on dise de la supposée Françafrique une préoccupation majeure pour la diplomatie, la défense ou les entreprises françaises, qui doivent lutter âprement pour conserver leurs parts de marché face à de redoutables concurrents que sont non seulement la Chine, les États-Unis, mais aussi l’Inde, le Brésil et la Turquie.
Malgré son sous-titre quelque peu maladroit (« Les tactiques des plus grands stratèges… »), l’ouvrage du colonel Haberey et du lieutenant-colonel Pérot est un livre fort utile à qui s’intéresse au domaine des « grandes batailles » de l’histoire. L’évolution de chaque affrontement est bien rendue à travers trois ou quatre cartes qui en retracent le contexte (pour la première carte), puis les différents moments (pour les suivantes).
Jusqu’à une date récente, la réflexion sur les transferts culturels n’a que rarement débordé du cadre européen. En dépassant l’approche euro-centriste pour se rapprocher d’autres types de transferts dans d’autres espaces culturels, le colloque qui s’est tenu à Samarcande en 2013 a choisi le terrain de l’Asie centrale pour élargir le champ de ses interrogations.
Après « L’aviation française, 1914-1918 » puis « La bataille aérienne de Verdun, 1916 », l’historien de l’air Georges Pagé poursuit, chez le même éditeur toulousain, ses récits de la Grande Guerre, en relatant la bataille de la Somme, il y a un siècle, sous l’angle des combats aériens. Lui-même, pilote aguerri, passionné d’aviation, connaît de l’intérieur le milieu aéronautique.
De 1940 à 1944, les militaires allemands en France occupée ont beaucoup écrit, le plus souvent à destination de la mère patrie : lettres, photos ou journaux, de soldats convaincus, de vétérans de la Grande Guerre, d’adolescents, d’intellectuels. Pour la première fois, un échantillon de ces correspondances est traduit en français, offrant ainsi une perspective inédite sur le quotidien des armées allemandes sous l’Occupation : la victoire, l’agréable routine, le déclin, la débâcle.
La notion de « développement durable » est à la mode depuis un certain nombre d’années déjà. Non seulement elle suscite de nombreuses publications plus ou moins savantes2, mais elle alimente surtout un discours sinon des controverses récurrents, dont il n’est pas certains que ceux qui s’y réfèrent sachent toujours bien ce que recouvre exactement ce concept ni quels en sont à la fois les critères, le contenu, les enjeux et les implications, aux plans aussi bien politique qu’économique, sociologique qu’environnemental.
Les nombreux travaux sur les armées africaines divisent les chercheurs et les disciplines (cf. Abrahamsen 2013, Augé, Gnanguegnon 2015, Hugon 2016). Sur le plan historique y a-t-il continuité ou rupture entre les périodes pré coloniales, coloniales et post coloniales ? Lors des indépendances, les armées ont-elles été actives ou passives dans la construction des jeunes États ?
Les biographies croisées furent à la mode il y a quelques années. Alain Frerejean semble coutumier du fait avec en 2013 un Churchill et Staline chez le même éditeur, qui faisait suite à un André Citroën – Louis Renault en 1998 chez Albin Michel. Le présent ouvrage est tiré apparemment du scénario d’un documentaire télévisé produit par France 5 dans le cadre de la série « Duels ».
Thierry Wolton, journaliste et essayiste, est l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages portant principalement sur le monde communiste, dont bon nombre ont été publiés à l’époque de la guerre froide et sont donc imprégnés d’« anticommunisme ». Voici qu’il vient de livrer la première histoire complète de la plus grande aventure politique du XXe siècle : celle qui a porté les plus folles espérances et qui a conduit à la plus terrible catastrophe humaine de tous les temps, par sa durée et son ampleur. Le total de ses victimes a pu être évalué entre 65 et 85 millions [1].
Les accros de la télé – nous le sommes tous – connaissent Pierre Servent, sa prestance, son aisance devant les caméras et la pertinence de ses analyses sur la conjoncture guerrière bizarre qui est désormais notre lot commun. C’est dire l’attention que l’on doit porter à son dernier livre. Le titre est explicite et une citation d’Abou Bakr al-Baghdadi, pseudo-calife d’un pseudo-État, le précise : c’est de l’islam qu’il s’agit, notre ennemi séculaire.
Tous ceux qui se sont intéressés de près ou de loin à l'histoire récente du monde arabo-musulman et particulièrement du Machreq, et plus spécialement encore au Liban et à la Palestine, ont eu connaissance des travaux de Nadine Picaudou. Un certain nombre de ses amis, collègues et disciples ont, selon l'usage, décidé de lui offrir ce volume de " mélanges ".
Durant toute la guerre froide, la recherche d’informations sur l’aviation soviétique a été vitale en s’inscrivant dans un contexte d’espionnage et d’intoxication mutuelle entre l’Otan et le pacte de Varsovie. Depuis la chute du Mur et l’effondrement de l’URSS, l’accès est devenu plus aisé et permet d’avoir une meilleure connaissance de l’aéronautique russe.
L’auteur pratique et parcourt depuis de nombreuses années le continent africain. Certes pas en touriste, encore moins, pourrait-on dire, en explorateur de l’exotisme. Ni en témoin engagé et captif d’une idéologie ou d’idées arrêtées. Mais en observateur exigeant et n’hésitant jamais à enrichir ses analyses ou à les ajuster en fonction d’une recherche ou d’une réflexion toujours en alerte.
Cet ouvrage très complet et bien documenté, agréable à lire, a l’ambition d’être « la première histoire exhaustive des pirates et des corsaires à l’échelle mondiale ». Il invite le lecteur à un voyage dans le temps, des pirates de la Méditerranée antique à ceux de l’Asie du Sud-Est aujourd’hui, comme dans l’espace tout au long des routes maritimes qui sillonnent la planète.
Le Liban, magnifique « petit pays » du Proche-Orient, est depuis ses origines traversé par des crises récurrentes. Dès 1949, près de 110 000 Palestiniens y trouvent refuge et vont y vivre dans des camps jusqu’à nos jours. Après le premier conflit israélo-arabe, Israël, laissera le Liban en paix, mais Ben Gourion œuvrera pour un « Liban chrétien ».
Les éditions L’Harmattan publient énormément, boulimie qui va de pair avec la maltraitance des auteurs. Dans cette pléthore brillent quelques perles. Le livre de Jean-José Ségéric en est une. Officier de marine de profession, l’auteur se limite à la carrière navale de son héros. Il y a beaucoup à dire, puisque Winston Churchill fut Premier ministre de 1940 à 1945 et de 1951 à 1955, et Premier Lord de l’Amirauté en 1939.
Colloques, manifestations, expositions...
Institutions, ministères, médias...