Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Un ouvrage de qualité, très bien documenté et illustré par d’excellentes cartes, de lecture claire et agréable. Articulé de façon chronologique, ce travail couvre l’ensemble de la période historique de Philippe Auguste jusqu’à nos jours.
Dans son essai Les nouveaux dissidents, le philosophe Michel Eltchaninoff, spécialiste de Dostoïevski, auteur d’un remarqué Dans la tête de Poutine (Actes Sud, 2015) dresse une cartographie renouvelée de militants du monde entier qui prolongent le vieux modèle des années 1970 de la dissidence. Ce mot, d’origine religieuse désignant la résistance à la pensée dominante, avait été créé pour caractériser l’action de personnalités qui, en URSS et dans le camp socialiste, s’opposaient à leurs dirigeants totalitaires.
L’histoire se construit souvent sur la base de mensonges ? On ne compte plus les faux célèbres comme la donation de Constantin, qui aurait fait cadeau de l’Empire à l’Église d’Occident, le faux testament de Pierre le Grand ou le Protocole des Sages de Sion (1901). Ce sont là quelques exemples les plus fameux de mystifications de grande ampleur. Dans le domaine de l’espionnage ou des actions clandestines, la dissimulation, seconde nature, se mesure souvent au carré, sinon plus. L’imposteur a d’autant plus de chance d’imposer son récit qu’il a pris la peine d’éliminer les témoins.
Mathieu Renault, docteur en philosophie politique et chercheur post doctoral à l'Université Paris Diderot présente ici une étude stimulante qui corrige les idées reçues sur la pensée de John Locke. Considéré par les philosophes et les scientifiques comme le père d'une pensée empirique développée en réaction contre le rationalisme de Descartes, John Locke est aussi le père d'une réflexion politique sur ce qu'une philosophie du libéralisme pourrait qualifier de 'juste impérialisme'.
En mai 1945, à Prague, le peuple insurgé, depuis le 5, mit fin à l’occupation allemande : la guerre arriva à son terme. La jeune Barbara, âgée de treize ans, fourra dans un sac à dos ses biens les plus précieux : une couverture de laine et un couteau de poche. C’est là tout ce que sa famille possédait encore, au moment de fuir vers l’ouest, le 8 mai 1945.
Ces dernières années, les livres portant sur le califat, sur Daech, la Syrie ou l’Irak, comme sur l’islam ont à nouveau proliféré, suite aux vagues éditoriales qui avaient déferlé après la victoire de la « révolution islamique » à Téhéran en février 1979, au djihad afghan ou aux attentats du 11 septembre. Journaliste à Alternatives économiques, Yann Mens ne prétend nullement traiter les choses en profondeur ; il faudrait pour cela des dizaines de volumes !
Professeur honoraire de relations internationales à l’Université de Lausanne, auteur de plusieurs ouvrages portant sur l’histoire des idées et sur les relations internationales contemporaines, Pierre de Senarclens part du constat, unanimement partagé, que les idéologies qui avaient dominé la guerre froide, surtout celles de type marxiste, ont perdu de leur audience planétaire, laissant la voie libre à l’emprise de valeurs hétérogènes d’inspiration ethnique et religieuse.
Au moment où le couple franco-allemand semble traverser un nouveau trou d’air, comme l’a montré la manière dont, aux yeux de Paris, Angela Merkel a négocié personnellement, en direct l’accord avec la Turquie sur l’accueil et le renvoi des migrants, il est plus que nécessaire de se pencher sur les rapports franco-allemands, qui depuis l’origine a toujours été considérée comme le fondement essentiel du muet de l’unification européenne.
Professeur des Universités à Sciences Po Paris, auteur d’une vingtaine d’ouvrages de référence, Bertrand Badie fait figure d’un des analystes les plus pénétrants des relations internationales en France. En cette année 2016, au moment où la conjoncture internationale est d’une rare complexité, comme elle ne l’a jamais été depuis soixante-dix ans, quel regard porte-t-il sur le monde ?
Voici vingt ans que Galia Ackerman fréquente ceux qui sont la mémoire de Tchernobyl, après avoir écrit notamment Les Silences de Tchernobyl (Autrement, 2006) et Tchernobyl : retour sur un désastre (Gallimard, 2007) sur la plus grande catastrophe nucléaire survenue le 26 avril 1986. Celle-ci a émis un « nuage » radioactif, qui a fait le tour de la planète, et créée une zone contaminée de 200 000 km², majoritairement dans un rayon de quelques centaines de kilomètres autour de la centrale en Ukraine et en Russie.
Ivan Cadeau, docteur en histoire, officier enseignant auprès de différents organismes de l’Armée de terre, spécialiste de la guerre d’Indochine et de la guerre de Corée, a soutenu sa thèse sur l’action du génie en Indochine. C’est donc logiquement qu’il signe, dans la collection « L’histoire en batailles » chez Tallandier, un volume sur Diên Biên Phu après avoir publié La Guerre d’Indochine chez le même éditeur en 2015. La défaite de Diên Biên Phu, si inattendue, a soulevé en France beaucoup d’incompréhension et a conduit à la formation d’une commission d’enquête en 1955.
Dans ce court essai, l’ancien ministre des Affaires étrangères revient sur certaines idées qui lui tiennent à cœur. Le tenant de la Realpolitik qu’il remet en cause, la notion de communauté internationale qui lui paraît être plus une formule, un objectif à atteindre, voire une illusion qu’une réalité. Certes, admet-il, les éléments constitutifs de la communauté internationale existent.
Il fallait pour présenter l’histoire et l’activité du Conseil, en mettant en évidence « ses ambitions » mais aussi « ses limites », une connaissance approfondie de cet organe, de son adaptation aux évolutions du monde, de ses réussites comme de ses échecs. Cette connaissance, l’auteur l’a acquise au cours de trois séjours à la Mission permanente de la France auprès des Nations unies à New York à des périodes très différentes, mais aussi dans l’exercice des responsabilités de haut niveau qui lui ont été confiées auprès du président Chirac et au Quai d’Orsay.
Souvent érigée en modèle, la Norvège, indépendante depuis 1905 seulement, est un pays envié. Son fonds d’investissement, le plus important du monde, est riche de près de 900 milliards de dollars, pour une population de 5 millions d’habitants, et possède près de 3 % de la capitalisation boursière mondiale. Chaque Norvégien dispose d’un revenu annuel de plus de 80 000 euros par an !
Nous savons tous, commence François Heisbourg, que le monde actuel, avec ses défis, ses crises endémiques et ses acteurs en quête de puissance ou de revanche, est né de l’effondrement de l’URSS en 1991 et du triomphe en trompe-l’œil des États-Unis. Ajoutons que nous le savons aujourd’hui, mais qu’au début des années 1990, cédant à l’hubris de la victoire, contrairement aux règles de l’école réaliste, dont l’un des représentants le plus éminent fut Henry Kissinger, Washington a peu œuvré pour intégrer vraiment la nouvelle Russie dans le concert des nations.
Ainsi en va-t-il du couple ou du tandem franco-allemand : il pousse mécaniquement Paris et Berlin à se concerter en permanence, à agir ensemble, à avancer des propositions qui font progresser l’Union européenne. Cette attraction ne dépend ni de la couleur politique des dirigeants des deux pays, ni de leur âge (Jacques Chirac aurait pu être le père d’Angela Merkel), ni bien sûr de leur sexe.
Pays tiraillé entre l’Orient et l’Occident, la Pologne est en suspens, comme crucifiée, profondément ancrée dans la foi catholique, mais où la laïcité gagne du terrain face à une Église qui renâcle à changer. Un pays où les femmes ont été les premières à obtenir en Europe le droit de vote (1918), mais où elles subissent aujourd’hui une loi sur l’avortement la plus restrictive d’Europe.
L’ouvrage volumineux est divisé en 21 chapitres. Il éclaire les lecteurs sur les aspects peu connus (peu glorieux ?) de la construction européenne. Les auteurs présentent l’évolution de l’idée européenne et sa réalisation politique et institutionnelle « de manière rigoureuse » (Jacques Sapir). En effet, le travail de recherches historiques, qui est la base du livre, est considérable.
La négociation, écrit Georges-Henri Soutou, est le sommet de la diplomatie. C’est une science qui a ses règles et ses références. Son étude – qui s’est systématisée – relève de disciplines diverses : la théorie des jeux qui évalue les gains potentiels des joueurs, la sociologie qui dégage des lois générales liées à leurs positions sociales et leurs intérêts réels, la science politique et la psychologie. Mais c’est peut-être l’histoire qui permet au praticien de tenter de dégager au mieux des enseignements des grandes négociations du passé.
Après des années de rétention de l’information, les données sur la défense chinoise commencent à circuler et permettent d’améliorer la connaissance de l’armée populaire de libération et de la plupart de composantes. L’analyse de l’ordre de bataille et des moyens aériens est désormais possible, même si de nombreux obstacles subsistent, la plupart venant des autorités chinoises elles-mêmes, malgré un discours censé promouvoir une plus grande transparence.
Vincent Desportes n’est pas content. Quand ce général n’est pas content, il le dit. Quand il le dit, cela s’entend. La bataille, dernière selon le titre, ne se joue pas sur le champ, mais dans la situation de nos armées, laquelle ne cesse de se dégrader. Certes, constate l’auteur, nous engageons nos forces à tout va et avec un succès apparent. Mais si nous sommes capables de gagner des batailles, nous sommes incapables de gagner des guerres.
Né à New York en 1955, normalien, énarque, Renaud Girard, correspondant de guerre au Figaro depuis 1984, a couvert pratiquement tous les conflits des trente dernières années (Afghanistan, Bosnie, Cambodge, Colombie, Croatie, Gaza, Haïti, Irak, Kosovo, Libye, Rwanda, Somalie, Syrie, Ukraine…). Il a aussi traité les grandes crises internationales, diplomatiques, économiques, financières.
Le Japon est entré en guerre dès septembre 1931, lorsqu’à la suite de l’incident de Mandchourie (incident sur une portion du chemin de fer de Mandchourie du Sud placé sous sa surveillance), ses troupes stationnées en Corée, annexée depuis 1910, traversèrent la frontière pour venir en renfort aux gardes de la voie ferrée.
Le dernier « Pascallon » vient de sortir. Son titre est clair et, seul, le point d’interrogation qui le ferme peut rassurer le lecteur au seuil de sa lecture. Il s’agit des actes d’un colloque tenu le 8 décembre 2014 à l’Assemblée nationale.
Les albums consacrés à nos régiments et bataillons sont toujours riches d’enseignement et permettent de consolider l’« esprit de corps » à travers un indispensable travail de mémoire. À cet égard, l’ouvrage consacré au 27e BCA en est une remarquable illustration et retrace non seulement l’histoire d’une grande unité, mais aussi une part de notre Histoire.
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