Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Le 2 mars 1917, Nicolas II abdique en faveur de son frère, le grand-duc Michel. Le lendemain celui-ci renonce au trône en attendant qu’une éventuelle assemblée constituante se prononce sur la forme de l’État. Si c’est donc bien le 3 mars 1917 que le régime monarchique prit juridiquement fin en Russie, François Antoniazzi considère que c’est le dimanche 26 février que le tsar perdit définitivement la partie contre le peuple insurgé de Petrograd.
Les Éditions First publient une collection au slogan trompeur : Pour les nuls vise l’honnête homme de notre temps et le livre que voici eût pu y trouver place. C’eût été le célébrer justement. Certes, le titre de l’ouvrage annonce mal son contenu, lequel est plus le comment que le pourquoi. Mais l’auteur est ici à son affaire ; il enseigne à « Normale sup » la stratégie nucléaire, sujet qui ouvre la porte à une dialectique sans fin.
Souveraineté – Nation – Religion. Derrière ce titre trinitaire quasi-clausewitzien se trouve une confrontation de haut vol entre deux penseurs contemporains dont « la rencontre était improbable et la discussion semblait impossible ». D’un côté de la table, Jacques Sapir, économiste et penseur reconnu de la souveraineté, « celui qui ne croit pas au Ciel ». De l’autre, Bernard Bourdin, philosophe, théologien et historien des idées politiques, « celui qui croit ». Entre ces deux « antinomies incarnées », s’engage sous le patronage de Bertrand Renouvin – directeur politique de Royaliste – un dialogue d’une grande fécondité entre deux visions complémentaires à la confluence des défis actuels de l’individualisme consumériste, du multiculturalisme et du fondamentalisme religieux.
« La Marine française pendant la guerre 14-18 » : en ces temps de commémoration autour du centenaire de la Grande Guerre, on pourrait naïvement se demander si tout n’a pas déjà été dit sur le sujet. Et pourtant, loin s’en faut : spécialiste de la Première Guerre mondiale et membre de la Société d’histoire maritime, l’auteur estime que ce dossier « n’a malheureusement été jusqu’ici que peu étudié ».
L’approche archétypale de la guerre nous est donnée par Homère à travers les deux personnages principaux de l’Iliade : Achille qui symbolise à la fois la force physique et les vertus morales (le sens de l’honneur) et Ulysse, polytropos (« l’homme aux mille ruses ») qui nous fournit le modèle du premier stratège, celui qui ne recherche pas la mort mais la victoire. Ce casting originel met en place les deux données essentielles de la démarche stratégique, la ruse et la force constituant les deux qualités du chef de guerre, reliées entre elles par la belle formule de Jean-François Lyotard : « la ruse est le point faible des forts ».
Fuyant la Yougoslavie communiste, Vladimir Dimitrijevic (1934-2011) est arrivé en Suisse en 1954. Après avoir travaillé comme ouvrier, puis footballeur professionnel (!), il ouvrit une petite librairie à Lausanne. Il fonda ensuite les éditions L’Âge d’Homme en 1966. Lors de sa mort accidentelle en 2011, au volant d’une camionnette chargée de livres, son catalogue comportait 4 500 titres.
Depuis le 11 septembre 2001, avec la vision en direct et passée en boucle sur les écrans de l’effondrement des Twin Towers, le monde a basculé dans une nouvelle ère anxiogène où l’émotion pourrait tenir lieu de politique étrangère.
La publication des promotions de la Légion d’honneur suscite toujours de nombreux commentaires sur les personnalités ainsi récompensées par la République avec toujours des questions sur son attribution. Cette notion de récompense publique est très ancienne et s’inscrit dans une longue histoire remontant au Moyen Âge avec les ordres de chevalerie dont la dimension chrétienne constituait le fondement et en structurait l’organisation hiérarchique.
Tout commentaire serait indigne de ce livre superbe. L’auteur lui-même s’effrayait d’aborder un tel objet. Il ne s’y est résolu qu’à la demande pressante d’une amie surprise, « sur le tard, de se découvrir une âme ». Extraits :
En partant du constat initial qu’en dépit des nombreuses affirmations politiques selon lesquelles « Nous sommes en guerre », surtout depuis les attentats de 2015, la plupart des responsables occidentaux « n’ont pas compris ou ne veulent pas comprendre » la nature du conflit auquel nous sommes confrontés. Le général Jean-Bernard Pinatel recherche dans le temps long les formes et les manifestations de ce radicalisme islamique qui « mène depuis trois siècles une guerre révolutionnaire à finalité religieuse » contre ce qu’il désigne comme les apostats, les croisés ou les ennemis de l’islam.
Dans les années 1850-1860 émerge en Russie un nouveau groupe social, l’intelligentsia, ouvert à la pensée politique occidentale tout en conservant les réserves exprimées par les slavophiles envers la culture libérale-bourgeoise européenne. Publié en 1863, Que faire ?, le roman initiatique de Tchernychevski influencera des générations entières de révolutionnaires russes, et sera déterminant sur le parcours politique du jeune Lénine, qui le lit pour la première fois à quatorze ans. Le révolutionnaire bolchévik considérait d’ailleurs son auteur comme « le plus grand et le plus doué des représentants du socialisme avant Marx », au point de donner à l’un de ses textes politiques emblématiques ce même titre de Que faire ?
La (re)lecture de cet ouvrage, paru en 2008, à la suite du conflit russo-géorgien est particulièrement enrichissante au vu des incertitudes qui caractérisent les relations actuelles entre l’Occident et la Russie. Laure Mandeville, grand reporter et correspondante du journal Le Figaro en Russie de 1997 à 2000, a couvert, à ce titre, les nombreuses crises qui ont secoué le monde post-communiste. Forte de cette expérience, elle livre avec clarté, dans La Reconquête russe, une analyse rétrospective de l’évolution politique de la Russie post-soviétique.
C’est en Arménie que l’on trouve les plus anciennes traces d’activité viticole, elles remonteraient à 6 000 ans. On trouve ensuite la vigne au Moyen-Orient et en Égypte, puis en Grèce (Alexandre le Grand serait d’ailleurs mort d’un excès de boisson) et en Italie. C’est dire si l’histoire du vin que nous relate Didier Nourisson est intimement liée à l’histoire de l’Europe et de la France en particulier. La tradition européenne du « porter de santé » proviendrait ainsi des libations faites aux dieux par les Grecs.
Ancien grand reporter à La Croix et à L’Express, Bernard Lecomte a couvert en direct les quinze dernières années de la fin du communisme. Il s’est passionné pour les deux lieux de pouvoir les plus mystérieux de notre temps : le Vatican et le Kremlin. On lui doit notamment une magistrale biographie de Mikhaïl Gorbatchev parue chez Perrin en 2014.
Le Centre d’étude et de prospective stratégique (CEPS) a saisi l’opportunité des échéances électorales de ce printemps pour refaire un point de situation sur l’état de notre défense après une première publication en 2012 intitulée La défense sans fard.
Le milieu marin a toujours été considéré comme difficile, voire hostile pour l’homme, et chaque avancée significative dans la conquête des océans a nécessité à la fois une forte volonté et une maîtrise des techniques les plus avancées.
Auteur en 2009 d’un premier ouvrage [1] sur le leadership, le contrôleur général des armées Daniel Hervouët nous livre ici sous forme épistolaire une réflexion philosophique et pratique à destination de la vaste communauté des formateurs de futurs chefs. « Encore l’autorité ! » pourrait-on dire ? Il est vrai que le thème ne manque pas d’être abordé par les hommes politiques – le plus souvent sans réelle consistance – et que les ouvrages récents sur le sujet ne manquent pas [2].
Alexandre Jevakhoff, dont une biographie de Mustafa Kémal (1989) et un ouvrage sur l’histoire des Russes blancs (2007) ont déjà été remarqués par la critique, reconnaît d’emblée que la guerre civile russe « est l’un de ces événements historiques qui paraissent susciter la subjectivité ».
En plus de 500 pages et 13 chapitres disposés en ordre chronologique depuis l’affrontement naval entre les navires de Jean-Sans-Terre et ceux de Philippe-Auguste, au début du XIIIe siècle, jusqu’à l’époque contemporaine, ce travail est destiné à un large public souvent peu ou mal informé de l’histoire maritime.
Les Pirates contre Rome est un véritable ouvrage d’historien comportant de solides références aussi bien aux œuvres littéraires et historiques grecques et romaines qu’à toutes les ressources iconographiques qu’offrent les musées en ce domaine. L’auteur met ainsi en évidence l’importance que les pirates ont pu avoir dans le monde antique, évoquant les réactions que la piraterie suscitait à tous les niveaux de la société.
« Un ami bouquiniste à l’esprit vif-argent m’interpelle un jour d’hiver et m’apprend que sa fille souhaite savoir ce qu’est la diplomatie, car elle songe à devenir diplomate. Quel ne fut pas mon étonnement lorsqu’il ajouta qu’elle était en classe de seconde, donc fort jeune, encore assez loin des études supérieures. Deux heures de conversation avec cette jeune fille m’ont peu après suffi pour comprendre qu’elle n’avait pas perdu de temps et que son esprit s’était affûté au contact des meilleurs auteurs… ».
À un moment de conflits ouverts et de menaces fondées sur la stratégie islamique de la terreur, ce livre permet de comprendre les événements dont la Libye a été le théâtre depuis le Printemps arabe en 2011 et l’élimination du colonel Kadhafi qui la gouvernait dictatorialement depuis 1969. Il avance également quelques hypothèses prospectives qui prolongent une histoire du « temps présent », elle-même saisie dans la logique de l’insertion en 1835 de ce pays sur l’échiquier de la question d’Orient ; et sur ce point, l’auteur consacre (trop ?) de nombreuses pages explicatives.
L’auteur a fait ses preuves d’historien, sa bibliographie en atteste, elle est pour l’essentiel consacrée au Maghreb, plus particulièrement au Maroc. Mais l’ouvrage dont il est ici question n’est pas un livre d’histoire. L’auteur le reconnaît lui-même puisque dans son introduction il le baptise « essai », destiné à « interroger le moment de la « décolonisation », ses acteurs et sa réalité. ».
Dans cet ouvrage, qui lui a été inspiré par ses enfants, Dominique Moïsi poursuit sa réflexion sur le monde, qu’il avait entamée dans La Géopolitique de l’émotion (2008) : comment les cultures de la peur, de l’humiliation et de l’espoir façonnent le monde dont il s’était employé à cartographier les émotions. Plus d’espoir en Asie derrière la croissance économique de la Chine et de l’Inde, plus d’humiliation dans le monde arabo-musulman, plus de peur en Occident de l’Europe aux États-Unis. Ce nouvel essai sur la géopolitique des séries prolonge et actualise sa réflexion d’hier. À l’heure de la mondialisation, la série télévisée est devenue, une, sinon « la » référence culturelle universelle, inévitable même, pour qui s’attache à analyser l’émotion du monde.
Julian Lindley-French, vice-président de l’Association du Traité de l’Atlantique (ATA) et William Hopkinson, ancien directeur adjoint du Royal Institute of International Affairs (Chatham House) et ancien Secrétaire d’État adjoint au ministère de la Défense britannique, s’attellent dans cet ouvrage à proposer une vision cohérente des évolutions géostratégiques au Moyen-Orient et à présenter un plaidoyer pour une nouvelle stratégie audacieuse, qui permettrait de mettre fin aux multiples déchirures que connaît cette région.
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