Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
L’United States Navy est-elle en phase de déclin avancé ? À en juger par la puissance, la masse et l’avance technologique de cette marine « second to none », on pourrait en douter. Et pourtant, Seth Cropsey nous montre avec Seablindness que le Sea Service (1) est engagé depuis la fin de la guerre froide dans un processus d’érosion dont il juge les symptômes alarmants et les conséquences potentiellement dramatiques pour la sécurité américaine et plus généralement pour la stabilité de l’ordre libéral.
Anne Nivat, grand reporter indépendante spécialiste de la Russie (1) livre, dans son nouvel ouvrage Un continent derrière Poutine ?, un panorama captivant de la société russe à la veille de la réélection de Vladimir Poutine, le 18 mars 2018, pour un nouveau mandat de six ans (2018-2024).
À l’heure où les meilleurs esprits écrivent que « les guerres se multiplient et ne connaissent pas de fin » (1), il est intéressant de se référer aux dures leçons de l’histoire militaire, comme de l’histoire tour court. Que n’a-t-on écrit sur cette fameuse bataille de Koursk, la plus sanglante du second conflit mondial, peut-être de tous les temps, en tout cas le plus important affrontement de blindés de l’histoire militaire qui a eu lieu le 13 juillet 1943 dans la plaine de Prokhorovka.
Tous les observateurs attentifs de la société russe ont été frappés par une sorte de paradoxe : sous une apparence formellement féminine, les femmes russes montrent ouvertement de fortes tendances directives, voire dominatrices à l’égard des hommes, lesquels se retrouvent souvent de ce fait infantilisés au niveau familial alors qu’ils dominent officiellement la vie politique et la direction des entreprises, domaines où toute idée de parité est exclue. Déjà au XIXe siècle, Anatole Leroy-Beaulieu, remarquait entre les deux sexes « une sorte d’inversion de qualités ou de facultés… Si l’on pouvait reprocher parfois aux hommes quelque chose de féminin, les femmes, en compensation, avaient dans le caractère et dans l’esprit quelque chose d’énergique et de viril. »
« Et c’est ainsi qu’un peuple pacifique a conquis le monde, en partie grâce à l’excellence de sa stratégie et de sa tactique. Et qu’il l’a perdu. » Dans son dernier livre, Yann Le Bohec, professeur émérite à l’université Paris IV Sorbonne, nous explique le pourquoi et le comment de la conquête romaine en faisant la synthèse de quarante années de recherches sur l’armée de Rome.
À l’heure où l’Europe est à un tournant de son histoire millénaire, il paraît utile de mieux savoir ce qu’elle est réellement. Ravissante nymphe enlevée par Zeus, déguisée pour l’occasion en taureau qui la conduit de l’Orient à la Crète, l’Europe a revêtu aux cours des siècles bien des aspects. Ceux des Empires, romain, carolingien, napoléonien, ou l’« ordre nouveau » d’Hitler. Celui d’une communauté économique devenue depuis 1993 l’Union européenne à 28 membres, en passe avec le Brexit d’être réduite à 27 membres, avant peut-être de s’élargir aux pays balkaniques.
S.P.Q.R. – Senatus Populusque Romanus (« le Sénat et le peuple romain ») – est l’abréviation qu’utilisaient les Romains pour désigner leur État. Plus de quinze siècles après son effondrement, l’ancienne Rome continue de soutenir l’édifice de la culture occidentale, de façonner notre vision du monde. Comment et pourquoi ce qui n’était apparemment qu’un village insignifiant de l’Italie centrale a-t-il pu devenir une puissance à ce point dominante, exerçant son autorité sur un vaste territoire déployé à travers trois continents et façonnant nombre de nos concepts fondamentaux sur le pouvoir, la citoyenneté, la guerre, l’empire, etc. ?
Le 2 mars 1917, Nicolas II abdique en faveur de son frère, le grand-duc Michel. Le lendemain celui-ci renonce au trône en attendant qu’une éventuelle assemblée constituante se prononce sur la forme de l’État. Si c’est donc bien le 3 mars 1917 que le régime monarchique prit juridiquement fin en Russie, François Antoniazzi considère que c’est le dimanche 26 février que le tsar perdit définitivement la partie contre le peuple insurgé de Petrograd.
La littérature francophone sur les industries de défense dans le monde est assez rare et réservée à quelques cercles restreints d’experts. D’où l’intérêt de cet ouvrage – au format court avec 120 pages – écrit par Fanny Coulomb, maître de conférences à Sciences Po Grenoble et membre du Conseil scientifique de l’Irsem.
« The United States must decide if it wants to remain a liberal superpower ». Tel est le constat formulé par Thomas J. Wright en achevant cet essai en décembre 2016, à la rotule entre les présidences Obama et Trump. Directeur du projet « Ordre international et stratégie » à la Brookings Institution, l’auteur dresse avec All Measures Short of War un bilan réaliste du retour des rivalités géopolitiques et s’attache à proposer en conséquence une stratégie pour son pays. Une stratégie pour la compétition du XXIe qui s’ouvre. Une stratégie pour préserver la « paix froide » dans un monde interdépendant où s’expriment sans complexe les rivalités.
L’ouvrage constitue la première synthèse sur le commerce maritime qui s’appuie sur l’étude des épaves antiques. Il se fonde sur un imposant catalogue comprenant les notices détaillées de 102 épaves et constitue à ce jour l’un des dictionnaires d’épaves les plus complets.
Au moment où Les heures sombres, film historique britannique captant un moment épique de la vie du vieux lion dressé seul face à l’Allemagne nazie, sortait sur les écrans, était publié ce monumental dictionnaire Churchill, œuvre d’Antoine Capet, professeur émérite de civilisation britannique à l’Université de Rouen.
Il est aujourd’hui de bon ton de faire référence aux penseurs asiatiques dans la mesure où la zone Asie-Pacifique est devenue le nouveau centre de gravité du Monde. Citer Sun Tzu est aujourd’hui « tendance », alors même que les connaisseurs du personnage étaient très rares il y a encore cinquante ans.
Saint Cyrien de 1966, Michel Klen analyse en détail les événements de la guerre d’Algérie et souligne avec neutralité tous les traumatismes qui ont entraîné la fin de l’Algérie française. Remontant dans le passé, il rappelle l’enlèvement des Chrétiens par les pirates barbaresques, la vente frauduleuse de blé au Directoire, l’opposition des Arabes à l’agriculture (selon Tocqueville), les hésitations de Bugeaud, l’approbation de la colonisation par Victor Hugo et Ferhat Abbas.
Ce très beau livre superbement illustré et bien documenté a l’ambition de nous convier à un voyage dans le temps, au sein de cet espace maritime plus ou moins mystérieux qui deviendra progressivement vers la fin du XVIe siècle ce que nous appelons aujourd’hui l’océan Indien.
Dans ce troisième et dernier volume de sa monumentale histoire du communisme, après les Bourreaux et les Victimes, Thierry Wolton traite des Complices, ces divers « compagnons de route » que Lénine avait dénommés en son temps d’« idiots utiles ». En décrivant avec force de détails la reconversion des anciens membres des nomenklaturas, dont certains ont commencé » leur « passage « dans les affaires dès les années 1986-1988, Thierry Wolton montre que seuls 10 à 20 % des anciennes élites communistes ont quitté la scène. Les autres sont devenus sociaux-démocrates, nationalistes, hommes d’affaires ou ont préservé leurs positions dans les divers organes du pouvoir.
Le 2 mars 1917, Nicolas II abdique en faveur de son frère, le grand-duc Michel. Le lendemain celui-ci renonce au trône en attendant qu’une éventuelle assemblée constituante se prononce sur la forme de l’État. Si c’est donc bien le 3 mars 1917 que le régime monarchique prit juridiquement fin en Russie, François Antoniazzi considère que c’est le dimanche 26 février que le tsar perdit définitivement la partie contre le peuple insurgé de Petrograd.
Les Éditions First publient une collection au slogan trompeur : Pour les nuls vise l’honnête homme de notre temps et le livre que voici eût pu y trouver place. C’eût été le célébrer justement. Certes, le titre de l’ouvrage annonce mal son contenu, lequel est plus le comment que le pourquoi. Mais l’auteur est ici à son affaire ; il enseigne à « Normale sup » la stratégie nucléaire, sujet qui ouvre la porte à une dialectique sans fin.
Souveraineté – Nation – Religion. Derrière ce titre trinitaire quasi-clausewitzien se trouve une confrontation de haut vol entre deux penseurs contemporains dont « la rencontre était improbable et la discussion semblait impossible ». D’un côté de la table, Jacques Sapir, économiste et penseur reconnu de la souveraineté, « celui qui ne croit pas au Ciel ». De l’autre, Bernard Bourdin, philosophe, théologien et historien des idées politiques, « celui qui croit ». Entre ces deux « antinomies incarnées », s’engage sous le patronage de Bertrand Renouvin – directeur politique de Royaliste – un dialogue d’une grande fécondité entre deux visions complémentaires à la confluence des défis actuels de l’individualisme consumériste, du multiculturalisme et du fondamentalisme religieux.
« La Marine française pendant la guerre 14-18 » : en ces temps de commémoration autour du centenaire de la Grande Guerre, on pourrait naïvement se demander si tout n’a pas déjà été dit sur le sujet. Et pourtant, loin s’en faut : spécialiste de la Première Guerre mondiale et membre de la Société d’histoire maritime, l’auteur estime que ce dossier « n’a malheureusement été jusqu’ici que peu étudié ».
L’approche archétypale de la guerre nous est donnée par Homère à travers les deux personnages principaux de l’Iliade : Achille qui symbolise à la fois la force physique et les vertus morales (le sens de l’honneur) et Ulysse, polytropos (« l’homme aux mille ruses ») qui nous fournit le modèle du premier stratège, celui qui ne recherche pas la mort mais la victoire. Ce casting originel met en place les deux données essentielles de la démarche stratégique, la ruse et la force constituant les deux qualités du chef de guerre, reliées entre elles par la belle formule de Jean-François Lyotard : « la ruse est le point faible des forts ».
Fuyant la Yougoslavie communiste, Vladimir Dimitrijevic (1934-2011) est arrivé en Suisse en 1954. Après avoir travaillé comme ouvrier, puis footballeur professionnel (!), il ouvrit une petite librairie à Lausanne. Il fonda ensuite les éditions L’Âge d’Homme en 1966. Lors de sa mort accidentelle en 2011, au volant d’une camionnette chargée de livres, son catalogue comportait 4 500 titres.
Depuis le 11 septembre 2001, avec la vision en direct et passée en boucle sur les écrans de l’effondrement des Twin Towers, le monde a basculé dans une nouvelle ère anxiogène où l’émotion pourrait tenir lieu de politique étrangère.
La publication des promotions de la Légion d’honneur suscite toujours de nombreux commentaires sur les personnalités ainsi récompensées par la République avec toujours des questions sur son attribution. Cette notion de récompense publique est très ancienne et s’inscrit dans une longue histoire remontant au Moyen Âge avec les ordres de chevalerie dont la dimension chrétienne constituait le fondement et en structurait l’organisation hiérarchique.
Tout commentaire serait indigne de ce livre superbe. L’auteur lui-même s’effrayait d’aborder un tel objet. Il ne s’y est résolu qu’à la demande pressante d’une amie surprise, « sur le tard, de se découvrir une âme ». Extraits :
Colloques, manifestations, expositions...
Institutions, ministères, médias...