Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Jean-Claude Delhez n’aime pas les chars. C’est le moins que l’on puisse dire. Dans un livre-réquisitoire, cet historien et journaliste belge, auteur de plusieurs ouvrages portant sur les deux guerres mondiales (cf. La bataille des frontières, Joffre attaque au centre 22-26 août 1914, Paris, Économica, 2013), s’efforce ici de nous démonter que les chars d’assaut, qu’il assimile à des canons roulants dont le seul objet serait de détruire d’autres chars, n’ont strictement aucune utilité sur le plan militaire.
On se réfère souvent au général de Gaulle, sans l’avoir toujours bien lu et médité. Il est vrai que cet homme d’État, qui, depuis juin 1940, écrivait deux heures par jour, a laissé bien des discours, lettres, notes, Mémoires, confidences qu’ont notées ses collaborateurs les plus proches, au premier chef Alain Peyrefitte qu’il voyait presque chaque jour. Le mérite de François Kersaudy, qui a enseigné aux universités d’Oxford et de Paris I, auteur de De Gaulle et Churchill et d’une biographie de Churchill est de se situer à ces hauteurs et d’avoir su choisir, parmi l’abondant corpus gaullien, les passages ou citations les plus appropriés. Les thèmes qu’il a choisis sont vastes mais portent sur les questions essentielles. Celles du destin de la France d’abord (Pétain et Vichy, la France libre et la Résistance), de l’État et des institutions, et de l’Algérie. Des sujets aujourd’hui largement historiques mais qui ont laissé des blessures toujours non guéries ou dépassées. Mais l’essentiel – de quoi nous combler – porte sur les thèmes de politique extérieure.
Le général Léon Zeller avait écrit en 1933 ses souvenirs sur les grands chefs de la Grande Guerre qu’il avait rencontrés avant et pendant la guerre (qu’il a faite comme lieutenant-colonel). Leur volume avait interdit leur publication exhaustive. Son petit-fils, le général Louis Zeller, a confié au colonel Claude Franc, historien reconnu de cette période, le soin d’en extraire les passages essentiels en se focalisant sur Foch et Pétain. Cet exercice difficile a produit un livre qui, s’il n’apporte pas de lumières nouvelles sur la conduite de la Grande Guerre, offre des portraits saisissants de deux personnalités hors normes.
L’historiographie de la Première Guerre mondiale s’intéresse généralement aux aspects militaires ou politiques du conflit. L’angle social est souvent négligé. L’ouvrage de Jacques R. Pauwels, historien belge néerlandophone, publié par les éditions Delga, répare opportunément cet oubli.
Le général Serge Andolenko (1907-1973) est le fils d’un officier de l’armée impériale russe tué pendant la Première Guerre mondiale. Arrivé en France en 1921, il entre à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr en 1924, en sort sous-lieutenant en 1926 et sert dans la Légion étrangère où il fera toute sa carrière, avant de se consacrer à l’histoire militaire (les Éditions des Syrtes ont publié l’an dernier sa biographie de Souvorov).
Le 70e anniversaire de l’État d’Israël, dont la création fut proclamée le 14 mai par David Ben Gourion dans le petit musée de Tel-Aviv, est assurément l’occasion de dresser un bilan de cet État, unique en son genre. Né de l’imagination du journaliste viennois Theodor Herzl, qui avait assisté en 1895 à la dégradation du capitaine Alfred Dreyfus, bien peu dans les communautés dispersées de la diaspora y crurent, lui opposant toute une série d’arguments.
La parution de l’album de vingt-trois gouaches de l’artiste peintre Jean Peyrissac par Les Éditions Michalon (avec le soutien de la Mission du Centenaire) constitue un événement remarquablement rare relatif à la création artistique de la Première Guerre mondiale. Cet album constitue un témoignage exceptionnel, éclairant un épisode du Front d’Orient de la Macédoine et plus précisément de la ville de Monastir (aujourd’hui Bitola).
L’Europe, pourquoi comment, jusqu’où se demandent dans leur copieuse introduction, les maîtres d’œuvre de cette monumentale entreprise éditoriale qui a réuni plus de 430 spécialistes de tous les pays, de tous les horizons de toutes les disciplines. Au moment où l’Europe ne sort pas de l’histoire, mais s’interroge plus que jamais sur son destin, son avenir, sa cohésion et stabilité, sa sécurité et son « autonomie stratégique », il paraît nécessaire de mieux savoir d’où elle vient cette Europe, ce cap extrême de l’Asie, qui a conquis jadis les trois quarts de la planète. Car elle semble se retirer à petits pas de la scène mondiale, l’Europe, celle du moins où s’affrontent à nouveau les « gladiateurs » de Hobbes, les États continents ces « constructions impériales » que sont les États-Unis, la Russie, la Chine et demain l’Inde, le Brésil peut-être.
« We had won the Cold War at sea: the world’s oceans had been ventured, and the world’s oceans had been gained ». C’est par cette phrase que s’achève le passionnant récit de celui qui fut le secrétaire à la Marine du président Reagan de 1981 à1987, John Lehman. Avec ce quatrième ouvrage, le père de la New Maritime Strategy nous montre comment, en l’espace d’une décennie, les États-Unis ont renversé l’équilibre des forces et acculé l’URSS à la défaite stratégique, en utilisant le levier du Seapower. Richement illustré, cet essai percutant est à la fois une analyse historique, une aventure humaine et une invitation à la réflexion stratégique.
Cet ouvrage universitaire composé d’une douzaine de contributions, vient répondre à un certain nombre d’interrogations relatives à l’organisation et au fonctionnement de la structure d’administration centrale, mise en place autour du secrétaire d’État de la Marine à partir de son premier titulaire, Colbert, en 1669.
Cet ouvrage produit dans la collection « Doc’ en Poche - Place au débat », donne des éléments de réponse à la question posée dans son titre. Il part du constat de la mondialisation, qui repose sur deux piliers essentiellement maritimes : le transport par porte-conteneurs qui permet d’échanger des marchandises matérielles à des coûts très faibles, et les câbles sous-marins qui véhiculent l’essentiel des données immatérielles dans le monde, à des coûts également marginaux. Ces deux modes de transport organisés en réseaux, de surface et sous-marins, sont les premiers vecteurs de la mondialisation.
C’est un très beau film que nous offre Cheyenne-Marie Carron. À travers une remarquable étude de mœurs sur la jeunesse actuelle et sa quête d’idéal, elle exalte les vertus d’honneur, de fidélité et de solidarité qui sont l’apanage de notre Armée.
Aujourd’hui, les expressions de géopolitique, de géopoliticien ou encore de géopolitologue sont devenues si courantes et utilisées à tout propos, comme si tout phénomène social était par nature géopolitique, que l’on a peine à se rendre compte de l’opprobre dont elles firent preuve jusqu’à la fin des années 1970. On doit l’énorme succès de cette notion en France au géographe Yves Lacoste, fondateur de la revue Hérodote, qui s’est voulue la première traitant de sujets géopolitiques, encore qu’à l’origine, en 1976, elle ait eu pour sous-titre « Stratégies, géographies, idéologies ».
Pilote d’hélicoptère de combat dans l’Armée de terre et auteur de Dans les griffes du Tigre (Les Belles Lettres, 2013), le lieutenant-colonel Brice Erbland nous livre avec cet essai les fruits de son mémoire de scolarité réalisé en 2017 à l’École de Guerre.
Agrégé d’histoire et journaliste pour Le Figaro et Le Point en Asie du Nord-Est pendant près de vingt ans, Sébastien Falletti a mené une véritable enquête sur les arcanes de la dynastie de Kim. Celle-ci l’a mené tant à Séoul qu’à Pyongyang, à Tokyo, Washington, New York, où se sont réfugiés la tante et l’oncle de Kim Jong-un qui avaient fait figure de ses parents d’emprunt lors des années qu’il passa à Lausanne dans l’intimité apparemment la plus totale, mais aussi à Guam et Osaka.
L’Arctique, bordée par cinq pays riverains, Canada, États-Unis, Russie, Norvège et Danemark, via le Groënland, appelée à devenir bientôt indépendant, espace qui resta si longtemps éloigné, glacial, nocturne une partie de l’année, hostile à l’homme, dangereux, et largement inconnu, s’ouvre aux activités humaines ; qu’il s’agisse du transport maritime, durant la saison estivale, de la pêche, du tourisme et bien entendu de l’exploitation de ses ressources minérales et énergétiques.
Cyclope, est le rapport annuel le plus complet portant sur l’ensemble des marchés de biens et de services, publié en français, qui a peu d’équivalent dans le monde : 150 experts de toutes origines y collaborent.
Selon les dernières évaluations émanant du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Organisation météorologique mondiale (OMM) – les deux organes de l’ONU suivant les questions climatiques – datant de l’automne 2015, la hausse actuelle des gaz à effet de serre (GES) conduit à une hausse, moyenne, des températures, au-delà des 3 à 3,5°C à l’horizon 2100 ; bien au-dessus des objectifs de l’accord de Paris du 12 décembre 2015 « au-dessous de 2°C, et si possible au-dessous de 1,5°C. Des experts chinois, ont estimé plus récemment la hausse probable à 4°C au même horizon.
Dirigé jusqu’en 2017 par le général Benoît Durieux, l’un des rares spécialistes français de Clausewitz, le CHEM (Centre des hautes études militaires) prépare à leurs futures responsabilités les généraux de demain. La guerre par ceux qui la font rassemble un certain nombre de travaux de son avant-dernière promotion sous la forme de courts essais sur des thèmes qui répondent à l’actualité stratégique. Ces contributions font souvent référence aux opérations récentes des armées françaises où leurs auteurs, alors colonels ou capitaines de vaisseau, ont souvent joué un rôle de premier plan et se sont trouvés précisément à la confluence entre la sphère militaire et la sphère politique. C’est précisément cette expérience qui fait tout l’intérêt de l’ouvrage, mais qui en constitue aussi les limites. Moins théorique qu’un travail universitaire, cet ensemble s’attache plutôt aux possibilités réelles des armées françaises et de leurs adversaires, au risque quelquefois d’un certain conformisme par rapport aux modes intellectuelles dominantes.
Le célèbre florentin n’est pas seulement l’auteur de l’opuscule destiné à l’information et l’éducation des « princes », italiens : le De principatibus, notre Prince, rédigé une fois retiré – contre son gré – des affaires ou des Discours sur la première décade de Tite-Live, consacré au fonctionnement des « républiques ». Il fut aussi un ambassadeur cultivé, un homme de lettres dans tous les sens du mot, qui, envoyait des notes aux organes exécutifs de la République, en des moments cruciaux de son existence. La Segnoria, le gouvernement de Florence, composé de neuf « prieurs » renouvelés tous les deux mois, l’envoya à quatre reprises, en 1500, 1503, 1510, 1511 en France.
Au lendemain du G7 des 7-8 juin au Québec et du Sommet Trump/Kim Jong-un de Singapour, du 12, et en pleine « guerre commerciale » entre alliés du camp atlantique, il est intéressant de faire le point sur le rôle et la place unique qu’occupent les États-Unis sur la scène internationale. Sans se livrer à des développements fournis ce petit ouvrage livre, à peu près, l’essentiel en chiffres, cartes et idées clefs.
Par deux fois, l’Allemagne, puissance continentale confrontée à une puissance maritime dominante, l’Angleterre, réagit de la même manière en s’attaquant au commerce ennemi, choisissant ainsi une approche asymétrique du faible au fort, approche déjà théorisée par le stratégiste naval britannique Julian Corbett sous le nom de « guerre de course » (par opposition à la « guerre d’escadres »). Dans les deux cas, cette stratégie échoue et se termine par la défaite de l’Allemagne. L’ambition affichée dans son dernier livre par François-Emmanuel Brézet, spécialiste reconnu de la marine allemande, est de nous montrer qu’en dépit d’un objectif stratégique commun ces deux guerres sous-marines allemandes aux communications maritimes partagent paradoxalement peu de points communs.
Sillonnée durant des millénaires, par des navires venus de toutes ses rives, navires de commerce, de combat, puis de tourisme, voilà que la mare nostrum, cette mer au milieu des terres est devenue frontière de pauvreté. C’est un chassé-croisé de paquebots de croisière, occidentaux qui déversent sur ses côtes des armadas de touristes aisés, alors que des masses de déshérités s’embarquent sur des esquifs de fortune cherchant des terres promises. Ces milliers d’Africains, de Syriens, Érythréens… fuient, leur manque de liberté politique, l’intolérance religieuse et surtout leur misère. La grande bleue est devenue pour eux le gouffre de la mort. Mais les flottes des puissances y voguent aussi, les Russes ont établi des bases à Tartous et Lattaquié. La marine chinoise y a fait des apparitions remarquées et qui sait si l’Iran ne cherche pas à s’établir sur les côtes syriennes, pour un jour exporter son gaz… Une éventualité lointaine et hasardeuse, mais doit-on pour autant totalement l’écarter ?
Avec ce traité de stratégie, les quatre piliers de l’enseignement stratégique à l’École de Guerre proposent une somme à la fois exigeante et accessible, qui s’inscrit dans la lignée de l’œuvre magistrale de feu Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012). Pour les nombreux élèves qui ont eu l’honneur de suivre les enseignements du maître, cet ouvrage sera ainsi une forme de renouveau dans la continuité, avec au passage une cure d’amaigrissement sensible par rapport aux 1 200 pages de la dernière édition de son indispensable Traité de stratégie (1). Pour le public plus large, ce recueil d’une grande clarté constitue une remarquable introduction à la stratégie, abordée ici dans toutes ses facettes.
Récemment la presse a titré « La voiture électrique fait flamber le cobalt », qui a frôlé les 82 000 $ soit une hausse de 32 % en six mois et de 65 % sur un an (en comparaison la tonne de pétrole s’élève aujourd’hui à environ 500 $, après être tombé à 205 $ en janvier 2016). Car 40 % du cobalt, dans le monde est utilisé dans les batteries, celles des produits électroniques puis celles des voitures électriques dont les nombreux types de batteries au lithium ion utilisent à 80 % du nickel, à 15 % du cobalt, à 5 % d’aluminium. Le nombre de ces dernières atteindra les 30 millions (EV) en 2030, la production de cobalt devait augmenter pour satisfaire à la demande de 314 000 tonnes par an, soit plus de 300 % par rapport à 2016.
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