Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Amélie Zima est chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), elle est docteure en science politique de l’université de Nanterre, spécialiste des politiques d’élargissement de l’Otan après la guerre froide. Elle était précédemment chercheure au Centre de civilisation et d’études francophones de l’Université de Varsovie. Elle a remporté le prix de la meilleure thèse de l’IHEDN en 2017. Son ouvrage retrace l’histoire de l’Organisation de l’Atlantique Nord depuis ses prémices, avec la résolution Vandenberg en 1948 qui va autoriser le gouvernement américain à signer le traité de l’Atlantique Nord en 1949, jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, l’Otan traverse une crise de défiance, à la fois face à la montée en puissance russe et face au relatif retrait de l’Administration Trump de l’Organisation. Elle y aborde tant les évolutions historiques que fonctionnelles en s’intéressant en particulier aux positions des différents États d’Europe centrale et orientale.
La période embrassée dans ce nouveau volume de la magnifique collection « Mondes Anciens » chez Belin est vaste : près de sept siècles séparent la fondation de Rome (en 753 av. J.-C. selon la tradition) du consulat de Pompée en l’an 70 de notre ère. Une grande partie de cette période, de 509 à 27 av. J.-C., relève de la République romaine. Si les auteurs n’ont pas choisi comme butée cette date de 27 av. J.-C. c’est afin de mettre l’accent sur l’expansion romaine, thème dominant de l’ouvrage. L’année 70 voit en effet l’enregistrement au nombre des citoyens romains de tous les Italiens et marque donc la fin de la conquête, en Italie tout au moins, et pratiquement sur tout le pourtour méditerranéen.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « décrire la bataille de Trafalgar deux cent ans après son déroulement n’est pas chose facile [nous avertit l’amiral Rémi Monaque dont l’ouvrage de référence sur la bataille vient enfin d’être réédité]. La multitude des récits et témoignages dont on dispose complique la tâche [poursuit-il], tant il est malaisé pour beaucoup d’entre eux d’y démêler l’histoire de la légende ». Dans l’histoire de la pensée navale, l’événement tient une place très importante. Sur le plan stratégique beaucoup moins car, contrairement à ce que l’on peut lire parfois, Trafalgar n’a pas sauvé la Grande-Bretagne d’une invasion française, le projet de débarquement ayant été abandonné bien avant. Dès le 23 août, Napoléon décide en effet de lever le camp de Boulogne et de marcher sur Vienne avec la Grande Armée, abandonnant ainsi son « Grand Dessein », la conquête de l’Angleterre. Le 31 octobre, Napoléon est déjà en Autriche et conduit la campagne qui culminera le 5 décembre avec le triomphe d’Austerlitz. Trafalgar représente donc selon les mots de l’amiral Monaque une « tragédie inutile »…
Docteur en études slaves contemporaines au Centre de recherches pluridisciplinaires et multilingues de l’université Paris-Nanterre, l’auteur a sillonné la Russie pendant dix ans pour se livrer à une sérieuse enquête sur le terrain qui lui a permis de décrire une « machinerie unique au monde » mêlant pouvoir, oligarques et athlètes de haut niveau qu’il nomme Sportokratura, néologisme formé des mots sport, kratos – « force, pouvoir » et nomenklatura, qui désigne depuis l’URSS la machine de l’élite politico-économique du pays. On sait bien depuis Clausewitz que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Mais depuis des siècles le sport a été également conçu comme moyen de régler maints différends et d’agir parfois comme un substitut à l’affrontement armé.
C’est autour de la production et du contrôle de la nourriture que se sont originellement organisés tous les groupes humains, à travers les tabous alimentaires, les périodes de jeûne, les rituels culinaires ou les rites d’abattage. Les denrées alimentaires sont évidemment choisies en fonction de leur disponibilité et de critères économiques, mais aussi selon « des raisonnements diététiques et des références symboliques propres à une culture et à un milieu social ». L’acte de manger (et de boire) est ainsi un « fait social total » pour reprendre le concept de Marcel Mauss. Cette nouvelle Histoire de l’alimentation, s’inscrit donc dans les pas d’une histoire culturelle redevable aux apports des autres sciences humaines et sociales. Ce livre richement illustré ouvre une nouvelle collection chez Belin, intitulée « Références » et qui portera sur « des thématiques historiques majeures inscrites dans la longue durée ».
Otto von Bismarck est un géant de l’histoire. Comme Napoléon avant lui, il domine de sa stature le XIXe siècle tant allemand qu’européen et sa marque a perduré bien après lui. Ce n’est pas pour rien que Henry Kissinger, le place au sein de son Panthéon des grands hommes d’État, aux côtés de Richelieu et de Gaulle. Entre ces trois géants que de similitudes. Avant tout ce furent des réalistes, jugeant à la perfection les rapports de force, la psychologie des acteurs, faisant foin des idéologies. Après avoir rassemblé les États germaniques du Nord au sein de la Confédération de l’Allemagne du Nord en 1867, Otto von Bismarck, ambassadeur à Saint-Pétersbourg de 1859 à 1862 venait d’être nommé à Paris, lorsque Guillaume Ier l’appela à Berlin où le 23 septembre 1862 il devint chancelier. En attendant sa nomination, il eut la possibilité de rencontrer Napoléon III à Biarritz.
Quels sont les facteurs qui conduisent les soldats en opération à agir comme ils le font ? Sont-ils en premier lieu influencés par la doctrine, par les institutions politiques nationales ou par ce que des instances internationales peuvent attendre d’eux ? Cornelius Friesendorf (de l’Université de Hambourg) s’attache à explorer la part des routines dans la prise de décision et la conduite des opérations, sans pour autant exclure ces facteurs susmentionnés. Voulant s’extraire des débats universitaires sur la notion de culture, il emploie le concept de routine comme une partie d’une culture, un schéma de comportements continuellement répétés (ou des capacités organisationnelles déclenchées par des stimuliadéquats). Plus le répertoire des routines est important, plus une organisation peut effectuer de tâches. Ainsi, l’auteur s’intéresse non pas à la stratégie, mais à son implémentation sur le terrain, en étudiant les usages de la force, mais pas sa préparation (renseignement).
Avant d’être l’auteur de Vie et destin, considéré comme le Guerre et paix du XXe siècle, publié en 1960 en URSS, et en 1980 en Occident, Vassili Grossman est celui de Carnets de guerre publiés chez Calmann-Lévy en 2007. S’y ajoutent ces Années de guerre, qui datent de 1946, déjà publiés aux Éditions Autrement en 1993. Voilà qu’ils sont republiés délestés de leur postface, mais agrémentés d’une préface de l’écrivain Mathias Enard. Nous n’entrerons pas dans la polémique portant sur les passages de l’édition princeps parue en 1946 qui ont été coupées par l’éditeur, car consacrées à l’éloge du régime stalinien que l’auteur avait été contraint d’écrire pour passer la censure. Avec le recul du temps, cela ne semble pas essentiel. Reste donc la qualité et la densité du témoignage qui, parmi tant de récits de guerre, rend la lecture des Années de guerre « inoubliable ».
Notre planète subit des bouleversements de toutes sortes. Effets de plus en plus visibles du changement climatique, pertes de biodiversité, pandémie actuelle et prévisible, transition énergétique ; toutes ces conséquences s’amplifient, se conjuguent et s’enchaînent. En Amazonie, vaste de près d’un million d’hectares de forêts primaires, la réserve de Chico Mendes – du nom du militant écologiste assassiné en 1988 pour s’être dressé contre les fermiers latifundiaires – était, il y a quelques années la mieux protégée du Brésil. Elle est aujourd’hui l’une des plus saccagées du Brésil. À l’heure actuelle 15,3 % des terres et 7,5 % des océans font partie des zones protégées, alors que certains experts estiment qu’il en faudrait 50 % afin de préserver la biodiversité et la soutenabilité de notre planète. On se demande si l’objectif de 30 % que s’est fixé l’Union européenne est atteignable.
Publier un livre tant d’analyse que de prospective au beau milieu de la pire crise sanitaire et économique depuis la Seconde Guerre mondiale relève de la gageure. D’autant plus que les auteurs, impératifs de l’édition, ont dû remettre leurs copies avant avril, lorsque le ciel de l’économie mondiale ne s’était pas encore éclairci. Le monde a connu en 2020 une récession de 5 %, la pire depuis la crise de 1929 et une volatilité sans précédent, qui a fait le bonheur des uns, mais l’anxiété de la plupart des autres. Certaines matières ont fortement progressé comme le palladium +43 %, le bois américain +39, l’or et l’argent +27 % ou le minerai de fer +26 %. On voit là la forte demande de la locomotive chinoise. Cependant, les énergies fossiles, on ne s’en étonnera guère, ont fortement chuté : gaz naturel Europe et pétrole brut Brent -33 %, charbon à coke -30 %. Au total durant 2020 l’indice cyclope des matières premières aura chuté de 19 %. Toutes ces matières premières font l’objet, comme d’habitude, d’analyses approfondies, ainsi que les marchés financiers.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et surtout ceux advenus en France en 2015, la question de l’Islam est, écrit Olivier Hanne, devenue obsédante dans les débats, lesquels concluent inévitablement à une incompatibilité de nature entre la religion musulmane et le monde européen. En fait, ne l’oublions pas, c’est dès la guerre d’Octobre et l’utilisation de l’arme du pétrole par les pays arabes membres de l’OPAEP, l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole, que la question des rapports entre Islam et Occident a intéressé un plus large public. Ce qui était un objet de recherche et d’étude d’un petit cercle de spécialistes, Henri Corbin, Jacques Berque, Maxime Rodinson, pour ne citer que ceux-ci, a littéralement envahi la place publique depuis l’affaire du foulard islamique de novembre 1989 à Creil.
Selon l’auteur, et c’est ce fait qui a motivé la rédaction de son livre, il ne reste qu’une zone sur la Terre où deux États nucléaires se menacent quotidiennement, missiles à l’appui : la mer de Chine méridionale où les États-Unis et la Chine se défient. La compétition globale engagée entre les États-Unis et la Chine est aujourd’hui un fait stratégique avéré. Ne doit-on pas y ajouter le dangereux face-à-face Inde/Pakistan, deux puissances nucléaires qui se sont déjà affrontées à quatre reprises ? Mais il est vrai, que dans le contexte de ce qu’il est convenu d’appeler la nouvelle guerre froide ou le complexe de Thucydide, ces deux États, l’une puissance mondiale, l’autre aspirant à le devenir pleinement, s’affrontent de plus en plus ouvertement, s’appuyant sur les socles militaires qui fondent leur puissance. Quelles sont les forces en présence ? Quelle pourrait être l’issue de ces affrontements ? Une première guerre nucléaire ? Sera-t-elle globale, peut-elle être limitée, ce qui est peu confirme à la nature même du nucléaire. Du côté américain, on connaît parfaitement ce que sont les missiles, la doctrine et l’emploi. Toute l’histoire de l’Arms Control n’a-t-il pas été après tout un effort sans relâche pour faire partager à l’autre une grammaire commune, celle de la dissuasion, avec son principe de base, la MAD, la destruction mutuelle assurée.
La plupart des révolutions, anciennes ou modernes, suivent un schéma assez similaire aboutissant à une épuration, de ses adversaires d’abord, puis des différentes factions de ses partisans. L’ouvrage qu’Antoine Boulant a consacré au Tribunal révolutionnaire reste ainsi parfaitement actuel en ce début de XXIe siècle, en ce qu’il décrit parfaitement les mécanismes de ce processus. Instauré pour juger les « crimes politiques », le Tribunal révolutionnaire inaugure une longue tradition nationale, annonçant les cours prévôtales de 1815, les cours martiales de Vichy, les cours de justice de la Libération et la Cour de sûreté de l’État instituée en 1963. Le grand historien qu’était François Bluche en rappelait les limites : « La justice révolutionnaire est évidemment révolutionnaire avant d’être justice. »
Riche de son expérience de quatorze ans auprès de François Mitterrand, et en tant que ministre des Affaires étrangères lors de la cohabitation sous la présidence Chirac (1997-2002), Hubert Védrine, devenu auteur prolixe, conseiller, conférencier, bâtit en 249 entrées un dictionnaire personnel et passionné de la géopolitique. Ces deux adjectifs sont appropriés car, bien entendu, tous les acteurs, penseurs ou témoins de leur temps, n’ont pas été traités. Il en est ainsi d’abord de Fidel Castro, qui, de tous les dirigeants de l’après-guerre a eu la plus longue longévité (49 ans) dépassant Tito (35 ans) ou le shah d’Iran (38 ans). Parmi les penseurs, Hubert Védrine ne mentionne guère Raymond Aron, disparu il y a déjà longtemps (1983), alors qu’il accorde quelques lignes à son « élève » et continuateur, Pierre Hassner (1933-2018).
De Staline à Hitler, texte publié en 1950, relate le parcours d’un grand commis de l’État. Aux prises avec deux totalitarismes, il a également représenté la France à Moscou, de 1936 à 1938, puis à Berlin jusqu’en septembre 1939. François Poncet est reconnu, cité, encensé, republié. Robert Coulondre (1885-1959), lui, est oublié. Toutefois, dès le mois d’octobre 1940, il fait partie de cette charrette de diplomates dont le manque d’enthousiasme pour Pétain et le régime de Vichy leur vaut d’être mis en disponibilité. Certains rejoignent de Gaulle, comme Léon Noël, Maurice Dejean, Hervé Alphand, Jean Chauvel et plus tard René Massigli. D’autres, comme Coulondre, pratiquent l’abstention.
Contrairement à ce que l’on pourrait craindre, a priori, ce llivre du médiatique professeur Raoult n’évoque nullement la controverse pour le moins clivante que nous avons connue au printemps 2020 autour de la chloroquine et de la crise sanitaire actuelle. Il s’agit plutôt pour lui, après quelques pages autobiographiques où transparaissent sa curiosité intellectuelle, son esprit de contradiction, et son goût pour la philosophie et la littérature, de nous livrer une vaste réflexion sur les conditions nécessaires de la recherche scientifique et sur les acquis de la biologie moderne.
Si le comte Sforza, qui avait décrit la carrière de Venizélos comme une « leçon complète » de politique avait vécu plus longtemps pour observer la Révolution libyenne, sûrement l’aurait-il qualifiée de « leçon complète de coup d’État ». C’est la défaite de l’Égypte en 1967 qui fit l’effet d’un électrochoc sur les jeunes officiers libyens qui se firent un devoir patriotique de renverser le roi Idriss Senoussi, protégé et allié des amis d’Israël : la Grande-Bretagne et les États-Unis. « Mais qui sont ces militaires qui ont pris le pouvoir en Libye le 1er septembre 1969 à l’issue d’un coup d’État qui n’a duré pratiquement que quelques heures ? » Il leur a fallu surmonter bien des obstacles : la dispersion des hautes autorités entre Tripoli, Benghazi et Beida, l’existence d’une police omniprésente, qui dispose de plus d’effectifs, d’armes et d’engins que l’armée. Un secret total aura été gardé jusqu’au bout.
Ancien ambassadeur, et enseignant au Centre d’études diplomatiques et stratégiques, Eugène Berg retrace à travers cet ouvrage la création de l’ordre mondial. Pour ce faire, l’auteur prend le parti d’appuyer sa démonstration sur le concept du « piège de Thucydide » (1) qui sera régulièrement évoqué au cours du livre. Autrement dit, selon ce concept, les successions de guerres majeures entre puissances hégémoniques et forces et nations émergentes donneraient lieu à de nouveaux équilibres. Eugène Berg dénombre quatre grandes phases qui ont mené à l’ordre dans lequel nous vivons aujourd’hui.
À l’heure où la place des femmes dans la politique russe est inférieure à celle qu’elle fut durant la période soviétique, il est intéressant de se plonger sur la place exceptionnelle de Catherine II. Emprunte de l’esprit des Lumières, cette souveraine avait acheté la bibliothèque de Voltaire, accueilli quelques mois Diderot et écrit, en français, une histoire de la Russie.
Contrairement à ce que son titre semble suggérer, ce livre n’est pas une histoire du développement de la bombe atomique, de la dissuasion ou de la prolifération, mais une histoire des différentes crises atomiques qui se sont succédé depuis 1945, ce qui en renforce d’ailleurs l’intérêt. Une crise nucléaire se définit pour Jean-Marc Le Page comme « un moment qui met la dissuasion nucléaire à l’épreuve d’une situation de tension, qu’elle soit intentionnelle ou accidentelle ». Ces crises ont connu des durées variables de treize jours (crise de Cuba) jusqu’à plusieurs années (crise des euromissiles qui s’étend de 1979 à 1987). De 1945 jusqu’à nos jours, on peut répertorier 28 épisodes de tension particulièrement aigus, les années de guerre froide étant bien sûr les plus intenses (surtout les décennies 1950 et 1960), alors que les années 2000 sont les plus calmes.
« Depuis la guerre américaine au Vietnam (1965-1973)… les Occidentaux n’ont, dans les guerres révolutionnaires, connu que des non-victoires qui sont des échecs politiques. C’est à ce reflux […] que j’ai assisté depuis plus d’un demi-siècle », nous explique Gérard Chaliand dans son ouvrage, intitulé justement Des guérillas au reflux de l’Occident. Il y fait le bilan de son itinéraire d’« observateur-participant » dans un certain nombre de guérillas depuis les années 1960. Ce terme peut intriguer même si l’auteur s’en explique brièvement (« quant au maniement des armes, l’observateur-participant n’a pas à s’en servir, sauf quand il faut rompre un encerclement où il n’y a plus, pour ceux d’en face, que des cibles »). Il s’agit à l’origine d’une méthode d’observation ethnographique visant à atteindre « la compréhension de l’autre dans le partage d’une condition commune » (Alain Touraine).
« Nothing is more unconventional than conventional war » : tel est le constat, en forme de slogan, posé par Sean McFate, professeur de stratégie à la National Defense University. Cette annonce de la mort du conflit interétatique de type westphalien peut sembler banale dans un paysage où on ne compte plus les ouvrages sur les « nouvelles guerres », mais le propos de McFate, salué par la critique outre-Atlantique, mérite néanmoins que l’on s’y attarde. L’auteur ne tombe pas dans l’écueil récurrent du recyclage de la fausse image de la « ruse » orientale – forcément subtile – opposée à la « force » occidentale – forcément aveugle : comme l’a bien montré Jean-Vincent Holeindre , cette opposition est infondée, aucune culture n’ayant le monopole de l’une ou de l’autre.
L’Europe est à l’évidence un continent guerrier et la conflictualité traverse toute son histoire. Depuis le milieu du XVIIIe siècle, environ 160 guerres et 600 grandes batailles s’y sont déroulées sur trois principaux théâtres d’opérations : l’axe Varsovie-Moscou, l’espace situé entre la Seine et le Rhin, la région située entre la Thrace et Salonique. Quelles en furent les causes ? Comme le remarque Béatrice Heuser, « les monarchies européennes ont probablement connu plus de guerres en raison de successions dynastiques contestées et de conflits religieux que pour toute autre raison ».
Le dernier livre du professeur Jean-Pierre Arrignon est le résultat de cinquante années de recherches sur le monde russe, et notamment sur la Russie médiévale et l’influence byzantine. Le livre se distingue d’autres histoires de la Russie à deux égards. En premier lieu, Arrignon est parti de l’approche que les Russes se faisaient eux-mêmes de leur histoire. Ce parti pris assumé se ressent d’ailleurs souvent à la lecture du livre. En second lieu, il nous propose une « histoire globale » qui s’étend à l’art, à la littérature et à la culture en général, et qui rompt ainsi avec les approches événementielles souvent rencontrées. L’ouvrage comprend notamment quelques excellents paragraphes sur la littérature russe en son âge d’or (1860-1930).
D’un strict point de vue opératif, la bataille de France fut perdue lorsque le premier panzer allemand atteignit les côtes de la Manche, le 20 mai 1940. À la fin du mois de mai, après trois semaines de combat, l’armée française se retrouve presque seule face à la Wehrmacht. Le 28 mai, l’armée belge avait capitulé, en ayant prévenu ses alliés deux heures auparavant. Le rembarquement de l’armée britannique à Dunkerque (seules deux divisions resteront en France) et l’encerclement en Belgique de la meilleure partie de l’armée française, nous laissaient en forte infériorité numérique face à 139 divisions allemandes en ligne et 20 en réserve. Mais contrairement à ce que prétend l’historiographie anglo-saxonne qui arrête pratiquement le déroulé des opérations le 14 juin, date de l’entrée des Allemands dans Paris, l’armée française s’est battue jusqu’au bout, et même au-delà comme on le verra. C’est donc tout le mérite de Gilles Ragache de nous le rappeler dans son dernier livre, paru à l’occasion des quatre-vingts ans de la bataille de France.
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