Publiées régulièrement, ces analyses inédites d’ouvrages sont en accès libre, tout comme les recensions publiées dans l’édition mensuelle.
Mai 1940. Les alliés sont pris en étau au nord de la ligne Boulogne-Sedan et contraints de se replier vers Dunkerque où 400 000 soldats s’entassent dans une sorte de nasse mal défendue, dans l’espoir de s’échapper par la mer. Convaincu que la bataille continentale est perdue et de crainte de voir la totalité de son armée professionnelle prise au piège, le gouvernement britannique ordonne en urgence l’opération Dynamo. Le rembarquement des troupes commence le 26 mai, dans le port comme sur les plages, sur une multitude de navires et embarcations de toutes sortes, qui traverseront tant bien que mal la Manche avec beaucoup de pertes. Du 26 mai au 4 juin, 350 000 combattants alliés sont ainsi évacués sous le feu ennemi. Pour les Anglais, c’est un succès incroyable et inespéré ; côté allemand, une occasion manquée de mettre à genoux la Grande-Bretagne dès 1940.
Lorsque Gérard Araud a été nommé, en 2009, Représentant permanent de la France auprès des Nations unies à New York, une de ses premières démarches fut de solliciter un rendez-vous auprès de Henry Kissinger. Il l’invita à un petit-déjeuner chez lui pour une entrevue qui devait ensuite se renouveler régulièrement dans son appartement, au restaurant ou dans son club. L’ancien secrétaire d’État lui dit l’estime qu’il portait à la diplomatie française. Il fit état de ses contacts avec la France, de Gaulle, avec lequel il s’était entretenu longuement en janvier 1969 lors du premier voyage de Richard Nixon à l’étranger, qu’il effectua en France, Giscard, Jobert, Mitterrand et son ami personnel, l’ambassadeur François de Rosen, spécialiste des questions nucléaires. Son ouvrage n’est pas une nouvelle biographie de Kissinger, mais une tentative de poursuivre ce dialogue au bénéfice des Français qui, pour la plupart, estime-t-il, ignorent tout ou presque du personnage. C’est en fait affaire de génération, Henry Kissinger est fort bien connu, comme l’auteur de ces lignes qui ont eu affaire avec les affaires diplomatiques lors de l’année de l’Europe, lancée en avril 1973.
Fin décembre 1917, les dirigeants bolcheviques abolirent les grades militaires, les dignités, les épaulettes et les décorations de l’ancien régime. Jusqu’en 1935, l’Armée rouge ne comptait plus ainsi dans son encadrement que des « commandants » de différents niveaux : kombrig (commandant de brigade), komdiv (commandant de division), etc. Dans ce système la fonction primait le rang. Un décret du 22 septembre 1935 réinstaura les grades militaires, mais seulement à partir des lieutenants jusqu’aux colonels. Les généraux attendront 1940… Ce qui n’empêchera pas Staline de nommer la même année ses cinq premiers maréchaux : Vorochilov, Boudienny, Egorov, Bliukher et Toukhatchevski. Il faut noter que, comme dans l’armée allemande, et à la différence de la nôtre, en Russie le maréchalat représente un grade autant qu’une dignité.
« En étudiant des cas particuliers, on peut atteindre l’universel. » Jean Verdon applique cette maxime scolastique à son domaine d’étude, le Moyen Âge, et remet en question, chemin faisant, une cinquantaine de lieux communs relatifs à cette période. Nous n’en évoquerons ici, bien évidemment, que quelques-uns. La vie quotidienne tout d’abord. La nourriture est, comme on s’en doute, répartie de façon inégalitaire dans la société de l’époque. Si les milieux aisés et les ecclésiastiques bénéficiaient de plus de 5 000 calories par jour, le petit peuple se contente quant à lui de pain et de légumes. Par contre, le vin et la vigne sont omniprésents. La consommation moyenne quotidienne de vin s’élève à deux litres. Elle concerne d’ailleurs les hommes comme les femmes ! La ration quotidienne de vin allouée aux religieuses du monastère de La Celle s’élève ainsi à 1,40 litre. Au niveau micro-économique, pour la population, le vin représente finalement le poste de dépenses le plus important.
5 juin 1961, 14 heures : dans la grande salle d’audience du palais de justice de Paris, un officier en grande tenue, décorations pendantes, béret vert sur la tête, est introduit devant le Haut Tribunal militaire. Le commandant Hélie de Saint Marc fait son entrée dans l’Histoire. Quatre heures plus tard, l’audience est suspendue : le tribunal se retire pour délibérer. L’audience reprend à 20h15 : le président Patin donne lecture de la sentence :
« Les guerres froides ne peuvent être conduites par des têtes chaudes. Et les conflits idéologiques ne peuvent être emportés comme des croisades, ou se terminer par une reddition sans conditions. » (Walter Lippman : The Russian-American War, 1949). Pourquoi ne sommes-nous toujours pas sortis de la guerre froide ? Et la mer que nous avions cru devenir calme s’est à nouveau déchaînée ! Un tiers de siècle après l’effondrement de l’URSS, qui en avait proclamé la fin officielle, tout en inaugurant l’entrée dans le monde global, cette question n’a cessé de nous hanter. On la croyait disparue à jamais et la voilà qui ressurgie après les événements ukrainiens de 2014 et, plus encore, du fait de la montée de l’antagonisme sino-américain qui s’est accéléré à la faveur de la pandémie planétaire de la Covid-19, en réalité le SARS-CoV-2 pour en signaler les origines asiatiques.
Un pays, petit et peu peuplé par rapport à des voisins qui souhaitent sa destruction, en vient très vite à utiliser tous les moyens à sa disposition pour affaiblir ses adversaires. Dans le cas d’Israël, c’est dès avant la création de l’État qu’il y a recours à des assassinats ciblés en Palestine mandataire, que ce soit contre des dirigeants arabes ou des fonctionnaires britanniques. Avec la création de l’État en 1948, la décision de telles actions revient exclusivement au Premier ministre (le monopole étatique prenant la suite de l’anarchie des différents groupes indépendantistes du Yichouv). Mais ses exécutants restent multiples : Armée de défense d’Israël (dans ses trois composantes terre, air et mer), renseignement intérieur et renseignement extérieur, avec des collaborations temporaires si l’opération nécessite de gros effectifs.
Rares sont dans l’Histoire les hommes dont l’existence s’identifie à celle de leur peuple, ceux qui, sans même en avoir conscience, conjuguent leur vie personnelle avec le destin d’une nation, quitte à en épouser les travers et les contradictions. Sans conteste, Moshe Dayan, fait partie de ces êtres hors normes, dont la carrière et l’identité renvoient aux symboles collectifs d’un pays. Son histoire d’homme se confond avec celle d’Israël, du moins avec les trois premières décennies, héroïques, et flamboyantes de cet État. De fait de la guerre de 1948 qui a éclaté aussitôt la proclamation du nouvel État (le 15 mai) jusqu’aux accords de Camp David de septembre 1978 qui ont ouvert la voie du traité de paix israélo-égyptien de mars 1979, Moshe Dayan qui était taillé dans un matériau biblique, selon le mot de David Ben Gourion, dont il était le favori et le successeur présumé, a été presque constamment sur le devant de la scène militaire et accessoirement politique de l’État hébreu.
Le général Henri Bentégeat a rejoint l’État-major particulier (EMP) du président Mitterrand le 4 mai 1993 en tant qu’adjoint Terre. Après un bref interlude aux Antilles, il est devenu ensuite le chef de celui de son successeur Jacques Chirac de 1999 jusqu’en 2002, avant de terminer sa carrière militaire comme chef d’état-major des armées (Cema). Son témoignage nous fait partager ces sept années passées, dans l’ancien bureau de Murat, aux côtés de deux chefs d’État qui ont certainement marqué leur époque. Époque éprouvante s’il en est, car ce fut celle des guerres dans l’ex-Yougoslavie, du Rwanda, de l’intervention en Côte d’Ivoire, de la crise irakienne au moment de la seconde guerre du Golfe, mais ce fut aussi l’époque des grandes décisions : la fin des essais nucléaires, de l’abandon du plateau d’Albion et de la fin du service militaire. On trouvera dans ces mémoires peu de révélations, devoir de réserve oblige, mais un certain nombre de réflexions et de témoignages précieux sur l’exercice du pouvoir sous la Ve République.
Amélie Zima est chercheuse à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem), elle est docteure en science politique de l’université de Nanterre, spécialiste des politiques d’élargissement de l’Otan après la guerre froide. Elle était précédemment chercheure au Centre de civilisation et d’études francophones de l’Université de Varsovie. Elle a remporté le prix de la meilleure thèse de l’IHEDN en 2017. Son ouvrage retrace l’histoire de l’Organisation de l’Atlantique Nord depuis ses prémices, avec la résolution Vandenberg en 1948 qui va autoriser le gouvernement américain à signer le traité de l’Atlantique Nord en 1949, jusqu’à nos jours. Aujourd’hui, l’Otan traverse une crise de défiance, à la fois face à la montée en puissance russe et face au relatif retrait de l’Administration Trump de l’Organisation. Elle y aborde tant les évolutions historiques que fonctionnelles en s’intéressant en particulier aux positions des différents États d’Europe centrale et orientale.
La période embrassée dans ce nouveau volume de la magnifique collection « Mondes Anciens » chez Belin est vaste : près de sept siècles séparent la fondation de Rome (en 753 av. J.-C. selon la tradition) du consulat de Pompée en l’an 70 de notre ère. Une grande partie de cette période, de 509 à 27 av. J.-C., relève de la République romaine. Si les auteurs n’ont pas choisi comme butée cette date de 27 av. J.-C. c’est afin de mettre l’accent sur l’expansion romaine, thème dominant de l’ouvrage. L’année 70 voit en effet l’enregistrement au nombre des citoyens romains de tous les Italiens et marque donc la fin de la conquête, en Italie tout au moins, et pratiquement sur tout le pourtour méditerranéen.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « décrire la bataille de Trafalgar deux cent ans après son déroulement n’est pas chose facile [nous avertit l’amiral Rémi Monaque dont l’ouvrage de référence sur la bataille vient enfin d’être réédité]. La multitude des récits et témoignages dont on dispose complique la tâche [poursuit-il], tant il est malaisé pour beaucoup d’entre eux d’y démêler l’histoire de la légende ». Dans l’histoire de la pensée navale, l’événement tient une place très importante. Sur le plan stratégique beaucoup moins car, contrairement à ce que l’on peut lire parfois, Trafalgar n’a pas sauvé la Grande-Bretagne d’une invasion française, le projet de débarquement ayant été abandonné bien avant. Dès le 23 août, Napoléon décide en effet de lever le camp de Boulogne et de marcher sur Vienne avec la Grande Armée, abandonnant ainsi son « Grand Dessein », la conquête de l’Angleterre. Le 31 octobre, Napoléon est déjà en Autriche et conduit la campagne qui culminera le 5 décembre avec le triomphe d’Austerlitz. Trafalgar représente donc selon les mots de l’amiral Monaque une « tragédie inutile »…
Docteur en études slaves contemporaines au Centre de recherches pluridisciplinaires et multilingues de l’université Paris-Nanterre, l’auteur a sillonné la Russie pendant dix ans pour se livrer à une sérieuse enquête sur le terrain qui lui a permis de décrire une « machinerie unique au monde » mêlant pouvoir, oligarques et athlètes de haut niveau qu’il nomme Sportokratura, néologisme formé des mots sport, kratos – « force, pouvoir » et nomenklatura, qui désigne depuis l’URSS la machine de l’élite politico-économique du pays. On sait bien depuis Clausewitz que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Mais depuis des siècles le sport a été également conçu comme moyen de régler maints différends et d’agir parfois comme un substitut à l’affrontement armé.
C’est autour de la production et du contrôle de la nourriture que se sont originellement organisés tous les groupes humains, à travers les tabous alimentaires, les périodes de jeûne, les rituels culinaires ou les rites d’abattage. Les denrées alimentaires sont évidemment choisies en fonction de leur disponibilité et de critères économiques, mais aussi selon « des raisonnements diététiques et des références symboliques propres à une culture et à un milieu social ». L’acte de manger (et de boire) est ainsi un « fait social total » pour reprendre le concept de Marcel Mauss. Cette nouvelle Histoire de l’alimentation, s’inscrit donc dans les pas d’une histoire culturelle redevable aux apports des autres sciences humaines et sociales. Ce livre richement illustré ouvre une nouvelle collection chez Belin, intitulée « Références » et qui portera sur « des thématiques historiques majeures inscrites dans la longue durée ».
Otto von Bismarck est un géant de l’histoire. Comme Napoléon avant lui, il domine de sa stature le XIXe siècle tant allemand qu’européen et sa marque a perduré bien après lui. Ce n’est pas pour rien que Henry Kissinger, le place au sein de son Panthéon des grands hommes d’État, aux côtés de Richelieu et de Gaulle. Entre ces trois géants que de similitudes. Avant tout ce furent des réalistes, jugeant à la perfection les rapports de force, la psychologie des acteurs, faisant foin des idéologies. Après avoir rassemblé les États germaniques du Nord au sein de la Confédération de l’Allemagne du Nord en 1867, Otto von Bismarck, ambassadeur à Saint-Pétersbourg de 1859 à 1862 venait d’être nommé à Paris, lorsque Guillaume Ier l’appela à Berlin où le 23 septembre 1862 il devint chancelier. En attendant sa nomination, il eut la possibilité de rencontrer Napoléon III à Biarritz.
Quels sont les facteurs qui conduisent les soldats en opération à agir comme ils le font ? Sont-ils en premier lieu influencés par la doctrine, par les institutions politiques nationales ou par ce que des instances internationales peuvent attendre d’eux ? Cornelius Friesendorf (de l’Université de Hambourg) s’attache à explorer la part des routines dans la prise de décision et la conduite des opérations, sans pour autant exclure ces facteurs susmentionnés. Voulant s’extraire des débats universitaires sur la notion de culture, il emploie le concept de routine comme une partie d’une culture, un schéma de comportements continuellement répétés (ou des capacités organisationnelles déclenchées par des stimuliadéquats). Plus le répertoire des routines est important, plus une organisation peut effectuer de tâches. Ainsi, l’auteur s’intéresse non pas à la stratégie, mais à son implémentation sur le terrain, en étudiant les usages de la force, mais pas sa préparation (renseignement).
Avant d’être l’auteur de Vie et destin, considéré comme le Guerre et paix du XXe siècle, publié en 1960 en URSS, et en 1980 en Occident, Vassili Grossman est celui de Carnets de guerre publiés chez Calmann-Lévy en 2007. S’y ajoutent ces Années de guerre, qui datent de 1946, déjà publiés aux Éditions Autrement en 1993. Voilà qu’ils sont republiés délestés de leur postface, mais agrémentés d’une préface de l’écrivain Mathias Enard. Nous n’entrerons pas dans la polémique portant sur les passages de l’édition princeps parue en 1946 qui ont été coupées par l’éditeur, car consacrées à l’éloge du régime stalinien que l’auteur avait été contraint d’écrire pour passer la censure. Avec le recul du temps, cela ne semble pas essentiel. Reste donc la qualité et la densité du témoignage qui, parmi tant de récits de guerre, rend la lecture des Années de guerre « inoubliable ».
Notre planète subit des bouleversements de toutes sortes. Effets de plus en plus visibles du changement climatique, pertes de biodiversité, pandémie actuelle et prévisible, transition énergétique ; toutes ces conséquences s’amplifient, se conjuguent et s’enchaînent. En Amazonie, vaste de près d’un million d’hectares de forêts primaires, la réserve de Chico Mendes – du nom du militant écologiste assassiné en 1988 pour s’être dressé contre les fermiers latifundiaires – était, il y a quelques années la mieux protégée du Brésil. Elle est aujourd’hui l’une des plus saccagées du Brésil. À l’heure actuelle 15,3 % des terres et 7,5 % des océans font partie des zones protégées, alors que certains experts estiment qu’il en faudrait 50 % afin de préserver la biodiversité et la soutenabilité de notre planète. On se demande si l’objectif de 30 % que s’est fixé l’Union européenne est atteignable.
Publier un livre tant d’analyse que de prospective au beau milieu de la pire crise sanitaire et économique depuis la Seconde Guerre mondiale relève de la gageure. D’autant plus que les auteurs, impératifs de l’édition, ont dû remettre leurs copies avant avril, lorsque le ciel de l’économie mondiale ne s’était pas encore éclairci. Le monde a connu en 2020 une récession de 5 %, la pire depuis la crise de 1929 et une volatilité sans précédent, qui a fait le bonheur des uns, mais l’anxiété de la plupart des autres. Certaines matières ont fortement progressé comme le palladium +43 %, le bois américain +39, l’or et l’argent +27 % ou le minerai de fer +26 %. On voit là la forte demande de la locomotive chinoise. Cependant, les énergies fossiles, on ne s’en étonnera guère, ont fortement chuté : gaz naturel Europe et pétrole brut Brent -33 %, charbon à coke -30 %. Au total durant 2020 l’indice cyclope des matières premières aura chuté de 19 %. Toutes ces matières premières font l’objet, comme d’habitude, d’analyses approfondies, ainsi que les marchés financiers.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001 et surtout ceux advenus en France en 2015, la question de l’Islam est, écrit Olivier Hanne, devenue obsédante dans les débats, lesquels concluent inévitablement à une incompatibilité de nature entre la religion musulmane et le monde européen. En fait, ne l’oublions pas, c’est dès la guerre d’Octobre et l’utilisation de l’arme du pétrole par les pays arabes membres de l’OPAEP, l’Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole, que la question des rapports entre Islam et Occident a intéressé un plus large public. Ce qui était un objet de recherche et d’étude d’un petit cercle de spécialistes, Henri Corbin, Jacques Berque, Maxime Rodinson, pour ne citer que ceux-ci, a littéralement envahi la place publique depuis l’affaire du foulard islamique de novembre 1989 à Creil.
Selon l’auteur, et c’est ce fait qui a motivé la rédaction de son livre, il ne reste qu’une zone sur la Terre où deux États nucléaires se menacent quotidiennement, missiles à l’appui : la mer de Chine méridionale où les États-Unis et la Chine se défient. La compétition globale engagée entre les États-Unis et la Chine est aujourd’hui un fait stratégique avéré. Ne doit-on pas y ajouter le dangereux face-à-face Inde/Pakistan, deux puissances nucléaires qui se sont déjà affrontées à quatre reprises ? Mais il est vrai, que dans le contexte de ce qu’il est convenu d’appeler la nouvelle guerre froide ou le complexe de Thucydide, ces deux États, l’une puissance mondiale, l’autre aspirant à le devenir pleinement, s’affrontent de plus en plus ouvertement, s’appuyant sur les socles militaires qui fondent leur puissance. Quelles sont les forces en présence ? Quelle pourrait être l’issue de ces affrontements ? Une première guerre nucléaire ? Sera-t-elle globale, peut-elle être limitée, ce qui est peu confirme à la nature même du nucléaire. Du côté américain, on connaît parfaitement ce que sont les missiles, la doctrine et l’emploi. Toute l’histoire de l’Arms Control n’a-t-il pas été après tout un effort sans relâche pour faire partager à l’autre une grammaire commune, celle de la dissuasion, avec son principe de base, la MAD, la destruction mutuelle assurée.
La plupart des révolutions, anciennes ou modernes, suivent un schéma assez similaire aboutissant à une épuration, de ses adversaires d’abord, puis des différentes factions de ses partisans. L’ouvrage qu’Antoine Boulant a consacré au Tribunal révolutionnaire reste ainsi parfaitement actuel en ce début de XXIe siècle, en ce qu’il décrit parfaitement les mécanismes de ce processus. Instauré pour juger les « crimes politiques », le Tribunal révolutionnaire inaugure une longue tradition nationale, annonçant les cours prévôtales de 1815, les cours martiales de Vichy, les cours de justice de la Libération et la Cour de sûreté de l’État instituée en 1963. Le grand historien qu’était François Bluche en rappelait les limites : « La justice révolutionnaire est évidemment révolutionnaire avant d’être justice. »
Riche de son expérience de quatorze ans auprès de François Mitterrand, et en tant que ministre des Affaires étrangères lors de la cohabitation sous la présidence Chirac (1997-2002), Hubert Védrine, devenu auteur prolixe, conseiller, conférencier, bâtit en 249 entrées un dictionnaire personnel et passionné de la géopolitique. Ces deux adjectifs sont appropriés car, bien entendu, tous les acteurs, penseurs ou témoins de leur temps, n’ont pas été traités. Il en est ainsi d’abord de Fidel Castro, qui, de tous les dirigeants de l’après-guerre a eu la plus longue longévité (49 ans) dépassant Tito (35 ans) ou le shah d’Iran (38 ans). Parmi les penseurs, Hubert Védrine ne mentionne guère Raymond Aron, disparu il y a déjà longtemps (1983), alors qu’il accorde quelques lignes à son « élève » et continuateur, Pierre Hassner (1933-2018).
De Staline à Hitler, texte publié en 1950, relate le parcours d’un grand commis de l’État. Aux prises avec deux totalitarismes, il a également représenté la France à Moscou, de 1936 à 1938, puis à Berlin jusqu’en septembre 1939. François Poncet est reconnu, cité, encensé, republié. Robert Coulondre (1885-1959), lui, est oublié. Toutefois, dès le mois d’octobre 1940, il fait partie de cette charrette de diplomates dont le manque d’enthousiasme pour Pétain et le régime de Vichy leur vaut d’être mis en disponibilité. Certains rejoignent de Gaulle, comme Léon Noël, Maurice Dejean, Hervé Alphand, Jean Chauvel et plus tard René Massigli. D’autres, comme Coulondre, pratiquent l’abstention.
Contrairement à ce que l’on pourrait craindre, a priori, ce llivre du médiatique professeur Raoult n’évoque nullement la controverse pour le moins clivante que nous avons connue au printemps 2020 autour de la chloroquine et de la crise sanitaire actuelle. Il s’agit plutôt pour lui, après quelques pages autobiographiques où transparaissent sa curiosité intellectuelle, son esprit de contradiction, et son goût pour la philosophie et la littérature, de nous livrer une vaste réflexion sur les conditions nécessaires de la recherche scientifique et sur les acquis de la biologie moderne.
La RDN est fière d'accompagner Nemrod – Enjeux contemporains de défense et de sécurité et ses auteurs dans la promotion de ce Cahier de la RDN. Venez retrouver l'équipe et les auteurs de « La guerre des sanctions » le mercredi 2 avril à la Librairie Pedone à Paris pour un temps d'échange sur ce sujet qui fait l'actualité.
Rendez-vous :
Mardi 2 avril
18h30-20h30
13 rue Soufflot – 75005 Paris
Librairie Pedone
Colloques, manifestations, expositions...
Institutions, ministères, médias...