Le projet d’un monde sans armes nucléaires est-il utopique ? Les obligations inscrites dans le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) sont bafouées tant par les pays détenteurs reconnus de l’arme nucléaire (qui ne satisfont pas à leur obligation de réduction substantielle de leurs arsenaux), que par certains pays non-détenteurs de l’arme nucléaire, tels que la Corée du nord et l’Iran (ayant souscrit à l’obligation de se cantonner à des applications civiles de nucléaire). Par ailleurs, le souci grandissant de « sécurité énergétique » et la lutte contre le réchauffement climatique poussent un nombre croissant de gouvernements à promouvoir l’énergie nucléaire. Lire la suite
Introduit dès 1946 par les Nations unies, le concept d’armes de destruction massive a été historiquement associé à la construction progressive du paradigme de la non-prolifération, aujourd’hui érigé en une norme stratégique qui a fait preuve au fil du temps d’une étonnante résilience. Mais sa légitimité est aujourd’hui fortement mise en cause, et avec elle celle du TNP, notamment dans le contexte de crises régionales de prolifération dont les motivations peuvent être analysées de manière approfondie. Il reste que l’issue de ces crises et l’avenir du régime global seront ce que la cohérence et la volonté politique des acteurs clés de la communauté internationale en fera.
En 1995, tous les États signataires du Traité de non-prolifération décidaient, par consensus, d’en proroger l’application pour une durée indéfinie. Dix ans plus tard, ils ne parvenaient pas à se mettre d’accord sur quelque sujet que ce soit. Depuis lors, aucun des problèmes sur lesquels ils s’étaient affrontés n’a été résolu, et de nouvelles difficultés s’y sont ajoutées. Sauf si des mesures énergiques sont prises dans l’intervalle, leur prochaine rencontre risque de ne pas être placée sous de meilleurs auspices.
Au regard de la récurrence des discours élyséens sur le nucléaire, tout laisse penser que la France dans un monde où les menaces changent et les stratégies militaires évoluent, aopté pour l’abaissement du seuil nucléaire et la diversification de l’usage de ses armes y compris contre des acteurs non étatiques. Cette adaptation implique la réévaluation de l’arsenal nucléaire pour faire face aux nouvelles menaces diffuses ; l’objectif étant de rendre l’outil de défense plus opérationnel et le plus efficace possible. Reste que cette démarche rendrait difficile tout renoncement volontaire au nucléaire de certains États du seuil. Et même, fragiliserait l’effort global dans la lutte contre la prolifération.
Synthèse du 6e séminaire de prospective de la DAS qui s’est tenu à Paris le 12 juin 2008 sous la forme de quatre tables ronde : les motivations de la prolifération ; les crises de prolifération, essai de prospective ; les scénarios noirs de la prolifération ; la relance du nucléaire civil, enjeu de développement, défi pour la non-prolifération.
Cet article propose un aperçu prospectif du renoncement à la prolifération nucléaire, incluant les États et les réseaux terroristes. Comment l’environnement stratégique de demain pourrait-t-il en affecter la probabilité ? Que faire pour que ses conditions soient plus favorables ? La minorité d’États qui ont tenté de proliférer récusent le mythe d’une bombe irrésistible. Le désir de bombe s’avère dès lors le facteur décisif sur lequel repose l’avenir du désarmement nucléaire.
This essay offers a framework for extending 20th Cold War deterrence to address the 21st century challenge of nuclear terrorism. It proposes that a new Global Alliance Against Nuclear Terrorism shape declaratory and operational consensus around a shared principle of nuclear accountability for a state’s weapons and materials according to which a state that makes fissile material owns the consequences of its use.
The recently signed US-India civilian nuclear energy cooperation pact has virtually rewritten the rules of the global nuclear regime by underlining India’s credentials as a responsible nuclear state that should be integrated into the global nuclear order. The challenge for India now is to leverage this nuclear opportunity to its diplomatic advantage and to make its share of contribution towards global stability as a de facto nuclear weapon state.
Le nouvel activisme sur le désarmement nucléaire semble davantage être un phénomène conjoncturel, fruit d’inquiétudes et de frustrations, que le reflet d’une réalité stratégique. Dans un monde dont tout indique qu’il restera nucléaire à horizon visible, les rhétoriques les plus extrêmes en faveur de l’abolition des armes nucléaires risquent d’être contre-productives, en programmant mécaniquement des déceptions. Plutôt que de grands mots, des mesures concrètes devraient être mises en œuvre avec l’objectif d’un monde plus sûr.
Le programme nucléaire iranien est un mystère et une « impasse diplomatique » pour l’AIEA. L’Iran prétend jusqu’à ce jour n’avoir qu’un programme nucléaire pacifique et laisse le monde entier dans l’incertitude d’une potentielle menace. L’AIEA reste jusqu’à présent vigilant.
Après un rappel sur l’histoire du développement des missiles balistiques iraniens, nous évaluerons les principaux programmes en cours avant de passer en revue les modes d’action que la communauté internationale peut envisager pour contrer cette menace.
La menace posée par la prolifération des missiles va croissante. C’est logiquement que le Conseil de sécurité des Nations unies, dans sa résolution 1540 du 28 avril 2004, conclut que cette prolifération constitue, autant que celle des armes de destruction massive (ADM), une menace à la paix et à la sécurité internationales. Ce que confirme que le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale : « D’ici 2025, la France et plusieurs pays européens se trouveront à portée de nouvelles capacités balistiques ». Le paysage de la non-prolifération balistique reste cependant marqué par l’absence de traité multilatéral. C’est en cela que la proposition faite le 21 mars 2008 par le président Sarkozy à Cherbourg « d’ouverture de négociations sur un traité interdisant les missiles sol-sol de portées courte et intermédiaire » prend tout son sens.
Une perméabilité, motivée par une communauté d’intérêts idéologiques voire religieux, pourrait à terme s’instaurer entre des scientifiques impliqués dans des programmes proliférants et des réseaux terroristes, avec l’aide ou non de réseaux mafieux. L’objet de cet article est d’analyser les facteurs communs et les divergences entre le terrorisme NRBC et la prolifération des ADM, puis de se livrer à un exercice prospectif des tendances susceptibles de faire évoluer ces deux modes d’actions vers une potentielle synergie à l’horizon 2020.
La dissémination des armes légères et de petit calibre (ALPC) représente un défi immédiat à la sécurité et à la paix durable. Les ALPC en excès créent un drame humanitaire : 500 000 morts par an, généralisation du phénomène des enfants-soldats… Économiquement, elles sont un frein au développement d’un pays ou d’une région. La communauté internationale répond depuis peu à ce défi, à travers des instruments dont l’efficacité reste perfectible, notamment au regard de l’évolution de la menace.
The India-US civilian nuclear cooperation agreement would effectively end the nuclear isolation that India had faced for decades. According to many, the agreement will act as a key to unlock the door of civilian nuclear cooperation with not only US but also France and Russia. The agreement is also indicative of the wider security partnership between India and the US.
L’installation de réacteurs nucléaires destinés à la production d’électricité n’a jamais, depuis cinquante ans, ouvert la voie à l’atome militaire. Il en ira de même dans les prochaines décennies si la relance de l’énergie nucléaire dans le monde s’accompagne d’un sérieux renforcement des garde-fous mis en place au cours du demi-siècle passé pour faire obstacle à la prolifération. Ce renforcement engagera autant les États et les industriels que les institutions internationales.
Le développement prévisible du parc nucléaire global en réponse à la demande énergétique croissante, multiplie les défis de toutes sortes : anticiper la création et le financement des structures et des technologies électronucléaires, circonscrire les conflits liés à l’acquisition ou la réactivation de programmes et garantir le respect des normes internationales de non-prolifération mais surtout contrôler l’appropriation des techniques d’enrichissement.
Après un court rappel du contexte historique dans lequel sont apparues les premières preuves tangibles d’actes de prolifération, les principaux instruments de lutte contre la prolifération sont brièvement décrits. Les voies d’accès au nucléaire militaire sont ensuite schématiquement exposées mettant en évidence le rôle primordial de l’accès à la matière nucléaire. Dans un contexte de regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire sur la scène internationale, les principales conditions à satisfaire par les pays nouvellement accédants comme parles pays exportateurs sont proposées. Les parades au détournement d’installations civiles de leur finalité sont ensuite analysées.
Les auteurs abordent dans cet article le rôle que peut jouer le nucléaire pour contribuer à la résolution des questions énergétiques. Outre les problématiques désormais classiques de compétitivité économique, d’acceptabilité (qui passe par la sûreté et par des solutions pour la gestion des déchets), de durabilité des ressources, la question de la non-prolifération revient sur le devant de la scène dans un nucléaire en phase « de renaissance ». Les auteurs rappellent aussi que dans le monde transparent du nucléaire du XXIe siècle, la complexité accroît les connaissances, ce qui augmente le risque de prolifération par les technologies de la génération précédente.
Les nanotechnologies intègrent notre quotidien de plus en plus rapidement. Ces technologies aux champs d’application vastes, mais à la nature imprévisible, nous placent dans un délicat équilibre entre avenir prometteur et risques non maîtrisés. Les questions de toxicologie, d’éco-toxicologie, d’éthique, sociétales, normatives et juridiques conditionnent le développement responsable des nanosciences. Dans un environnement de défense et de sécurité, de surcroît, cette science rend caduques les régimes de non-prolifération actuels et retentira, in fine, sur l’équilibre de demain.
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