L’année 2004 a été marquée par une succession d’événements, généralement dramatiques, où dans tous les théâtres d’opérations, la multiplication et la diversification des actes de terrorisme et de résistance ont eu pour objectif de remettre en cause l’image et la légitimité des forces armées étatiques engagées, avec ou sans mandat de l’ONU. Lire la suite
Extraits du discours de M. Luc Frieden, ministre de la Défense du Luxembourg, devant l'Assemblée de l'Europe occidentale (UEO), le 29 novembre 2004, au Palais d'Iéna à Paris. Lire la suite
La recherche « stratégique » au sens large, est en Belgique très peu représentée. Elle est parcellaire, dispersée et fortement marquée par les écoles de pensée des relations internationales et le différentiel de posture entre communautés linguistiques. Le peu d'intérêt de l'opinion publique et des décideurs politiques pour ces matières devrait amener à terme le regroupement des chercheurs au sein d'une structure réunissant les deux grands pôles que sont l'Institut royal des relations internationales (Irri) d'un côté, et l'ERM/IRSD/CED de l'autre, sous la forme de réseaux pluridisciplinaires ouverts aux universités.
Quelle sera la place de l'Europe puissance militaire ? L'expression de la puissance peut en effet difficilement ignorer l'aptitude et la volonté à mener une guerre de haute intensité. Or, l'organisation actuelle et future, définie notamment par le Traité constitutionnel, les expériences de structures militaires multinationales, font des forces armées plus un laboratoire de l'intégration européenne qu'une fonction destinée à jouer son rôle à part entière au sein de l'Europe de la défense. Cette situation laisse donc quelque doute sur l'efficacité à attendre des efforts en cours.
La multiplication et l'extension géographique des interventions de l'Otan, et notamment un possible rôle en Irak, ainsi que le développement de lourds programmes capacitaires amènent à réfléchir au financement des activités et des équipements de l'Alliance. Les déficiences du processus de génération de forces et l'asphyxie budgétaire constituent deux maux dont souffre l'Organisation. Sans solution, la paralysie la guette. Après avoir tenté de démontrer dans cette revue comment l'instrument budgétaire pouvait être un facteur d'influence de la France au sein de l'Otan (cf. numéro de février 2004), l'auteur se propose d'esquisser la stratégie budgétaire que l'Alliance devrait adopter pour sortir d'une impasse prévisible tout en conciliant les intérêts de ses membres et en respectant la position particulière de la France.
Le Western Pacific Naval Symposium (WPNS) a pour objectif d'améliorer la coopération navale entre les marines du Pacifique Ouest, par la mise en place d'un forum de discussion sur des problèmes maritimes à la fois globaux et régionaux. Ce forum, qui permet d'optimiser le flux d'informations et la communication entre les professionnels du milieu maritime, a déjà permis de publier un certain nombre de documents communs et d'organiser des exercices navals d'envergure. Malgré certaines limitations propres à nombre d'entités internationales, cet organisme représente un facteur réel d'intégration et de confiance entre les différents acteurs de la région.
En 1982, la Convention des Nations unies sur le droit de la mer réaffirmait la liberté de la haute mer pour tous les navires et la souveraineté de l'État côtier sur sa mer territoriale, sauf à respecter le droit de libre passage inoffensif des navires étrangers. Quelques années plus tard, le développement de la criminalité maritime justifiait la conclusion de plusieurs accords internationaux de coopération en matière de police maritime pour faciliter les contrôles en mer. Lire la suite
Encore isolée en Europe et en opposition complète avec Washington, Paris prône une meilleure intégration de la Chine dans le concert stratégique mondial en militant notamment pour la levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes. Héritière de l'histoire passionnée des relations franco-chinoises qui gagneraient à plus de pragmatisme, cette initiative, qui tourne la page de la « menace chinoise », place la France dans une position très avancée, difficile à tenir face à l'hostilité des États-Unis et dans un contexte où l'appui des autres pays de l'UE reste très mesuré. Lire les premières lignes
Les relations entre Abdelaziz Bouteflika et l'armée algérienne sont tumultueuses, au lendemain de son accession à la présidence de la République en avril 1999. Sa politique et ses déclarations, sa conception et son exercice de la fonction présidentielle suscitent l'hostilité de généraux qui l'ont porté au pouvoir. Le Premier ministre Ali Benflis, fort de ses succès et du soutien d'une partie de l'armée, renforce son contrôle sur le FLN dans la perspective d'une candidature à l'élection présidentielle du printemps 2004. Abdelaziz Bouteflika mobilise les moyens de l'État pour tenter de reprendre la direction du parti et pour remporter ce scrutin. Il est finalement réélu triomphalement, les généraux n'ayant pas réussi à s'entendre pour soutenir un candidat. Cette situation politique inespérée lui permet de reconquérir le FLN, de poursuivre son action de réconciliation entre les Algériens, et d'entreprendre des réformes économiques de grande ampleur, grâce à des revenus pétroliers exceptionnels.
Désormais, et au regard de la recrudescence des risques géostratégiques et de l’accroissement des inégalités socioéconomiques, avec en sus une pollution mondialisée et un développement asymétrique du Nord et du Sud, il nous faut réfléchir à la complexité du monde en croisant les regards économique, politique, international et écologique. Pour la France c’est de tradition ancienne ; avec le Forum mondial du développement durable qui en sera à sa troisième version les 2 et 3 décembre 2005 au Sénat, il est question d’engager le pari de « civiliser » la mondialisation en rassemblant chaque année les principaux protagonistes du développement durable en leur faisant injonction de penser l’avenir des prochaines générations en conjuguant l’équité, l’efficience et l’éthique de solidarité.
Notre époque est couramment jugée sur la base de progrès techniques apportant aux conditions de vie des hommes des améliorations remarquables. L'importance prise par ces aspects matériels, bienvenus au niveau des masses qui en bénéficient, a permis au philosophe américain Francis Fukuyama d'écrire que nous sommes arrivés à La fin de l'histoire . Une telle conclusion ignore les enseignements que l'on doit tirer de l'histoire. Le présent article vise à rétablir un plus grand réalisme dans la vue à avoir de l'évolution du monde, de ses dangers, et du rôle positif que la France pourrait y tenir.
La mort, le 6 novembre dernier, de neuf soldats français de l'opération Licorne et la prise en otage de nos ressortissants par le pouvoir ivoirien ont opéré une rupture. Aujourd'hui, la France joue à la fois sa crédibilité et l'avenir de sa politique africaine.
La professionnalisation des armées, qui devait se traduire par des forces de meilleure qualité, modernisées et entièrement projetables, s'est avérée jusqu'à présent des plus délétères. L'Armée de terre, numériquement la plus importante, est aussi la plus touchée. Englués dans leur rigidité doctrinale et leur confinement idéologique, ses responsables peinent à la mettre au diapason d'un environnement en pleine mutation. En recherchant l'excellence technologique pour suppléer la diminution d'effectifs, elle a progressivement paupérisé ceux qui la servent et s'est scindée en une armée à deux vitesses. Constamment lésée par les lois de finances successives, elle est accablée de missions dont la plupart sont en décalage complet avec ses priorités théoriques. La complexité croissante de ses interventions et des compétences exigées n'est pas sans soulever de nombreux dilemmes, dont celui d'un recrutement en voie d'épuisement.
L'addiction, et plus précisément la dépendance à un toxique, est un problème récurrent. Elle offre aujourd'hui une nouvelle dimension avec la consommation de cannabinoïdes qui a doublé ces dix dernières années. Cette consommation doit être appréciée dans un cadre de polyconsommations de substances psycho actives, qu'elles soient licites ou non. Nous évoquons dans cet article les limites de l'addiction, les altérations de comportement ainsi que la nosologie de ces attitudes. Une conduite à tenir est évoquée face au bouleversement observé dans notre pays envers ces substances psycho actives, qui, si rien ne se passe au niveau national dans un programme de très grande ampleur, deviendra un problème de santé majeur.
Paul-Marie de La Gorce nous a quittés. Lire la suite
Chroniques
Les opérations militaires françaises en cette seconde moitié du XXe siècle pourraient être analysées à travers l’intensité des conflits majeurs de cette période : pendant la première décennie avec les guerres d’Indochine (1945-1954), de Corée (1950-1953) ou d’Algérie (1954-1962) ; dans la dernière avec celles d’Irak (1990-1991), de Bosnie (1992-1995) ou du Kosovo (1998-1999). Sans atteindre le paroxysme de la guerre totale, ces conflits ont profondément marqué par l’ampleur de l’engagement militaire consenti. Lire la suite
Bibliographie
Émile H. Malet l’avoue sans ambages, il a écrit cet essai parce qu’il ne comprenait pas « l’attitude de la France et d’une partie de l’Europe dans leur opposition frontale à l’élimination de Saddam Hussein » et qu’il ne supportait pas davantage « le zèle débridé des États-Unis de George W. Bush, dont les conséquences pourraient finir par se révéler catastrophiques ». Lire la suite
Parmi les historiens de la guerre d’Algérie, trop souvent militants engagés, Maurice Faivre s’impose par le sérieux de ses analyses et la mesure de ses jugements. Le livre qu’il publie prolonge Les archives inédites de la politique algérienne, paru en 2000 chez le même éditeur. Comme le précédent, celui-ci est à la fois livre de référence par son introduction et les synthèses claires qui le jalonnent, et ouvrage de références par les sources authentiques qu’il dévoile. L’introduction rappelle, avec une objectivité trop rare, la nature particulière de cet affreux conflit. Alors que les « livres noirs » sont à la mode, celui-ci, dit l’auteur, est un « cahier gris » qui renvoie chacun des deux camps à ses excès et rappelle l’enchaînement, souvent oublié ou occulté, des exactions et de la répression, du terrorisme et de la torture. Lire la suite
Comment la Légion est-elle perçue par l’opinion publique ? Cette image est-elle conforme à la réalité de ce corps prestigieux ? À ces questions, Marie Larroumet apporte des réponses nuancées mais toujours argumentées et dénuées de préjugés. Lire la suite
L’année 2004 a été marquée par une succession d’événements, généralement dramatiques, où dans tous les théâtres d’opérations, la multiplication et la diversification des actes de terrorisme et de résistance ont eu pour objectif de remettre en cause l’image et la légitimité des forces armées étatiques engagées, avec ou sans mandat de l’ONU.
Citons, entre autres, les Russes en Tchétchénie, les Israéliens en Palestine, les Anglo-américains en Irak, les Français en Côte d’Ivoire.
Force est de constater, même si on peut le regretter, que la « légitime violence étatique » a, dans certains théâtres, déjà perdu la guerre des images et des mots ; dans les autres, ce n’est qu’une question de temps si « l’enlisement » persiste. Dans ce cas, comme le disait en son temps un chef d’état-major des armées, l’alternative est simple : « On tire ou on se tire ».
On ne répétera jamais assez que l’envoi et l’utilisation des forces armées dans un pays étranger ne permettent que de gagner un peu de temps en ramenant la violence et l’anarchie à un niveau temporairement gérable avant la mise en œuvre rapide d’une solution politique fermement et clairement négociée.
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Sur un autre registre, les évolutions du contexte international, la distinction de plus en plus ténue entre les notions de défense et celles de sécurité, leur intégration progressive dans un cadre européen nécessitent une évolution de la revue Défense Nationale.
Par ailleurs, l’obligation d’accroître le lectorat et de faire connaître les thèmes développés dans la revue au-delà de l’hexagone et du monde francophone, nous amènera à publier une version anglaise et à rechercher, au-delà des abonnements, d’autres sources de financement.
Pour toutes ces raisons le conseil d’administration, après de longues réflexions, a entrepris, avec l’aval du Comité d’études, un certain nombre de démarches visant à une nouvelle rédaction des statuts, à l’obtention de la reconnaissance d’utilité publique et à l’élaboration d’une revue rénovée à partir d’un audit et d’un projet.
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À l’occasion de l’année nouvelle, les membres du conseil d’administration et la rédaction de la revue se joignent à moi pour vous présenter, fidèles lecteurs, nos meilleurs vœux de prospérité. ♦
La RDN vous invite dans cet espace à contribuer au « débat stratégique », vocation de la Revue. Cette contribution doit être constructive et doit viser à enrichir le débat abordé dans le dossier. C’est l’occasion d’apporter votre vision, complémentaire ou contradictoire. Vos réponses argumentées seront publiées sous votre nom après validation par la rédaction.
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