Octobre 1952 - n° 096

L’homme est un démiurge, car il crée. Certes, il ne crée pas de matière vivante, en dehors de ses enfants. Mais il crée des concepts, des organisations, des machines, et il cherche à les perfectionner sans cesse, pour réaliser un but lointain dont la finalité elle-même bien souvent lui échappe. On peut par exemple se demander légitimement si la recherche d’une vitesse de déplacement de plus en plus grande est un élément de bonheur, un « progrès ». Quoi qu’il en soit, l’homme crée. Comme le démiurge, il procède par tâtonnements, par multiples essais successifs. Il n’est donc pas étonnant qu’on puisse retrouver dans l’histoire de l’évolution biologique dont nous connaissons maintenant assez bien les lois, des ressemblances frappantes avec l’évolution des créations humaines. Loin d’être stérile, une telle recherche nous amènera à des constatations intéressantes et nous éclairera puissamment sur nos limites et sur nos erreurs. Lire les premières lignes

  p. 262-278
  p. 279-286
  p. 287-300
  p. 301-309

Le 2 septembre 1945, le Viet-Minh, après s’être emparé du pouvoir, proclame l’indépendance de l’Indochine et rompt brutalement les liens qui la rattachaient à la France. « Les Français, déclare-t-il, nous ont dans le domaine politique privés de toute liberté, ils ont réduit notre peuple à la plus noire misère et saccagé impitoyablement le pays… Notre peuple a brisé toutes les chaînes qui ont pesé sur nous depuis près de cent ans ». Lire les premières lignes

  p. 310-321

Dans les semaines qui ont précédé le débarquement en Normandie, le Haut Commandement allié, en dressant les plans minutieux de l’invasion de la France, fut amené à envisager l’action de la Résistance sur les opérations militaires. À Londres, la France libre avait établi, dès le mois d’avril 1944, un plan d’emploi des Forces françaises de l’intérieur, en liaison avec les armées anglo-américaines. Ni les Américains, ni les Anglais n’avaient grande confiance dans l’efficacité des Forces françaises de l’intérieur. Ils craignaient que la Résistance fût plus politique que militaire. Que ce soit dans la phase du débarquement proprement dit comprenant une ou plusieurs têtes de pont, que ce soit dans la phase de l’exploitation stratégique, le Haut Commandement anglo-américain se montrait très réservé envers la France libre et la Résistance. Lire les premières lignes

  p. 322-336

La formation d’une Europe unie en un seul corps politique est le problème sur lequel on se penche aujourd’hui avec une sollicitude ignorée des générations précédentes. De tout temps, mais à présent avec une force accrue, l’homme a désiré ces biens suprêmes : la paix, l’ordre, la liberté ; il se berce de l’illusion qu’en supprimant les frontières il se rapproche de la fraternité universelle. Que les conflits entre nations européennes soient qualifiés de « guerres civiles », la remarque ne date pas d’hier ; Napoléon, réduit à méditer sur son récif de Sainte-Hélène, l’exprimait déjà. Mais jamais les diverses opinions publiques ne l’ont imaginé comme elles le font depuis les deux dernières guerres mondiales. Devant la menace d’une totale destruction des richesses matérielles, artistiques, intellectuelles et morales acquises au cours d’une civilisation presque trois fois millénaire, l’Europe paraît décidée à réagir. Si le recours à un groupement supérieur aux nations existantes n’élimine pas avec certitude toute chance de guerre, du moins aura-t-il l’avantage d’en réduire les occasions, celles précisément de ces « guerres civiles » dont on vient de parler. L’évolution est d’ailleurs acquise qui pousse les sociétés humaines vers une croissance continue : elle les a successivement élevées de la famille à la tribu, puis à la cité, à la province, à la nation, toute la gamme des réalisations atteintes avec la perspective du continent pour finir à l’humanité entière. Vue généreuse de l’esprit et peut-être trop théorique. Des mouvements de régression n’ont pas manqué de contrarier le développement régulier de ces transformations pour le contenir et voire les détruire : « Nous savons maintenant, rappelait naguère Paul Valéry, que les civilisations sont mortelles »… Lire les premières lignes

  p. 332-357
  p. 353-358

Chroniques

  p. 359-362
  p. 363-366
  p. 367-372
  p. 372-377
  p. 377-380
  p. 381-384
  p. 385-385

Bibliographie

Maurice Guierre : Les ondes et les hommes. Histoire de la radio   ; Éditions Julliard, 1951 ; 278 pages - Henry Freydenberg

L’auteur, ancien officier de Marine, s’est occupé de radio dès le début de sa carrière. Il est donc qualifié pour présenter un historique des faits et des hommes qui ont amené la radio au point où elle se trouve actuellement. Rendant hommage aux savants et aux ingénieurs, il montre la lutte entre les différents pays pour s’assurer une place prépondérante dans l’utilisation des ondes. En France, au début, la radio fut étudiée par l’armée – et le général Ferrié en fut le grand animateur – mais que de progrès depuis les postes à galène, alternateurs musicaux : ondes entretenues, alternateurs à haute fréquence, hétérodyne, lampes à trois électrodes, circuit à réaction et enfin utilisation de la triode comme émetteur. Lire la suite

  p. 390-391

Général André Laffargue : Justice pour ceux de 1940   ; Éditions Charles Lavauzelle et Cie, 1952 ; 237 pages - R.

Les Français attendaient ce livre. Il fallait enfin dégager le « spectre de 1940 » des légendes qui l’entouraient, éclairer les avenues de la critique, rendre justice à tous et faire la « cure » nécessaire de notre moral. Le général André Laffargue s’y consacre dans une remarquable et impartiale étude. Il ressuscite l’armée de 1940, telle qu’elle était et non point telle qu’un décor de désastre a prétendu la montrer. Cette tardive mise au point ne décevra pas. Mieux : elle apporte à la grande phalange, victime silencieuse du drame, justice et apaisement et aux Français l’explication qu’ils cherchaient en vain. Car tous les actes qui concoururent à la défaite sont ici rigoureusement criblés, analysés et mesurés, sans complaisance ni passion : il fallait prouver et non innocenter. Lire la suite

  p. 389-390

Général François d’Astier de la Vigerie : Le ciel n’était pas vide  ; Éditions Julliard, 1952 ; 260 pages - P. G.

Livre qui devait être écrit : toute l’Armée de l’air française doit remercier son auteur. Cette œuvre devrait permettre de faire justice des affirmations déplorables qui ont voulu faire croire que l’on ne s’était pas battu dans le ciel en 1940. Or, comme le démontre si bien le général d’Astier, « l’aviation s’est bien et utilement battue et pourtant son rôle sera méconnu délibérément, car elle a été choisie comme bouc émissaire de la défaite… Sa présence, ajoute l’auteur, marquée, de jour comme de nuit, par ses engagements, ses pertes et souvent ses victoires, est efficace malgré l’incompétence du haut commandement, son peu de génie et, à certains moments, son énervement… Quand, déjà, les unités des autres armes coulent entre les doigts de leurs chefs, elle reste cohérente et disciplinée à sa place de combat. Quand les routes de France ne sont plus que les chemins de la déroute, elle continue à se battre jusqu’au moment où elle se trouve privée de ravitaillement, devant un champ de bataille déserté par l’infanterie… Et pourtant… les lacunes de son matériel ne sont pas plus graves que celles du matériel des armées terrestres ; au moins sera-t-il bien employé. » Lire la suite

  p. 391-391

Revue Défense Nationale - Octobre 1952 - n° 096

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Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

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