Juin 1946 - n° 025

Il se trouvera peut-être un jour des historiens, assez oublieux des atrocités de notre époque, pour narrer les premières campagnes d’Hitler à la manière romantique dont on nous a conté depuis cent cinquante ans les débuts de l’aventure napoléonienne. Ils retrouveront, dans chacune des étapes triomphales qui marquent l’extension du troisième Reich : annexion de l’Autriche et de la Tchécoslovaquie, campagne de Pologne et de Norvège, foudroyante invasion des Pays-Bas, de la Belgique et de la France, conquête des Balkans et de la Crète, certains caractères dominants de la stratégie révolutionnaire, extrapolée à l’échelle de notre temps : la force débridée, la violence poussée, selon le vœu de Ludendorff, jusqu’au paroxysme de la guerre totale, la victoire gagnée par la vitesse. Beau travail en vérité, mais qui conduisit Hitler à sa perte avec la même fatalité que le grand Empereur à Waterloo. Lire les premières lignes

  p. 719-731

Dans une conférence prononcée à Londres le 3 mars 1944, Sir Walther Layton, parlant de la future organisation du monde et des problèmes qu’elle allait poser, rangeait parmi les questions « de grande importance internationale », d’une part l’avenir du monde musulman, de l’autre le problème des « peuples assujettis ». À vrai dire, ces deux questions, sans se confondre, ont entre elles des liens étroits, puisqu’un certain nombre de peuples musulmans sont encore aujourd’hui gouvernés ou contrôlés par des puissances européennes et que les progrès de l’Islam s’observent principalement chez des peuples réputés encore incapables de se gouverner eux-mêmes. Lire les premières lignes

  p. 732-751

Faute de forces aéronavales et amphibies, faute aussi, bien qu’à un degré moindre, d’un tonnage de transport et de moyens logistiques suffisants, il avait fallu un an aux Américains pour franchir pas à pas, dans une campagne d’usure interminable, les quelque 250 milles qui séparent Guadalcanal de l’extrémité occidentale de l’archipel de Nouvelle-Géorgie. Dans le Pacifique central, pour les mêmes raisons, aucune opération de grande envergure n’avait eu lieu depuis le coup d’arrêt porté à Midway en juin 1942 à la poussée japonaise. C’est au contraire parce que les instruments d’une offensive décisive commençaient à exister à l’été de 1943, c’est parce que leur accroissement massif était envisagé avant la fin de l’année que les commandants en chef alliés purent fixer dès le mois d’août, dans la conférence de Québec, les lignes essentielles d’une gigantesque entreprise destinée à conduire le général MacArthur au bout de quelque quatorze mois dans les Philippines méridionales, et l’amiral Nimitz vers le printemps de 1945 dans l’archipel des Riu-Kiu, aux portes du Japon. Lire les premières lignes

  p. 752-772

En cinq ans, de mai 1940 à mai 1945, un total de 2.700.000 tonnes de bombes fut déversé sur l’Allemagne et les territoires occupés. Or, jusqu’en janvier 1943, le tonnage lancé représentait à peine 5 % de ce total. C’est donc à partir de janvier 1943 que les 95 % du tonnage furent déversés sur l’Allemagne. Or, c’est à partir de 1943, que l’aviation alliée put disposer des aérodromes d’Afrique du Nord en plus de ceux de Grande-Bretagne. Aussi peut-on diviser l’histoire du bombardement stratégique sur l’Europe en deux périodes, à la césure desquelles se place la Conférence d’Anfa, de janvier 1943, qui donna de nouvelles directives aux forces aériennes chargées de mener la grande offensive contre la Festung Europa, et qui s’envolèrent des deux plates-formes aéronautiques ainsi créées aux flancs de l’Europe : la Grande-Bretagne et l’Afrique du Nord française. Lire les premières lignes

  p. 773-783

L'auteur a rédigé ces notes au cours d'une mission d'inspection et de conférences en Amérique latine.

  p. 784-797
  p. 798-810

L’une des premières réflexions sur la question de l’arme nucléaire publiée dans la RDN moins d'un an après la bombe atomique lancée sur Hiroshima le 6 août 1945. Elle est basée sur trois documents américains récents qui précisent le rôle de la bombe atomique et des armes nouvelles à l’étude dans le domaine de la stratégie mondiale. Lire les premières lignes

  p. 811-818

Nous avons reçu la lettre suivante de M. Jules Moch, ministre des Travaux publics et des Transports, qui contient d’intéressantes précisions sur l’Asdic. Lire la suite

  p. 819-822

Chroniques

  p. 823-827
  p. 827-834
  p. 834-839
  p. 839-844
  p. 844-850

Les besoins de capitaux de l’économie française, au cours de l’année 1946, sont considérables : le marché financier doit assurer la reconstruction des ruines accumulées par la guerre et la modernisation de notre équipement industriel, tandis que le marché monétaire doit permettre aux entreprises de reconstituer peu à peu leur trésorerie et à l’État de financer le déficit budgétaire. Nos ressources seront-elles suffisantes pour satisfaire toutes les demandes de crédit ? Lire les premières lignes

  p. 850-856

Bibliographie

Louis Castex : L’Âge de l’Air  ; Éditions Chiron, 1945, 155 pages - Edmond Delage

Le commandant Louis Castex, aviateur de la guerre 1914-1918, quatre fois cité, a parcouru plusieurs fois le Globe à travers les airs et, au cours d’importantes missions, notamment aux Açores, étudié à fond l’organisation internationale : l’aviation commerciale. Dans son dernier livre superbement illustré, il expose les progrès gigantesques réalisés, en vingt-cinq ans, par l’avion, depuis le 8 février 1919, jour où Bossoutrot, sur un Goliath Farman, transportait pour la première fois des passagers de Paris à Londres. Il déroule sous nos yeux les possibilités proches de l’aviation : Nice à deux heures de Paris, New-York à une demi-journée, les long-courriers franchissant l’Atlantique à 500 kilomètres à l’heure, à 10 000 mètres ; demain, grâce à la fusée, le pneu Paris–New-York parviendra à destination en une heure trente. Par l’avion, la Planète se rétrécit chaque jour : Louis Castex le démontre avec autant de compétence que de talent.

  p. 857-857

René Grousset : Bilan de l’histoire  ; Éditions Plon, 1946 ; 320 pages - Edmond Delage

M. René Grousset, de l’Académie française, a consacré la plus grande partie de sa carrière à l’étude des problèmes extrême-orientaux, ainsi qu’à l’histoire des Croisades et du royaume franc de Jérusalem. Il vient de couronner ses vastes recherches par une vue d’ensemble que, seul, un historien de cette culture et de cette qualité, pouvait prendre sur l’histoire générale de la civilisation humaine. C’est, en effet, une belle fresque une sorte de « Discours sur l’histoire universelle », mais à la mode du XXe siècle, que déroule sous nos yeux ce grand chercheur, si curieux de toutes civilisations extra-européennes, qui se révèle en même temps ici, plus encore qu’en aucun de ses livres, un profond penseur et philosophe. Il n’est pas possible de résumer en quelques lignes des pages de pareille densité. Lire la suite

  p. 857-858

Murray Harris : The Logic of War (La logique de la guerre)  ; Allen and Unwin, 1944 ; 146 pages - Ch. C.

Le livre du Squadron Leader Murray Harris a pour but de démontrer que la clef de la victoire réside dans la liberté des communications. Il appelle à son aide de puissants champions : « La stratégie est l’étude des communications », a dit le général von Willisen ; pour l’amiral Mahan, « Les communications » dominent toute la guerre ; considérées de haut, elles forment « l’élément simple le plus important de la stratégie ». Enfin, le général von Wassmuth ajoute : « La profession militaire est devenue une industrie de transport », tandis que Napoléon proclamait que « le plus important secret de la guerre est de se rendre maître des lignes de communications ». Lire la suite

  p. 858-859

Revue Défense Nationale - Juin 1946 - n° 025

Revue Défense Nationale - Juin 1946 - n° 025

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Juin 1946 - n° 025

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