Août/Sept 1992 - n° 534

Ancien commandant des forces aériennes stratégiques, puis chef du cabinet militaire du président de la République, c'est comme Chef d'état-major de l'Armée de l'air que l'auteur avait écrit, en avril 1990, un article sur la stratégie aérienne. Maintenant en congé du personnel navigant, il s'appuie sur l'expérience de la guerre du Golfe pour nous apporter ses réflexions sur les notions de stratégies et de tactiques ; il ne traite d'ailleurs pas celles-ci dans la seule optique aérienne, mais interarmées et interalliée. Lire les premières lignes

  p. 9-17

Le sujet qu'aborde aujourd'hui l'auteur, contrôleur général des armées, est à la fois difficile et délicat : difficile car la comparaison entre les sociétés civile et militaire comporte bien des facteurs évolutifs surtout depuis quelques décennies ; délicat parce qu'elles forment ensemble la nation et qu'il faut éviter de froisser des susceptibilités en portant des jugements de valeur trop catégoriques. L'auteur nous livre une analyse très approfondie et pleine d'enseignements à l'endroit des décideurs, civils et militaires.

  p. 19-36

Dans un dossier sur les changements survenus à l'Est, que nous avons publié en décembre 1991, l'auteur, colonel et membre du Groupe d'études et de réflexion sur la stratégie soviétique (Gerss) avait traité de la politique de sécurité de l'URSS. Avec la disparition de celle-ci et les bouleversements qui l'accompagnent, il étudie maintenant les conséquences stratégiques d'une situation dont on perçoit bien mal l'aboutissement : une menace semble avoir été remplacée par de nombreuses autres qui obligent à élaborer tout un éventail de réponses possibles.

  p. 37-46

Alors que beaucoup estiment un peu rapidement qu'il faudrait profiter des soi-disant dividendes de la paix, le réalisme permet de constater que la guerre change de formes, mais n'est pas morte : le monde évolue, les facteurs de perturbation varient, certains disparaissant et d'autres surgissant. Il devient indispensable de faire une nouvelle appréciation de situation et d'en déduire une politique, de défense en particulier, qui soit notablement différente de celle menée jusqu'à maintenant. L'auteur, capitaine de frégate et professeur à l'École supérieure de guerre navale, nous livre ses réflexions à ce sujet.

  p. 47-61

L'auteur, ancien attaché militaire au Liban de 1979 à 1982, est spécialiste de l'étude des conflits contemporains ; professeur et conférencier, il est l'auteur d'un livre sur les conflits régionaux, Les vraies guerres *, et en prépare un autre pour la fin de cette année. S'appuyant sur sa propre expérience, il décrit ici une forme de guerre très particulière qui se développe de plus en plus, et qui doit être prise en compte désormais dans la formation militaire.

  p. 63-74

S'appuyant sur l'histoire et la géostratégie, s'abstenant en outre de toute polémique, l'auteur montre clairement que, le monde ayant changé après quarante-cinq ans de « paix tranquille », l'Italie doit réévaluer sérieusement sa politique de sécurité et élaborer un nouveau modèle de défense.

  p. 75-90
  p. 91-98

Dans la série des articles que nous publions sur la condition militaire, il est un volet peu abordé : celui des salaires. Tout le monde sait que le métier des armes est désintéressé, mais cela ne signifie pas qu'on doive traiter cet aspect par le mépris, surtout à une époque très matérialiste comme la nôtre. Cette lacune est comblée par cet excellent article, qui apporte des informations utiles sur un sujet mal connu et faisant souvent l'objet d'appréciations fantaisistes à l'extérieur des armées.

  p. 99-114

L'auteur montre l'implication croissante de l'Espagne dans les affaires internationales et le rôle qu'il peut jouer comme trait d'union entre l'Europe et le Maghreb. Certains des arguments pourront être rapprochés de ceux de Jean-François Coustillière dans son article de mai 1992 sur l'Europe latine et la Méditerranée.

  p. 125-135

L’auteur nous donne son appréciation actuelle sur l’état des relations entre la Russie d’Eltsine et le pays du Soleil-Levant, alors que la première a besoin d’aide de toute nature et que le second voudrait récupérer les territoires du Nord. Lire les premières lignes

  p. 115-124

Tentative de démocratisation avortée, situation politique chancelante, difficultés économiques énormes et apparemment insolubles, tel est le bilan que présente l'Algérie trente ans après son accession à l'indépendance. L'auteur, spécialiste du Maghreb, nous décrit l'évolution récente de ce pays et nous explique pourquoi sa situation générale est si inquiétante.

  p. 137-146

Depuis plusieurs années l'ensemble de la corne de l'Afrique s'est enfermé dans une interminable crise : la famine sévit toujours en Éthiopie, une guerre civile déchire le Soudan, la Somalie s'est complètement désintégrée et les forces d'opposition se font de plus en plus menaçantes dans la république de Djibouti. Jusqu'à la fin des années 1980, seul le Kenya avait échappé au vent d'instabilité qui souffle sur cette partie de l'Afrique. Or depuis quelque temps, le régime de Nairobi est à son tour sérieusement ébranlé par une contestation grandissante, certes à un degré moindre que chez ses voisins. La transition vers le multipartisme semble avoir beaucoup de mal à s'établir dans ce pays attachant qui possède pourtant des traditions pluralistes.

  p. 147-159

Chroniques

  p. 167-174
  p. 161-166
  p. 175-178
  p. 179-183

Deux organismes ont été créés par décrets du 16 juin 1992 : la Direction du renseignement militaire (DRM), et la Délégation aux affaires stratégiques (DAS). Cette dernière en fait n’est pas nouvelle, puisqu’elle remplace la Délégation aux études générales (DEG), créée en 1987 par M. Giraud pour coiffer le groupe de planification et d’études stratégiques (Groupes) de M. Hernu, qui lui-même remplaçait le centre de prospective et d’évaluation (CPE) de M. Messmer. Ces modifications sémantiques ne semblent pas avoir transformé la mission des organismes dissous, qui étaient chargés d’étudier les problèmes de stratégie, d’apprécier les options possibles à long terme, de participer à la programmation des armements. Les textes des décrets successifs reprennent sensiblement les mêmes expressions. La seule innovation de la DAS consiste en sa fonction de conseiller du ministre pour les négociations internationales et la coopération. Lire la suite

  p. 184-185
  p. 186-189

• Le 16 juin 1992, les présidents George Bush et Boris Eltsine ont annoncé que leurs pays avaient décidé d’amputer leurs arsenaux stratégiques bien en dessous des seuils fixés auparavant par les accords de réduction des armes stratégiques (START). D’ici l’an 2000, les États-Unis s’engagent à ne disposer que de 4 250 ogives nucléaires, la Russie devant pour sa part n’en détenir que 3 800. Au cours de la seconde phase, c’est-à-dire avant l’an 2003, les États-Unis devront avoir réduit leur panoplie à 3 500 têtes nucléaires, tandis que la Russie ne pourra en compter que 3 000. À ce moment, tous les missiles à ogives multiples basés à terre auront été démantelés. Les engins mirvés ne subsisteront qu’à bord des sous-marins. À cette date également, l’Ukraine, la Biélorussie et le Kazakhstan devront s’être défaits des fusées qu’ils détiennent. De plus, les États-Unis vont associer la Russie à la mise au point d’un système de défense antimissiles global. Ces accords devront être ratifiés par les Parlements des deux pays. Lire la suite

  p. 194-195
  p. 190-193

Bibliographie

Marcel Duval et Yves Le Baut : L’arme nucléaire française, pourquoi et comment ?  ; (préface de J.B Duroselle) Éditions S.P.M et Kronos, 1992 ; 300 pages - Claude Le Borgne

L’histoire de l’arme nucléaire française restait à écrire. C’est chose faite, et à un moment opportun : l’Union soviétique, dont la malignité fut à l’origine du prodigieux développement des armements comme de l’élaboration des doctrines de dissuasion, vient de disparaître. Les deux auteurs forment une bonne équipe. L’amiral Duval, ancien directeur de notre revue et observateur perspicace des évolutions stratégiques, fut le témoin direct de la gestation de la stratégie américaine, puis de son adaptation française ; il explique le pourquoi. Yves Le Baut, qui a servi de 1962 à 1988 au Commissariat à l’énergie atomique (CEA), décrit le comment. Lire la suite

  p. 196-196

Guy Georgy : Le petit soldat de l’Empire  ; Éditions Flammarion, 1992 ; 271 pages - Claude Le Borgne

De la fin de la Seconde Guerre mondiale aux indépendances de 1960, quinze ans d’Afrique vécus par un administrateur colonial successivement chef de subdivision et commandant de région au Cameroun, secrétaire général du territoire au Gabon, haut fonctionnaire à Brazzaville puis à Dakar, haut-commissaire enfin au Congo, voilà un beau parcours, et un beau sujet ! Cependant, un beau sujet ne fait pas un beau livre : il y faut le talent de l’écrivain, l’œil du poète, l’intelligence du politique, la légèreté de l’humoriste et le cœur de l’amoureux. Guy Georgy possède tout cela, d’où résulte un chef-d’œuvre, qui enchantera les anciens de la vieille Afrique comme les voyageurs du coin du feu. Lire la suite

  p. 197-197

Charles W.Koburger Jr : Naval Strategy of Suez—The Role of Djibouti  ; Praeger Publishers, 1992 ; 114 pages - Henri Labrousse

L’auteur, captain (Rtd) de l’US Coast Guard, s’est spécialisé depuis plusieurs années dans l’histoire contemporaine de la Marine française, et a entrepris de la faire connaître aux États-Unis, où elle est souvent la victime de mauvais clichés qui datent de la Seconde Guerre mondiale. Il a déjà publié deux ouvrages sur le sujet, l’un sur la période 1940-1942 et l’autre sur la Marine en Indochine. Lire la suite

  p. 198-198

Henri Labrousse : Récits de la mer Rouge et de l’océan Indien  ; Économica, 1992 ; 335 pages - Michel Klen

Trait d’union, d’une part entre le monde méditerranéen et l’océan Indien, d’autre part entre l’Afrique orientale et l’Arabie, la mer Rouge a toujours été un lieu de contact et de passage où se sont souvent affrontés les intérêts économiques. Fréquentée par les Égyptiens, les Phéniciens, les Romains, les Grecs, les Byzantins, les Arabes et ensuite par les Européens à la recherche de la route des épices, cette importante voie maritime a vu son influence stratégique s’accroître considérablement depuis l’ouverture du canal de Suez. Les grandes puissances s’installèrent sur ses rives et menèrent pendant plus de deux siècles une politique de profit. L’océan Indien est également une zone ultrasensible où se concentre une bonne partie des tensions mondiales. La guerre du Golfe a d’ailleurs mis en exergue cette donnée permanente de la géopolitique. Lire la suite

  p. 200-200

Qu’espérait donc le sous-lieutenant Doly lorsqu’il débarquait 31 ans plus tôt sur le sol algérien ? Pensait-il qu’il pourrait réaliser le métier qu’il venait de choisir ? Pensait-il qu’il pourrait appliquer ce qu’on venait de lui apprendre à Saint-Cyr ? Pire ! il croyait ce que les gouvernants, les chefs militaires avaient annoncé, promis et lui avaient pour cela donné délégation sur le terrain. Alors ces lettres écrites à sa mère pendant ses deux années de campagne en Algérie sont le chant de sa foi, mais aussi les grondements de son impuissance, de son indignation et de sa révolte. Lire la suite

  p. 198-199

Geneviève Salkin-Lappara : Marins et diplomates  ; Services historiques de la Marine, 1990 ; 500 pages - Pierre Morisot

Mme Salkin a eu l’idée opportune d’une monographie (voire, encore plus calé, d’une prosopographie) portant sur les attachés navals de la période 1860-1914. Lire la suite

  p. 200-202

Philippe Moreau Defarges : Problèmes stratégiques contemporains  ; Éditions Hachette, 1992 ; 670 pages - Michel Klen

L’ouvrage s’ouvre sur la problématique de la stratégie qui s’appuie essentiellement sur des données industrielles. L’histoire nous enseigne que les formes de guerre sont indissociables des ressources des sociétés. S’appuyant sur ce paramètre, l’auteur analyse deux grands types de guerre : d’une part, les conflits entre sociétés ayant des niveaux de vie différents (guerre de Sécession entre un Nord industrialisé et un Sud agricole, guerre du Vietnam entre une grande puissance économique et un pays pauvre), d’autre part, les conflits entre nations industrialisées. Lire la suite

  p. 202-203

André Wilmots : Le défi français ou la France vue par l’Amérique  ; Éditions François Bourin, 1991 ; 214 pages - Eugène Berg

Haut fonctionnaire belge à l’ONU, André Wilmots a épluché pendant plus de dix ans tout ce qui a paru sur la France dans la presse et les médias d’outre-Atlantique. Il en a tiré un tableau très vivant où abondent les paradoxes. La France paraît, pour les Américains, tout à la fois agressive et réaliste, hautaine et mesurée, distante et exquise. On sait fort bien à New York ou à San Francisco que notre pays n’est plus depuis longtemps celui de la fameuse trinité « vins, fromages, parfums », mais qu’il est devenu un pays moderne à la pointe de la technologie (aérospatiale ou des télécommunications), ou de la recherche médicale (découverte du virus du Sida), à l’économie dynamique. Maints responsables américains sont agacés par les positions de la France qui, souvent, contrecarrent les leurs, par une morgue qu’ils jugent insupportable et une défense du français qui leur paraît paranoïaque, ils n’en continuent pas moins à reconnaître que le Français est le champion du bon goût. Lire la suite

  p. 204-204

Revue Défense Nationale - Août/Sept 1992 - n° 534

Revue Défense Nationale - Août/Sept 1992 - n° 534

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Août/Sept 1992 - n° 534

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