Décembre 1977 - n° 372

La négociation en vue d'un accord SALT II a été débloquée à la suite des entretiens qu'ont eus le président Carter et M. Gromyko à Washington, et les discussions au niveau des experts ont repris à Genève. On connaît maintenant les grandes lignes de l'accord en vue (voir notre chronique Défense dans le monde) : il sera plus proche de celui qui avait été esquissé par l'aide-mémoire de Vladivostok de 1974 (modifié à la suite des négociations Kissinger de 1976) que des propositions de réductions massives lancées par M. Carter au printemps dernier. Mais le Président peut s'attendre à de sérieuses réserves de la part des « faucons » du Sénat qui estimeront les concessions faites aux Soviétiques trop importantes. L'intérêt de cet article est de montrer les interactions constantes de la politique intérieure américaine avec cette négociation, les exigences contradictoires auxquelles le président Carter doit faire face et les méfiances que suscite chez les Soviétiques la démarche erratique qui en résulte pour la diplomatie américaine. Lire la suite

  p. 9-24

En abandonnant le principe de la dictature du prolétariat et en récusant le modèle socialiste soviétique, les eurocommunistes ont suscité l'irritation du Kremlin. Moscou voit en effet dans cette fronde non seulement une déviation dogmatique mais encore une manifestation d'indiscipline susceptible de gagner l'édifice oriental à l'abri duquel la patrie du socialisme exerce son rôle mondial.

  p. 25-34

Les ventes d'armes françaises défraient périodiquement la chronique mais les articles sur ce sujet révèlent parfois une certaine méconnaissance de la réglementation et des procédures de décision en cette matière. Voici donc l'essentiel de ce qu'il faut savoir. L'auteur a dirigé de 1973 à 1976 la division des affaires économiques au Secrétariat général de la défense nationale. À ce titre, il avait à connaître des exportations des matériels de guerre. L'auteur tient à exprimer ses plus vifs remerciements à M. Paul Granet. Secrétaire général adjoint de la défense nationale et à M. l'ingénieur général Hervé Bongrain, Président du Comité d'action scientifique de défense pour les conseils qu'ils ont bien voulu lui prodiguer lors de la préparation et de la rédaction de cet article.

  p. 35-41

Le vote par le Sénat américain, le 13 juillet, des crédits destinés à la production de la bombe à neutrons a suscité aux États-Unis et en Europe des réactions contradictoires et passionnées (voir notre chronique « Défense dans le monde » dans notre numéro de novembre). D'aucuns ont vu dans cette arme – dont l'auteur rappelle l'origine, il y a 20 ans – un danger d'effacement du seuil qui sépare les armes nucléaires des armes conventionnelles et un pas de plus vers le risque d'apocalypse. Pour l'auteur, au contraire, de telles armes en favorisant le défenseur et en pénalisant l'assaillant, même blindé, sont de nature à permettre une défense nucléaire tactique avancée infranchissable par des moyens terrestres.  Lire les premières lignes

  p. 43-57

Il y  a quelques années encore, la stratégie nucléaire et ses problèmes se trouvaient au centre des discussions militaires. Désormais, ce sont les questions posées par les armes guidées avec précision (Precise Guided Munitions), ou armes de précision, qui paraissent prendre le relais. Certains experts fondent sur elles une double espérance : l'intervention des armes de précision pourrait, d'une part, diminuer sensiblement le danger du recours aux moyens atomiques, et d'autre part permettre aux forces armées de réduire éventuellement leurs effectifs. Si la première de ces propositions est parfaitement admissible, au moins dans certaines circonstances, la seconde, selon l'auteur de cet article est à rejeter absolument. Lire les premières lignes

  p. 59-70

La volonté de l'Algérie de se doter d'une industrie très moderne l'a conduite à recourir à la technologie américaine, en dépit des orientations fondamentalement divergentes des politiques extérieures de ces deux États. L'arrivée au pouvoir du président Carter coïncide avec la phase définitive de la procédure d'approbation par l'administration américaine des contrats de vente de gaz naturel saharien. Bien que le marché européen soit largement ouvert au gaz algérien, le débouché américain n'en demeure pas moins important. En effet, il est urgent pour la poursuite du développement algérien que le gaz prenne la relève du pétrole. C'est dans cette optique que l'auteur fait le point des rapports algéro-américains et souligne l'esprit réaliste qui inspire aujourd'hui la conduite des deux partenaires.

  p. 71-81

Au carrefour des routes d'Asie méridionale, la jeune République afghane, née du coup d'État de juillet 1973 qui mit fin au règne d'une monarchie déclinante se dégage de structures sociales moyenâgeuses et, sous la conduite ferme et avisée du président Daoud, s'achemine résolument sur la voie de la démocratie et du développement. Tout en maintenant sa politique de non-alignement, le nouveau chef de l'État a eu l'habileté de rechercher de nouveaux appuis du côté de Téhéran et des États arabes riches en pétrodollars. L'auteur de cet article connaît bien l'Afghanistan où il a fait récemment un long séjour. Il souligne l'intérêt que présente son développement auquel la France prend déjà une part certes importante mais qu'elle pourrait améliorer si ses financiers et ses industriels voulaient bien faire preuve d'un peu plus de confiance et d'esprit d'entreprise sur un marché qui leur est en principe favorable.

  p. 83-106

La plupart des régimes militaires d'Amérique latine sont conscients de l'insuffisance de la base populaire sur laquelle ils reposent et cherchent les voies d'un retour à une démocratie pluraliste, ou du moins admettent la nécessité d'y revenir à plus ou moins long terme. L'influence de Washington s'exerce dans ce sens à la veille des échéances politiques de 1978 – comme les élections colombiennes ou le choix d'un nouveau Président au Brésil – et se fait d'autant plus pressante que la plupart des États latino-américains, en proie ci une inflation monétaire et à une démographie galopante, sont dépendants du grand voisin nord-américain. Après avoir passé rapidement en revue les questions politiques internes et économiques de l'Amérique latine, l'auteur consacrera un second article à ses problèmes internationaux.

  p. 107-113

Où en sont les relations américano-soviétiques ? La question mérite d’être posée puisque certains commentateurs, après l’entrée en fonction en janvier dernier de la nouvelle administration du Président Carter, avaient estimé qu’il convenait d’enterrer la détente et de déterrer la hache de la guerre froide. À dire vrai, ils trouvaient argument dans certaines déclarations du Président des États-Unis, soulignant plus nettement que ne l’avaient fait ses prédécesseurs sa volonté de faire respecter dans le monde entier les valeurs auxquelles adhère unanimement le peuple américain. Lire les premières lignes

  p. 115-121
  p. 123-131
  p. 133-142

Chroniques

Le terrorisme a, durant les dernières semaines, dominé non seulement les réactions des simples citoyens, mais aussi les préoccupations des gouvernements. Aucun de ceux-ci, en effet, n’est à l’abri d’une opération de prise d’otage ou de détournement d’avion, et aucun d’entre eux, par conséquent, ne peut affirmer qu’il ne se trouvera pas dans une situation politique et morale comparable à celle qu’a dû affronter le chancelier Helmut Schmidt. Le problème a été posé à l’ONU qui déjà se trouvait incapable d’apaiser certaines tensions toujours susceptibles de s’aggraver dangereusement. Lire les premières lignes

  p. 143-146

Les résultats obtenus après la deuxième rencontre Vance-Gromyko à Genève en mai dernier ne permettaient pas d’espérer un nouvel accord avant l’expiration de SALT I, le 3 octobre 1977. Cependant un cadre général pour les futures négociations avait été élaboré. Lire les premières lignes

  p. 147-154

Cet automne a été agité par la controverse sur le nucléaire. L’occasion en était fournie par la conférence de Washington : il nous aura ainsi été donné de constater que si les ingénieurs n’aboutissent pas aux mêmes conclusions, le débat se complique considérablement lorsque les hommes politiques viennent y inclure leurs préférences idéologiques ou des critères moraux. Lire la suite

  p. 155-157

Avec ses 67 664 MF de crédits de paiement, le projet de budget de la défense (1) qui est soumis au vote de l’Assemblée Nationale au moment où cette chronique est écrite est incontestablement le meilleur qu’aient connu les armées depuis longtemps. Lire les premières lignes

  p. 158-165

Dans notre chronique du mois de mai nous avions évoqué les mesures prises au titre de la réorganisation des formations de métropole pour l’année 1977. Il n’y avait pas été question de la création d’un troisième corps d’armée, cette possibilité étant alors encore à l’étude. Lire la suite

  p. 166-168

Il y a un an, dans la chronique de novembre 1976, nous avions relaté l’avancement des travaux américains dans le domaine des Cruise Missiles, missiles de croisière. Il nous a paru bon, un an après, de voir l’évolution de cet armement d’autant qu’un point d’une importance capitale est intervenu : la décision du président Carter d’annuler le programme de bombardiers B-1. Commentant cette décision, le secrétaire d’État à la défense, Harold Brown, a clairement indiqué que les Cruise Missiles venaient en tête des programmes militaires des États-Unis. Il a demandé le vote d’un budget de 449 millions de dollars pour le développement des versions marines et aériennes. La dotation du matériel de ce type doit être accélérée afin d’améliorer les possibilités de riposte face à une agression soviétique. Pour le moment le secrétaire d’État à la Défense et le Pentagone ont opté pour une version de Cruise Missile ayant une portée de 2 500 km, version souhaitée opérationnelle en 1980. M. Brown explique ainsi ce choix : « Si vous jetez un coup d’œil sur une carte, vous vous rendez compte très vite que les principaux centres de la partie européenne de l’URSS peuvent être atteints à partir de la Mer du Nord. La limitation de la portée à 2 500 km fait partie des dernières propositions américaines sur les négociations SALT auxquelles n’appartiennent pas les missiles de croisière ». Lire les premières lignes

  p. 169-173

Une coquille s’est glissée dans la rubrique que nous avons consacrée dans le numéro d’octobre de la revue à la corvette Georges Leygues ; Son système de propulsion n’est pas du type COGOG mais du type CODOG. Le terme COGOG pour Combined gas or gas turbines s’applique aux bâtiments équipés seulement de turbines à gaz, les plus puissantes utilisées pour la marche à grande vitesse, et les autres, de plus faible puissance, pour la navigation économique. Le terme CODOG s’applique aux bâtiments dotés de turbines à gaz pour la vitesse et uniquement de diesels pour la croisière, ce qui est le cas du Georges LeyguesLire les premières lignes

  p. 174-177

Le tiers des experts qui secondent les pays en voie de développement sont français et pourtant le budget de la coopération est sans doute celui qui suscite le moins d’intérêt. Faut-il y voir un trait du caractère français, généreux dans ses sentiments mais parcimonieux dès qu’il s’agit d’argent ? Ne serait-ce pas plutôt le reliquat du « cartiérisme » qui s’était appliqué à présenter les pays d’Afrique comme des solliciteurs sans dignité ? Les sentiments évoluent au gré des événements et les conséquences économiques de la guerre du Kippour n’ont guère favorisé la compréhension de questions au demeurant fort complexes. Le fait est cependant là : plus que tout autre le Français porte un intérêt non dissimulé au développement des États du Tiers-Monde, plus que tout autre il y participe grâce à son expérience et son savoir, et pourtant l’opinion publique manifeste une réserve inébranlable envers l’effort accompli dans le domaine de la coopération. Lire les premières lignes

  p. 178-183

Une dizaine de films projetés sur nos écrans cette année ont présenté des aspects très divers de la vie militaire et de l’action personnelle d’officiers ou de soldats. Si l’on observe ces œuvres dans une perspective historique, on constate qu’elles englobent avec plus ou moins de bonheur un siècle et demi d’exploits divers. À l’honneur des cinéastes, il faut préciser que cette production, pourtant très variée, ne comporte pas de caricatures, ni même de contestation véritable. Les auteurs ont enregistré et présenté des faits et des personnages, parfois avec esprit critique, souvent avec tendresse et sympathie, sans jamais tomber dans certains excès constatés précédemment. Lire la suite

  p. 184-186

* Les forces armées des États-Unis manquent des moyens de transport aériens aussi bien que maritimes nécessaires pour renforcer les forces de l’Otan en cas de besoin. Il y a là un problème sans solution évidente en vue. Cette situation fait craindre que les forces conventionnelles de l’Otan ne soient débordées avant l’arrivée de renforts adéquats. À cela s’ajoute la pénurie de plus en plus aiguë de réserves bien entraînées. Malgré tout les forces armées américaines sont en mesure d’empêcher une attaque nucléaire soviétique. Lire la suite

  p. 187-188

Bibliographie

Daniel Colard : Vers l’établissement d’un nouvel ordre économique international  ; La Documentation Française, 1977 ; 85 pages - Georges Vincent

Selon que ton est porté au pessimisme ou à l’optimisme, on jugera que la conférence sur la coopération économique internationale ou « dialogue Nord-Sud » s’est terminée à Paris le 3 juin 1977 sur un demi-échec ou sur un demi-succès. Les bases d’un « nouvel ordre économique mondial », ce concept quelque peu ambigu lancé dans les enceintes de l’ONU en 1974, et sur lesquelles la Conférence se proposait de bâtir, sont donc loin d’être fermement assurées. Lire la suite

  p. 189-189

Joseph Fontanet : Le Social et le Vivant  ; Éditions Plon, 1977 ; 294 pages - André Nolde

Joseph Fontanet connaît bien l’œuvre de Paul Valéry. Il le cite fréquemment, et lui a même emprunté quelques-unes de ses idées, sans prétendre d’ailleurs l’égaler dans sa forme, car il sait trop bien que celle-ci est hors d’atteinte, quel que soit le talent de l’émule, et M. Fontanet n’en manque pas. Mais, une petite phrase qui donne à réfléchir dans « Regards sur le monde actuel » lui a peut-être échappé, ou bien n’a-t-il voulu y voir qu’une boutade ? Parlant de la domination du monde antique par les Romains, « leur nombre, disait Valéry, et leurs moyens n’étaient rien auprès des nôtres, mais ils trouvaient dans les entrailles de leurs poulets plus d’idées justes et conséquentes que toutes nos sciences politiques n’en contiennent ». Lire la suite

  p. 190-190

Joseph D. Douglas Jr : The Soviet Theater Nuclear Offensive  ; U.S Government printing office, 1976 ; 120 pages - Olivier Sevaistre

Cette courte étude fait la synthèse de la littérature soviétique sur les problèmes militaires en Europe. Cette littérature est accessible aux États-Unis grâce aux traductions publiées, sous les auspices de l’US Air Force, dans une collection intitulée « La pensée militaire en Union soviétique », et dont le premier volume paru en 1973 est le livre du colonel Sidorenko : L’offensiveLire la suite

  p. 191-191

Matti Golan : Les négociations secrètes de Henry Kissinger au Proche-Orient  ; (traduit par Madeleine Charvet) ; Éditions Robert Laffont, 1977 ; 252 pages - André Nolde

Matti Golan, journaliste israélien, collaborateur du Haaretz où il traite les questions diplomatiques et militaires, a « couvert » pour ce journal les négociations israélo-arabes qui ont suivi la guerre du Kippour. On se souvient du rôle joué dans ces négociations par Henry Kissinger et de la célèbre diplomatie « des petits pas » qu’il avait inaugurée à cette occasion. Lire la suite

  p. 192-192

Jacques Raphael-Leygues : Chronique des années incertaines  ; Éditions France-Empire, 1977 ; 430 pages - Bernard Guillerez

Combien incertaines, en effet, ces années qui vont de 1935 à 1945 ! Elles le furent pour le pays endormi dans la pusillanimité d’un régime à sa fin avant d’être meurtri dans l’obscurité de ses villes occupées par l’ennemi. Elles l’ont également été pour Jacques Raphaël-Leygues au seuil d’une carrière dont il ignorait l’itinéraire. Du moins, lui, avait-il un point d’ancrage : son amour de la marine et le respect qu’il portait à son grand-père, Georges Leygues, le restaurateur de notre flotte auquel il consacre, in fine, des pages fort claires que l’admiration n’enfle pas. Lire la suite

  p. 192-193

Collectif : Suède : la réforme permanente  ; Livres dossier Stock, 1977 ; 399 pages - J.-F. A.

Avec cet ouvrage, les éditions Stock inaugurent une nouvelle formule, celle du livre-dossier. Pour lancer cette série, nul choix ne pouvait être meilleur que celui de la Suède, tant sont fréquents et tenaces les contresens sur ce pays. Lire la suite

  p. 193-194

Guillaume de Bertier de Sauvigny : Histoire de France  ; Éditions de Flammarion, 1977 ; 475 pages - J.-P. G.

Guillaume de Bertier de Sauvigny, enseignant et historien de la Restauration, a décidé de prendre du recul et d’acquérir une vision globale des événements qui forment la trame de l’histoire de France. Lire la suite

  p. 194-194

John Saul : Mort d’un général  ; Éditions du Seuil, 1977 ; 266 pages - André Nolde

Il s’agit d’un roman d’espionnage, sans doute un peu plus réussi que d’autres sur le plan du suspense (personnellement nous sommes mauvais juge en la matière) mais dont, en tout état de cause, la revue Défense Nationale n’aurait jamais songé à rendre compte s’il n’avait pas une curieuse particularité. Toute l’histoire est fabriquée à partir d’un accident aérien survenu en 1968 à la Réunion, et dans lequel aurait péri un certain général français Marcotte, désigné, sans autre précision, comme étant chef d’état-major (ou parfois chef de l’Armée), accompagné, au retour d’une inspection dans l’océan Indien, d’un certain nombre de ses collaborateurs, ainsi que de sa femme et de sa fille. Lire la suite

  p. 194-195

Roger Taillantier : Paris sur Crime  ; Éditions Julliard, 1977; 270 pages - André Nolde

Ce livre, qui se classe trop modestement lui-même dans la « série noire », est en fait beaucoup plus et beaucoup mieux qu’un banal roman policier. C’est un authentique document, à la fois sur la police parisienne et sur la criminalité en France. L’auteur a été chef de la Brigade criminelle et il sait de quoi il parle. Lire la suite

  p. 195-195

Revue Défense Nationale - Décembre 1977 - n° 372

Revue Défense Nationale - Décembre 1977 - n° 372

Il n'y a pas d'éditorial pour ce numéro.

Revue Défense Nationale - Décembre 1977 - n° 372

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